Le gouvernement de la Transition fait de la tenue d’une conférence sociale, l’une de ses priorités pour apaiser le front social.
Sauf que ce forum va de report en report.
C’est depuis la gouvernance IBK que la problématique de la conférence sociale pour « définir une politique salariale harmonisée » s’est posée au Mali.
Cette préoccupation, dont la pertinence avait été affirmée pour la première fois par le ministre Oumar Hammadoun Dicko du Travail et du Dialogue social, s’est amplifiée durant la transition.
Avec le gouvernement du Premier ministre Moctar Ouane, le ministre Harouna Toureh a été quasiment submergé par les revendications syndicales qui ont remis d’actualité ce forum social.
Mais, la grogne des syndicats n’a point favorisé la mise en œuvre de l’initiative.
Une mauvaise foi de certains syndicalistes et mêmes des organisations patronales serait à l’origine des manœuvres pour que la tenue de ces assises n’ait pas lieu.
Or, la réussite de ce forum dépend de la confiance entre les différentes parties.
D’où la démarche du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga de rencontrer tous les syndicats en amont.
Le chef du gouvernement a ainsi reçu récemment plusieurs groupements syndicaux pour actualiser les préparatifs de ce forum censé poser les jalons d’un nouveau climat dans le monde du travail malien.
Ainsi, bien que souhaitée depuis longtemps, cette conférence peine à se tenir pour plusieurs raisons.
Le nouveau chef du gouvernement retient fondamentalement le manque de consultations en amont pour s’accorder sur la nécessité d’aller à ce forum, afin de résoudre les disparités décriées dans le traitement des agents de l’État.
La résolution de cette situation implique notamment l’harmonisation des primes et indemnités.
Sur le sujet, le Premier ministre a confié que «si le gouvernement décidait de payer les primes à tout le monde, on se retrouverait à 1.400 milliards Fcfa, soit la moitié du budget».
Or, il semble qu’une assise de cette nature a besoin d’une préparation minutieuse et surtout une convergence de vue des partenaires sociaux. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.
C’est dans le sens que le Premier ministre a expliqué le bien-fondé de cette décision aux syndicats d’enseignants.
Mais, ceux-ci ont un tout autre angle de lecture. «L’harmonisation remet en cause nos acquis, puisqu’elle abrogerait de facto l’article 39», a estimé leur porte-parole, Ousmane Almoudou.
Par conséquent, a-t-il averti, «les enseignants vont se battre pour préserver leurs acquis».
Et d’ajouter : « Dès aujourd’hui, les syndicats vont s’organiser et s’il faut aller à des mouvements de grève, on le fera ».
Toute chose qui constitue une voix assez discordante pour aller vers le tenue de ce forum censé rassembleur pour trouver un compromis.
En outre, face au syndicat des greffiers, secrétaires de greffe et parquet, le Premier ministre Maïga a également eu droit à des explications franches, mais contestées… Le chef du gouvernement, qui n’entend pas tomber dans les mêmes erreurs que ses prédécesseurs, s’est étendu sur les raisons qui font que l’État n’arrive toujours pas à respecter ses engagements vis-à-vis des syndicats.
Très souvent, a-t-il dit, les concessions sont faites sous la pression en « sachant, très souvent, qu’elles ne sont pas réalisables ou peuvent avoir des conséquences à court ou long terme ».
Cette approche, qui consiste à ne céder que sous la pression politique, fait aussi que l’aspect global des problèmes est parfois occulté, donnant ainsi le sentiment à certains d’être injustement traités.
« Je ne dis pas que vous avez totalement raison ou que vous avez tort, mais le gouvernement doit faire le bon père de famille. On ne peut pas faire l’égalité, mais on doit être équitable », a-t-il rassuré.
À tous ses interlocuteurs, le PM Choguel a donné l’assurance quant à sa disponibilité et celle du département en charge de la Fonction publique à harmoniser la situation des travailleurs. « Nous allons faire l’effort de rétablir la confiance et préparer ensemble le dialogue social », a-t-il assuré. Sans nécessairement convaincre les agents de l’Etat.
Ce qui pousse certains observateurs à croire qu’avec l’agenda très chargé et le délai trop court de la transition, la conférence sociale risque d’être renvoyée aux calendes grecques. Kassoum TOGO