Dans notre édition n°622 du jeudi 3 mars, nous vous informions de l’inculpation pour faux et usage de faux du sulfureux PDG de la BMS au niveau du Pôle économique et financier par le juge d’instruction Kassogue, dans l’affaire l’opposant à une cliente de la BMS-sa, en l’occurrence Mme Simpara Saran Traoré. Dans la parution suivante, nous faisions cas de l’étude de son dossier pour sa comparution aux prochaines assises de Bamako. D’autres clients ont des dossiers contre lui dans différentes juridictions de Bamako.
C’est dans cette atmosphère délétère qu’a eu lieu la 46ème session du Conseil d’administration de la BMS-sa, le lundi 7 mars, à l’hôtel Radisson Blu. L’ordre du jour initial portait sur l’examen du point d’exécution du budget 2015, l’examen du rapport des commissaires aux comptes, l’arrêté des états financiers et la proposition d’affectation du résultat 2015. Seulement voilà : quelques jours avant cette rencontre, Babaly avait démarché certains administrateurs pour que dans les divers, ils évoquent la fusion-absorption de la BHM par la BMS-sa, en leur indiquant de continuer sur le mode de gouvernance actuelle : PDG et non PCA-DG. Ce n’est pas tout. Il voulait que les mêmes administrateurs lui renouvellent leur confiance pour diriger la nouvelle entité.
Le représentant de l’Etat, notamment M. Haidara, Conseiller technique au ministère des Finances, a déclaré que cela n’est pas à l’ordre du jour de la présente réunion parce que les administrateurs de la nouvelle BMS-sa seront différents de ceux d’aujourd’hui. Il n’a pas manqué d’ajouter que le schéma de l’Etat est bien celui adopté par la BCEAO et la Commission bancaire, à savoir PCA-DG. Malgré tout, il y a eu des administrateurs venant des structures de l’Etat qui ont tenté de défendre le contraire, de ramer à contre-courant. D’autres provenant des microcrédits ont aussi soutenu la position de Babaly Bah. Mais, il n’a pas eu la majorité malgré l’abstention du DAF de l’AMRTP qui a dit n’avoir reçu aucune consigne de son département. Allez savoir ceux qui ont touché l’argent de Babaly Bah pour aller à l’encontre de la position de l’Etat qu’ils sont censés défendre. En tout cas, Babaly Bah veut défier l’Etat. Il entend même le discréditer auprès de la Commission bancaire et de la BECEAO, lesquelles ont reçu des documents sur la fusion – absorption des deux entités avec un mode de gouvernance et même les noms, CV à l’appui, du nouveau PCA et du nouveau DG.
Babaly étant discrédité au sein de l’opinion publique, auprès de ses pairs, en raison des connivences, qui jurent avec la bonne pratique bancaire, entend se maintenir vaille que vaille, au préjudice de la banque. Il est vraiment sur le fil du rasoir et veut se servir encore de la banque pour régler des comptes.
Pour ses démêlés judiciaires, dus à son imprudence, la BMS-sa déploie d’énormes efforts financiers. Ce sont plusieurs dizaines de millions de nos francs qui sont débloqués régulièrement pour les avocats – amis – et pour des tentatives de corruption de magistrats. Le juge d’instruction Kassogué a été bon et n’a pas cédé face aux pressions de sa hiérarchie et devant l’argent-roi. Avec courage, abnégation et professionnalisme, il a inculpé Babaly Bah pour faux et usage de faux. Sous d’autres cieux, on aurait invité Babaly Bah à démissionner.
Il semble que, Babaly Bah tente sérieusement de saboter le processus de fusion de la BMS-sa avec la BHM : le maintien du poste de PDG pour l’entité fusionnée et avec Babaly Bah comme PDG pour une durée de 2 à 6 ans. Quelle catastrophe pour la République ! Le banquier le plus décrié de la place pourrait-il encore prétendre à un tel poste, surtout qu’il doit faire valoir ses droits à la retraite en décembre prochain ? Que non !
Rappelons que les organes de décision de cette entité nouvelle fusionnée ne sont même pas en place. De plus, les seuls administrateurs de la BMS-sa ne sont pas compétents pour trancher la question. Mais Babaly a essayé de piéger l’Etat pour que les administrateurs de la BMS-sa lui accordent un nouveau bail. Cette prétention, disons cette pratique à la soviétique, a heurté beaucoup de cadres et d’administrateurs. Alors que le mode de gouvernance PCA et DG a été accepté par l’Etat du Mali, la BCEAO et la Commission Bancaire et un agrément a été obtenu à cet effet sur une demande déposée par l’Etat.
Mais Babaly Bah pense qu’il peut remettre en cause cette option et continuer le travail de sape. Il dit à qui veut l’entendre que le ministre Boubou Cissé des Finances est son neveu et que celui-ci lui aurait suggéré de tout faire pour avoir la majorité du Conseil d’Administration prochain de l’entité fusionnée et qu’il s’en tiendrait à la décision de cette instance. Quelle hâblerie !
Il revient au ministre des Finances d’instruire aux administrateurs, en majorité venant des structures de l’Etat (l’ANPE, l’APEJ, l’INPS, le PMU, la CANAM, l’AMRTP…) la conduite à suivre, la politique à mener. L’Etat étant une continuité a déjà préparé des documents, approuvés par les instances idoines. Ce n’est pas parce que le cerveau de cette fusion, l’ancien ministre des Finances, Mamadou Igor Diarra-il faut lui rendre un hommage appuyé – n’est plus là qu’on doit remettre en cause les belles initiatives. Dans quel Etat sommes-nous ? Si la corruption marche jusqu’à ce niveau, c’est vraiment inquiétant pour la République.
Dans cette offensive de charme consistant à l’achat des consciences des administrateurs, une grosse enveloppe de 5 millions pour chaque administrateur est annoncée pour l’Assemblée générale prévue le 15 mars prochain afin qu’ils renvoient l’ascenseur à Babaly Bah après la fusion. C’est inédit dans l’histoire de la BMS-sa. Les administrateurs viennent de toucher 2,5 millions de nos francs à la faveur du Conseil d’administration. Une semaine après, ils empocheront le double de cette somme. Quelle fourberie ?
Rappelons, dans un passé récent, que Babaly s’est battu, corps et âme, pour que Abdoulaye Daffe de la BDM-sa soit débarqué si ce dernier n’accepte pas la formule PCA-DG, car, disait-il, la formule PDG de nos jours est anachronique et Daffe a dépassé l’âge limite de la retraite fixé à 60 ans. Aujourd’hui, il s’agit pour lui d’appliquer le même mode de gouvernance prôné et défendu, bec et ongle, par lui-même, naguère. Pour les besoins de la cause, il change de langage, aujourd’hui.
Nous y reviendrons dans nos prochaines parutions avec plus de détail.
Chahana Takiou