Invité, hier, par la Fondation algérienne des études stratégiques (ex-Centre de recherche sécuritaire et stratégique) pour animer une conférence sur la crise malienne, au siège du quotidien national DK News, l’ex-MAE, également ex-ministre de la Défense et ancien directeur des renseignements, a insisté sur “l’importance d’une vision politique devant précéder l’action militaire”. Celle-ci, a-t-il dit, est “indispensable” pour venir à bout des “groupes mafieux et terroristes”, mais “elle doit se construire sur une vision politique”. Pour M. Maïga, les Maliens doivent jouer “le rôle principal”, pour fédérer les apports constatés çà et là et aussi pour s’approprier “le leadership” dans la lutte contre le terrorisme.
Dans ce cadre, il a fait part de ses craintes, en abordant le risque d’“instrumentalisation du chaos par différents acteurs, pour transformer le Mali en une terre de combat, une terre du djihad”. “La dimension militaire est importante, mais elle n’est pas la seule”, a-t-il indiqué à nouveau. L’intervenant est revenu sur la situation du Mali, avant le coup d’État du 22 mars dernier, ainsi que sur les problèmes posés à l’époque, rappelant que cette “situation s’est aggravée avec la crise libyenne”. Plus loin, Soumeylou Maïga a invité l’Algérie à informer publiquement sur les actions qu’elle entreprend, dans le domaine de la lutte antiterroriste.
Même s’il dit savoir que “l’Algérie est prête à assumer ses responsabilités”, sur ce registre, il pense qu’elle “doit communiquer plus”. D’après lui, notre pays “doit reprendre sa place au niveau de la région” et jouer son rôle de leader. L’ancien ministre malien, par ailleurs, a invité “ceux qui ont l’expérience dans la lutte contre le terrorisme”, dont l’Algérie, d’“aider le Mali” et de “pouvoir le dire” maintenant. Cet appel est destiné non seulement à l’Algérie, mais également aux autres pays membres du Cémoc, surtout que “l’espace dans lequel se passe la menace terroriste correspond aujourd’hui à l’espace opérationnel de l’état-major du Cémoc”.
“C’est le moment pour le Cémoc de dire ce qu’il va faire, dans le cadre d’une action internationale”, a-t-il déclaré, signalant que la situation dans laquelle se débat actuellement le Mali offre “l’opportunité” aux pays du champ de s’exprimer franchement sur le terrain. Pour ce qui est de la Cédéao, il a soutenu que son aide sera utile et qu’elle va mener “des actions de soutien (sanitaire, aux populations…)”.
“La priorité est à la restauration de la souveraineté du Mali”, a révélé l’intervenant, en certifiant que “ceux qui ne contestent pas cette souveraineté doivent rejoindre les rangs de l’intervention militaire”. Plus explicite à propos de l’intervention étrangère, l’ex-ministre malien de la Défense a informé que celle-ci “doit s’appuyer sur les forces maliennes, même si celles-ci sont partielles”, conformément à “la doctrine africaine qui dit que le Mali doit être nécessairement la force centrale”.
Notons que, dans son exposé, M. Maïga n’a pas nié l’existence de “divers acteurs” concernés ou intéressés par la crise malienne, ni celle des “logiques de confrontation”, encore moins l’existence d’“enjeux économiques extrêmement importants” dans la région. “Le nord du Mali est au cœur du Sahel. Il se trouve sur l’axe composé de pays riches. De plus, le bassin gazier et pétrolier n’est pas loin du Mali”, a-t-il confié.
Par : Hafida Ameyar
Liberté Algérie 06/11/2012