« Ça ne peut pas continuer comme ça et nous nous sommes rencontrés pour déterminer la marche à suivre ». Makan Koné, président de la Maison de la presse de Bamako, est accablé. Tout comme les professionnels maliens de l’information. « Peu importe les opinions que chacun défend. Chaque journaliste doit pouvoir travailler, en toute sérénité, sur tous les sujets ».
Le 12 juillet, l’agression de Saouti Labass Haïdara, 62 ans, l’un des journalistes les plus respectés de la profession, a fait déborder le vase. Peu après 21 h, une demi-douzaine d’hommes en armes débarquent au siège de « L’Indépendant », le quotidien dont il est directeur de publication, et l’embarquent de force dans leur pick-up. Emmené loin de la capitale, il est roué de coups, puis abandonné par ses agresseurs. Bilan de l’agression ? Un bras cassé, l’autre contusionné et plusieurs points de suture à la tête.
Bien que les agresseurs aient arboré des tenues civiles, il ne fait aucun doute, pour les journalistes qui ont assisté à l’enlèvement, qu’il s’agissait de militaires. « En ce moment, à Bamako, aucun civil armé jusqu’aux dents ne peut se ballader dans les rues », assure l’un des témoins de la scène. Les journalistes sont à bout, d’autant que ce n’est pas la première fois qu’un des leurs est agressé.
Encagoulé et roué de coups
Le 2 juillet, Abderhamane Kéita, directeur de la rédaction du journal « L’Aurore », est enlevé, encagoulé et roué de coups par des individus armés. A cela, il faut ajouter les interrogatoires auxquels sont soumis les journalistes. Le 16 mai, le même Saouti Haïdara avait été questionné dans les locaux de la Sécurité d’Etat, puis relâché au bout de deux heures, une semaine après son confrère du « Prétoire », Birama Fall. L’éditorialiste du quotidien Le 22-Septembre, Chahana Takiou, a lui aussi passé un moment délicat à la Sécurité militaire.
Ce 13 juillet, les principales organisations des médias se sont réunies à la Maison de la presse de Bamako : l’Association des éditeurs de la presse privée (Assep), l’Union des radios et télévisions libres (Urtel), le Groupement patronal de la presse écrite (Groupe) et l’Organisation des jeunes reporters du Mali (OJRM). Ils sont bien décidés à manifester leur mécontentement.
Une marche de protestation est fixée au 17 juillet. Marche dont le point de départ sera le siège du journal « L’Indépendant », à destination de la Primature. Les hommes – et femmes de médias – ont également décrété que le 17 juillet serait « un jour sans presse », pour « interpeller tous les Maliens sur les dangers qui pèsent sur la profession », martèle Makan Koné
L’Indicateur du Renouveau