Les responsables de la Force en attente de la Cédéao sont réunis depuis mardi 12 juin à Abidjan en Côte d’Ivoire, pour une conférence de planification initiale en vue du déploiement militaire au Mali. Mais, cette perspective n’est pas bien vue du côté du gouvernement malien dont le chef a décidé de faire capoter l’initiative en s’alliant avec l’Algérie qui est contre toute intervention militaire dans notre pays alors qu’elle-même n’a rien fait pour combattre les bandits armés.
La Cédéao décidée à ne plus attendre le Mali
L’effectif initial de 3000 hommes pourrait être triplé. La réunion doit permettre d’élaborer, d’ici samedi, des propositions concrètes formulées aux chefs d’état-majors des pays membres, la décision finale revenant à la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao. La future Force ouest-africaine destinée à aider à la résolution de la double crise malienne a déjà un nom, la Micema (Mission de la Cédéao au Mali). Une cinquantaine d’officiers militaires et de police de la Force en attente, ainsi que des pays partenaires planchent depuis le mardi 12 juin 2012 à un plan pour permettre son déploiement.
Brandi par les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao depuis que le nord malien est sous le contrôle de groupes rebelles, le déploiement de cette force ouest-africaine doit être imminent, selon le chef d’état-major de l’armée ivoirienne, le général Soumaïla Bakayoko, qui souligne que la Force a été « préparée en vue de son engagement au Mali « et que « les autorités de la Cédéao sont en attente de la requête des autorités maliennes pour engager la Micéma »
L’état-major permanent de la Force en attente de la Cédéao doit donc proposer les effectifs de la future force de la Micéma. Selon une source proche du dossier, le total de 3 000 hommes évoqué fin mars pourrait être triplé.
Les manœuvres du gouvernement sous la pression de la junte
La Cédéao fournira les hommes, mais elle demande aux partenaires, que sont notamment les Nations Unies, l’Union européenne, les Etats-Unis ou la France, une aide logistique. Pour les opérations dans le nord du Mali, leur contribution en moyens aériens, en moyens d’observation et de renseignement, sera indispensable estime l’organisation.
Mais, le chef du gouvernement sous la pression de la junte, ne veut pas de cette intervention militaire et est en train de mettre tout en œuvre pour faire échec à l’initiative de la communauté internationale. Il s’est alors attelé depuis quelques semaines à précipiter une contre-offensive de l’armée malienne. Et son porte-parole passe désormais tout son temps à répéter qu’il faudra d’abord évaluer les capacités des troupes maliennes avant de définir les besoins d’aides et qu’il revient au Mali de solliciter ou l’intervention étrangère. Et pour convaincre que les choses ont commencé à bouger dans les camps, c’est le porte-parole de la junte en Europe, Bakary Mariko, qui a annoncé le positionnement de plus de 2.000 éléments des forces gouvernementales sur la « ligne de front » à Sévaré.
Comme pour corroborer la thèse du chef de la junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo, selon lequel le Mali n’a pas besoin de combattants, mais de la logistique. Le Premier ministre est allé jusqu’à s’allier avec l’Algérie opposée à toute intervention étrangère au nord du Mali alors qu’elle n’a rien fait dans le cadre de l’alliance des pays du champs ( Algérie, Mauritanie, Niger et le Mali) pour engager une lutte commune contre les bandits armés. La visite d’avant hier de Cheick Modibo Diarra s’inscrit dans la stratégie de court-circuiter la Cédéao et ses alliés. D’ailleurs, il aurait envoyé son beau-père, l’ex-chef de l’Etat le général Moussa Traoré, en Chine et en Russie pour utiliser leur véto contre la résolution dont le vote est prévu vendredi prochain. Mais, il ne fait rien pour rêver car de l’avis de Blaise Compaoré, la communauté internationale intervient au nord qu’on le veuille ou non car la crise dépasse les frontières maliennes.
Abdoulaye Diakité
L’ indicateur Du Renouveau 14/06/2012