Face au jeu du premier ministre Cheick Modibo Diarra….
Sans surprise donc de la part de Cheick Modibo Diarra, car l’on avait démontré par les faits, qu’il a son agenda personnel et il va tenter de garder ses « pleins pouvoirs » sacralisés depuis sa nomination. Il y est, et il compte bien y rester !
Tout ce que le PM avait entrepris ces derniers jours, dont plusieurs voyages en catimini chez nos voisins de la CEDEAO, visait à « blinder » son bilan des « 100 jours », afin de justifier le maintien de son équipe et de lui même.
Au cours de son interview sur mesure, le Premier ministre a tenu à dire sans ambages, qu’il ne démissionnera pas parce que : il ne sait pas à qui remettre sa démission « sur un plan académique » ; il est malien comme nous tous ; il est très populaire au sein de l’opinion ; il est à la tête du gouvernement le plus compétent que le Mali ait connu depuis tout le temps. Taisez-vous donc !
On peut oser dire tout de même, que trois mois sans rien, c’est un luxe inacceptable en ces temps de crise et répondre au PM que :
1- L’ordre constitutionnel actuel accorde un ensemble de pouvoirs à l’assemblée nationale. La constitution de février 1992 lui attribue la latitude de mettre fin à la mission du gouvernement. C’est dire que le Premier ministre n’est pas un intouchable, sur un « plan académique » comme il l’a dit ; il sait désormais à qui remettre sa démission, s’il dédaigne tant que cela le Président de la république. A moins qu’il ne pense que notre représentation nationale n’existe que pour décorer la République !
2- En quittant cette fonction il restera bien sûr malien. Nous sommes tous les fils de ce vieux pays que nous devons servir à n’importe quelle poste. Alors le Premier ministre ne doit pas s’inquiéter, il restera un malien, qui occupera la place la mieux adaptée à ses capacités. Il faut que la roue tourne !
3- La popularité dans un pays comme le Mali est très relative. Il suffit pour s’en convaincre de visionner auprès de l’ORTM, une des banques d’images concernant une inauguration banale entre le 08 juin 2002 et le 20 mars 2012. M. le Premier ministre comprendra que la popularité d’ATT n’a jamais décliné durant cet intervalle e temps, assez large tout de même. Bien entendu à partir du 21 mars 2012, ce n’était plus pareil. Les maliens sont comme cela. Donc méfiance en ce qu’il considère comme la popularité. Les sirènes sont trompeuses, il ne faut pas que la moutarde monte au nez du lion de Ségou !
4- En ce qui concerne la compétence de son gouvernement, on aurait préféré l’évaluer à l’aune des actes concrets, de vraies réalisations avec de vrais résultats et non pas au CV ou au parcours professionnel des uns ou des autres. On aurait aimé qu’en temps de crise, le démarrage ne se fasse pas au rythme du moteur diésel des années 30. On serait aussi un peu mieux convaincu de la sincérité de ses choix si ce n’était pas seulement des copains et des membres de famille qu’il a promus: amis de grin, oncle, beau-frère, petit-frère, collègues de CA d’entreprise, médecin de famille….euh pardon notaire personnel et autres symboles de la restauration des années de plomb.
Certains d’entre nous ne cesseront jamais de répéter qu’un bon technocrate n’est pas forcément un bon premier ministre ou un bon ministre. A travers le monde, des exemples foisonnent. Le meilleur ministre des finances de Grande Bretagne sous Tony Blair s’appelait Gordon Brown. Plus mauvais Premier ministre que Brown il y en a au Mali en tout cas ! Allez voir à la primature, vous en reconnaîtrez quelques uns très sûrement sur les photos accrochées au mur.
Cheick Modibo Diarra acceptera-t-il d’y figurer très prochainement ?
Ce qui est certain, ces jours-ci, il sera question de mettre à jour cette série de portraits encadrés qui tapissent les murs de nos ministères. Car le Président de la République, vient de mettre un terme aux gesticulations du PM, ponctuées de « cher ami » au journaliste, en promettant de procéder lui-même aux consultations devant aboutir à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.
Le Président Dioncounda Traoré vient de sortir son jeu à son tour.
En révélant son plan stratégique, le PR décide de reprendre le contrôle de la situation. Il a proposé de multiplier les instances et les structures dans une architecture qui n’oublie aucun acteur de la place.
Il y aura à boire et à manger pour tout le monde ! Pas question de faire le difficile au moment où tout le Mali trouve génial l’angle d’attaque du Président.
Cependant il faut le dire, les conflits de compétences ne manqueront pas de provoquer quelques crocs-en-jambes. Comme si cela ne suffira pas, les coûts générés par cette architecture présidentielle vont prendre l’ascenseur pour sortir par le toit. Là, ils rencontreront les vices présidents, dont un des pressentis, le Capitaine putschiste ne manquera pas d’être consigné au Mali durant la Transition, à cause des crimes odieux dont des tortures mortelles dont il se serait rendu responsable depuis le 22 mars 2012. Ces violations des droits humains lui sont reprochées par Amnesty international et Humann right Watch dans leur rapport qui font le tour des chancelleries à travers le monde.
Les connaissant, ces chantres du respect de la personne humaine ne lâcheront prise que devant le CPI, au grand dam du gouvernement malien. Ce qui ne manquera pas compliquer davantage la situation, et compromettre nos relations avec certains partenaires qui n’accepteront jamais de traiter avec l’Etat malien tant que certaines personnalités sous aux commandes.
A moins de s’armer de fermeté et de réalisme, sinon le nœud gordien résiste !
Qui a dit que les choses s’arrangent au Mali ? Il faut toujours prier pour ce pays !
Mamoudou, Paris
Le Republicain
(07 Août 2012)