CONFÉRENCE DE PRESSE DU FPMP ET DE L’IPAC : Dernier soubresaut de partis politiques ou résurrection du mouvement démocratique sous la menace des baïonnettes 

Le président de la Transition, Général d’Armée Assimi Goïta, est-il tenté d’emprunter la brèche ouverte par son homologue du Niger, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani qui a signé une ordonnance relative à la dissolution des partis politiques, mercredi 26 mars 2025 ? La classe politique malienne en est aujourd’hui convaincue après la convocation dans son dos des consultations des forces vives de la nation sur la relecture de la loi N°05-047 portant Charte des partis politiques à partir de ce mercredi. Hier, mardi 15 avril 2025, les responsables du Forum des partis et mouvements (FPMP) et ceux de l’initiative des partis politiques sur la Charte (IPAC) étaient face à la presse dans un instinct de survie pour sauvegarder ce qui reste de la démocratie malienne.

 

«Quand la classe politique se mobilise, le pays va avancer» ! Telle est la conviction exprimée hier mardi (15 avril 2025) par Oumar Ibrahim Touré (Alliance pour la République/APR) à la Maison de presse de Bamako. Avec Me Mountaga Tall et Mme Ascofaré Ouleymatou Tamboura, il était l’un des principaux animateurs de la conférence de presse organisée par les responsables du Forum des partis et mouvements (FPMP) et ceux de l’initiative des partis politiques sur la Charte (IPAC). Pour les organisateurs, il s’agissait de donner «l’ossature de la vision des partis politiques du Mali par rapport à la relecture» de la loi N°05-047 portant Charte des partis politiques.

Deux points étaient ainsi à l’ordre du jour, notamment la lecture d’une déclaration de soutien aux Forces de défense et de sécurité (FDS) du Mali, dans leur mission patriotique de sauvegarde de l’intégrité territoriale du pays, et la position de la centaine de formations politiques sur l’organisation des consultations des forces vives de la Nation par rapport à cette relecture. Ce point de presse fait suite à la rencontre stratégique du 13 avril 2025 au CICB et qui a décidé de mobiliser l’opinion publique pour préserver le pluralisme politique, fondement de toute démocratie digne de ce nom.

Les partis ont d’ailleurs déploré n’avoir appris que par voix de presse le démarrage desdites consultations ce mercredi 16 avril 2025. Ce qui donne foi aux informations relayées dans les coulisses, particulièrement par les partisans du régime en place, qui annoncent que ces consultations ont pour objectif de demander la dissolution des partis politiques. Selon certains acteurs du mouvement démocratique, «ces consultations visent à donner à la dissolution des partis une apparence de légitimité, alors que ce serait une violation flagrante de la constitution». Il faut rappeler que, dans le cadre de cette relecture de la Charte de leur charte, les responsables du Forum des partis et mouvements (FPMP) et ceux de l’initiative des partis politiques sur la Charte (IPAC) ont soumis au gouvernement de la Transition leurs recommandations après de larges concertations. Et pour le moment, ils disent n’avoir reçu aucune réaction des autorités par rapport à leurs recommandations.

Pour des observateurs, les partis politiques ont d’autant raison de se réveiller après la sortie va-t-en-guerre du président du Conseil national de transition (CNT) contre les démocrates (discours d’ouverture de la session d’avril 2025) et qui en réalité ne peut que présager le scénario nigérien : prolongation de la transition sur fonds de l’interdiction des partis politiques ! Le constat des observateurs est que les partis sont «très largement sous-représentés» au sein des forces vives consultées. Celles-ci font la part belle à des groupes comme les légitimités traditionnelles acquises à une transition sans fin et farouchement opposées à l’organisation d’élections à court terme. «Après les Assises nationales de la refondation (ANR), du Dialogue inter-Maliens (DIM) et au moment où une commission travaille activement sur une Charte pour la paix et la réconciliation nationale, quelle est l’utilité de ces consultations ? Quels sont ses vrais objectifs ou ses enjeux réels ?», s’est interrogé un leader politique. 

Pour lui, la menace (dissolution) est d’autant plus réelle que les autorités de la transition ont déjà eu à suspendre les activités des partis politiques et les activités politiques des associations (entre le 10 avril et le 10 juillet 2024) «juste pour avoir la totale mainmise sur le dialogue inter-Maliens». Organisés par des groupements qui revendiquent plus de 100 partis politiques, cette conférence de presse a suscité une forte mobilisation qui en dit long sur l’importance que les uns et accordent à l’activité, mais aussi, sans doute, à la survie des partis qui constituent (malgré les faiblesses et les manquements à leur mission dénoncés ici et là) le socle de la démocratie. 

Cette forte mobilisation se comprend au moment où les partis politiques sont menacés. Elle se veut «un acte citoyen fort pour défendre la démocratie, les libertés et les droits politiques au Mali».

Hamady Tamba