IBK a souvent exhorté ses amis politiques et partisans à ne pas raser le mur, car lui-même n’entend pas le faire. Sauf qu’aujourd’hui, certains de ses partisans peinent à voler vigoureusement au secours de sa gouvernance, contestée.
Avant l’exaspération de leur colère, certains leaders des mouvements contestataires du vendredi 5 juin dernier, confient avoir approché les principaux lieutenants de la majorité présidentielle pour disserter sur les « dérives de la gouvernance » et les griefs qu’ils font à la gestion du pouvoir. Ces discussions sont-elles remontées au chef de l’Etat ? Rien n’est moins sûr. Et pour cause. Certains de ces hauts cadres politiques du RPM, de l’ADEMA, etc, évoqueront l’inaccessibilité du locataire du palais de Koulouba.
A cela s’ajoute la méfiance ou plutôt la crise de confiance qui existe désormais entre le président fondateur du RPM et ses amis et alliés politiques. C’est au point que, murmurent certaines sources, Dr Bokary Tréta, Me Baber Gano et les autres ne se pressent plus pour aller au charbon pour le chef de l’Etat.
Les frustrations nées des dernières élections législatives sont passées par là. Si Dr Bokary Tréta demeure le seul chef d’un parti présidentiel à se contenter d’un modeste poste de président de conseil d’administration d’une banque, l’on peut comprendre qu’il hésite à aller prendre des coups de protestation contre une gouvernance, dont il a été très vite éjecté. Idem pour les Mamadou Diarrassouba, Me Baber Gano, qui n’ont pu occuper des placées désirées à l’Assemblée Nationale que parce que le « chef » ne les a pas soutenus. Quid de Me Zoumana N’Tji Doumbia, ancien président de la Commission Lois de la 5ème législature, qui a échoué à se faire réélire à Bougouni….
C’est ainsi que pour cette houleuse manifestation, qui voulait obtenir « la démission d’IBK », le chef de l’Etat est apparu comme trahi ou lâché par ses proches. Ceux-ci ont presque cautionné la manifestation ou assisté en spectateur résigné. Certains ont même pu encourager, en sourdine, les manifestants, en étant prêt à changer de veste le cas où….
C’est pourquoi, parmi les manifestants du vendredi dernier, l’on notait des militants et proches de plusieurs partis de la majorité présidentielle, dont le parti présidentiel, le RPM. Plusieurs hauts cadres de ces formations politiques de la mouvance au pouvoir ont même adressé des « messages d’encouragements et de félicitations » aux organisateurs pour la « mobilisation exceptionnelle » réalisée. Certaines confidences font état de plans de trahisons concoctés par certains cercles politiques insoupçonnés. Ceux-ci récriminent surtout la dernière élection de Moussa Timbiné à la présidence de l’Assemblée Nationale, le rôle important joué par Karim Kéita au plan politique, les prises de positions de la Cour constitutionnelle et de son président, Mme Manassa Danioko, etc.
C’est cette tendance à l’hypocrisie qui a poussé le RPM à faire un communiqué pour sauver un tant soit peu sa face. Le parti du tisserand s’est contenté d’appeler ses militants et sympathisants à « ne pas céder à la provocation et à la surenchère et à aider le gouvernement à gérer la situation dans le calme et la sérénité ». Un climat de calme et de sérénité qui aurait dû être anticipé.
Et le parti présidentiel de déclarer partager avec chaque Malien, chaque démocrate et chaque patriote « le souci légitime pour plus de sécurité, pour une gouvernance plus vertueuse, moins permissive, pour un dialogue social respectueux et franc, pour un Mali juste et solidaire ». Et quand le parti au pouvoir parle d’une « gouvernance plus vertueuse », cela traduit un malaise difficilement dissimulé et apporte une caution morale aux contesta ires.
Cela n’étonne pas alors qu’en guise de réaction de soutien au président de la République, l’on aura vu que des acteurs politiques de seconde zone, de véritables troisièmes couteaux comme Hamane Touré dit Serpent, éternel transfuge politique de l’Eternel.
Que dire des sorties de certains leaders membres de la majorité présidentielle réclamant la mise en place d’un gouvernement de large union nationale, qui la dissolution de l’Assemblée Nationale ? Ce sont là des messages tacites de désaveu émanant des amis, qui peinent à assumer l’héritage. Ce qui est grave. Même si une manifestation de soutien au pouvoir est annoncée dans les prochains jours.
Bruno D SEGBEDJI