En cette période de crise financière et économique généralisée dans le monde, la promptitude du Gouvernement malien à s’engager à prendre en charge toutes les revendications de l’UNTM, même celles qui auront des incidences financières exceptionnelles, ne peut pas et ne doit pas passer inaperçue. Tout porte à croire que le Gouvernement du Mali préoccupé à faire adopter le Code des personnes et de la famille par l’Assemblée nationale et à faire passer la nouvelle loi constitutionnelle dans un vote référendaire à l’image du « Takokelen » de 2007 qui a donné un deuxième mandat à ATT, ne voulait pas en cette période très sensible, se permettre le luxe inutile d’ouvrir un front de plus et des plus périlleux en laissant l’UNTM mettre à exécution son mot d’ordre de grève.
Surtout que cette grève allait rapidement prendre l’allure d’un défi à l’autorité de l’Etat et fragiliser la quiétude apparente que le pays vit en cette période d’avant veille d’élections générales. Lesquelles s’annoncent comme très problématiques. Est-ce pour cette raison que les responsables de l’UNTM ont compris qu’il faut « battre le fer quand il est chaud », convaincus que le moment est propice pour faire passer ses revendications face à un Gouvernement qui a souvent rechigné à céder aux nombreuses sollicitations syndicales, arguant la parcimonie de ses moyens. L’UNTM a fait monter la pression avec son préavis de grève, à six mois d’élections qui vont fondamentalement changer la classe dirigeante malienne. Ce même gouvernement peine pourtant à doter le pays d’un fichier électoral digne de nom, à mettre en place une CENI consensuelle et à mobiliser les dizaines de milliards de francs CFA nécessaires à la tenue des élections générales de l’année prochaine.
Pour toutes ces raisons, non pas que l’UNTM ne mérite pas de voir ses revendications connaitre le succès qui est le sien au sortir des négociations, mais la logique aurait voulu que le gouvernement trouve les arguments nécessaires pour convaincre ses partenaires de la modicité de ses moyens, à un tournant de l’histoire de la Nation. Il n’a pas voulu prendre des risques calculant qu’il a plus à gagner en de lendemains apaisés qu’à durcir un ton qui en aurait ajouté à un climat de jour en jour sensible, au fur et à mesure qu’approchent les échéances électorales. Et le prix à payer était d’accepter toutes les doléances de la centrale syndicale. Accepter oui, mais pourquoi renvoyer la mise en exécution des accords, un calcul froid et savant, à plus tard, quand sera passée la tempête ? En 2013. Si le gouvernement vient de se ménager un sursis pour se concentrer sur certains dossiers urgents dont le traitement ne peut attendre, l’UNTM, sur papier, a des acquis tangibles qu’elle pourra désormais opposer à tout futur gouvernement Malien, l’Etat étant une continuité.
Assane Koné
Le Républicain 04/10/2011