Dans la nuit du 21 au 22 Mars 2012, le Mali a connu une expérience hors du commun, celle du blackout communicationnel et informationnel. Jusqu’à cette heure fatidique de la première déclaration du CNRDRE, l’absence d’information et de communication gouvernementale aura permis d’alimenter les folles rumeurs sur la situation de crise dans lequel le Mali glissait vraisemblablement. D’aucuns y auront l’importance de la chaîne nationale de service public, nous y avons compris davantage le rôle nécessaire de la communication dans la vie d’une République.
Le bateau Mali aura accosté durant une année à divers ports et bien qu’il soit à quelques nœuds de sa destination finale, son armée et celle des pays amis et frères l’y escortant, son arrimage est un processus complexe en soi qui s’accommode, par la force des choses, d’enjeux aussi complexes que périlleux.
Il est entendu que l’horizon du Mali se dessine dans les contours des perspectives d’une paix durable qui passe par des élections justes et transparentes. Il doit être tout autant entendu que l’avenir du peuple malien s’écrit dans les contours de sa perception et de sa vision du Mali de demain. Pour ce faire, les acteurs directs de la construction du Mali se doivent d’être en phase avec ce même peuple. C’est pourquoi, malgré toutes ces batailles militaires et politiques, le Mali se doit de gagner cette fois ci une autre guerre : celle d’une communication politique réussie, dans toutes ses acceptions.
Fort heureusement, notre dessein n’est point de dresser un bilan ; bien qu’il faille reconnaitre de ses erreurs pour avancer. Cependant, la guerre qui nous a été imposée est un cas d’école de la guerre de l’image et de l’information. Les médias ont construit avec brio le “monstre“ MNLA, les réseaux sociaux ont contribué à reprendre sa rumeur. Les médias construisent aujourd’hui le “monstre du soldat malien bourreau“ et les réseaux sociaux s’en donnent déjà à cœur joie dans le relais. Mais demain, quel monstre créeront ils ? Celui d’un candidat sudiste qui n’aime pas son adversaire du Nord ? Ou plutôt celui d’un peuple malien récalcitrant, réfractaire ou pire allergique à la paix ?
Le monde « mondialisé » a les yeux rivés sur les challenges de la feuille de route de notre gouvernement, le monde « mondialisé » attend, non pas des résultats, pour le moment, mais bien des signaux. Ces signaux ne sont guère l’apanage du gouvernement mais bien le résultat d’une dynamique populaire autour des défis de la nation. Notre interdépendance vis-à-vis de l’avenir de la nation doit être sue, comprise et surtout vécue, avant de pouvoir être cernée des autres. Ce défi unique de la reconstruction du tissu social est certainement le message fort qui nous sera servi durant toute cette période d’ébullition pré-électorale à la fois par nos institutions que par les aspirations légitimes à la magistrature suprême.
En revanche, le Mali doit se préparer à entrer dans une nouvelle ère politique où les politiques devront “écouter beaucoup et parler peu pour bien agir au gouvernement [de] l’état“ comme le stipulait Richelieu. Cette nouvelle ère doit nous permettre, nous peuple, de bénéficier de toute la science qui accompagne aujourd’hui le jeu politique de toutes les grandes démocraties. Les partis politiques au Mali, de même que le gouvernement, n’ont plus le choix de choisir entre l’amateurisme politique et la perdition de l’accoutumance. Le Peuple a grandi politiquement et demandera légitimement à ces candidats de hisser le niveau.
Rama Diallo
Le Républicain Mali 2013-03-28 15:25:59