CONFERENCE DE PRESSE DE GAO LAMA BOREY : Commémoration des Tueries du Mardi 12 Juillet 2017 à Gao

NOTE DE PRESSE

THEME : ACCORD D’ALGER ET REVISION CONSTITUTIONNELLE

Bamako, le 11 Juillet 2017.

Hôtel Onomo, Quartier du Fleuve

Mesdames et Messieurs les Journalistes de la presse malienne et internationale,

Chers Invités,

Il est des occasions assez tristes dont il aurait fallu ne pas se souvenir, mais dont la charge symbolique et la noblesse du message qui les sous-tendent, engagent à le faire, une fois, puis une autre fois, puis toujours.

Les tueries de trois jeunes citoyens de Gao, que dis-je leur assassinat, demeurent injustifiées et inexpliquées, ainsi que les blessures graves avec parfois de séquelles indélébiles causées aux quarante-un (41) autres, qui au regard de la hargne des assauts des forces de l’ordre, devraient, en fait, être comptés en morts également.

Mais pourquoi, il a fallu vivre cette tragédie sur nos des Jeunes de Gao face à nos propres forces de l’ordre en cette fatidique journée du mardi 12 juillet 2017 ?

Simplement, c’est parce que ces Jeunes gens sont les avant-gardistes de la lutte citoyenne qui se mène tambours battants aujourd’hui contre, entre autres, la révision constitutionnelle, tant à Bamako qu’à l’intérieur du pays, mais aussi au sein de la Diaspora.

C’est parce que ces Jeunes résistants à l’invasion rebelle et terroriste, ont vu assez tôt, profiler à l’horizon et dénoncer, il y a déjà plus d’un an, le piège implacable de l’Accord d’Alger qui se renfermait inexorablement sur le Mali et les Maliens.

Ils doivent à ce titre être salués comme des Pionniers et des Martyrs de la République.

Eux et leurs concitoyens avaient simplement usé de leur droit constitutionnel d’opinion et de manifestation, en se dressant contre l’installation illégale et illégitime d’autorités dites intérimaires, et subséquemment le cantonnement, la réintégration et le réarmement des seuls anciens bourreaux, « enfants gâtés de la République », qui n’hésiteront pas, si l’occasion leur ait donnée, de retourner encore une fois de plus leurs armes contre notre Patrie.

Mesdames et Messieurs les Journalistes de la presse malienne et internationale,

La Paix maintes fois promise est autant de fois reléguée aux calendes grecques, sur fond d’Accord d’Alger toujours mis en œuvre au détriment du Mali et des citoyens républicains, mais toujours en faveur de ceux qui nous renient.

Que n’a-t-on pas promis avec la mise en place des autorités intérimaires, que dis-je les « autorités criminelles » (puisque constituées de criminels ou leurs affidés). L’Etat les a imposées sans concertation ni débat, et sans considération des inquiétudes suscitées ça et là, sur la base d’une simple feuille de papier appelée « entente» signé le 19 juin 2016, alors la loi modificative du Code des Collectivités du 10 mai 2016 et son décret d’application du 18 mai 2016, ont été royalement ignorés dans le seul dessein de mettre une petite minorité au-dessus de l’écrasante majorité désespérément accrochée aux principes républicains.

Mais, même mises en place au mépris de la légalité républicaine, les autorités intérimaires n’ont pas apporté la paix tant promise.

Nous avions été également bien bernés de croire que la mise en place déséquilibrée du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC – avec 600 éléments repartis entre les FAMAs, la CMA et la CMA et majoritairement issus des minorités armées), et c’est comme si la Paix s’éloigne de plus en plus avec la multiplication des attaques, des agressions, des enlèvements, des assassinats, tant dans les grandes agglomérations que dans le reste des zones laissées sous la coupe réglée des groupes armées et narco-terroristes.

Le dévolu fut jeté sur la Conférence d’Entente Nationale pour mieux faire espérer la population, mais la paix demeure chimérique, et avec à la clé la remise en cause de l’avis de majorité des participants sur la question de « l’Aza…machin ».

Tout cela s’opère alors que lesdits groupes rebelles, bien qu’ayant signé l’Accord d’Alger, n’ont ni désarmé, ni accepté de se cantonner, ni concédé quoi que ce soit : Kidal demeure un sens interdit pour l’Etat.

La cerise sur le gâteau sur la remise en cause permanente des principes républicains et démocratiques au nom de la paix, c’est le forcing avec lequel les hautes autorités veulent imposer une révision non concertée et non-consensuelle de notre Loi Fondamentale, notre Constitution du 25 Février 1992, sous le prétexte de l’Accord d’Alger, que lui seul, l’Etat s’évertue à vouloir appliquer, pendant que les citoyens croulent sous le poids de leurs préoccupations quotidiennes et vitales, sur fond d’impuissance totale de l’Etat à revenir sur le terrain et à assurer la protection des populations et de leurs biens.

Nous ne comprenons pas comment on s’aventure à tenir un référendum, sans aucunement s’assurer que les citoyens puissent prendre connaissance des changements à opérer, mais aussi et surtout qu’ils puissent librement exprimer leur vote, le cas échéant. On a chanté que l’Etat serait à Kidal le 20 juin dernier (ou prochain, je ne sais plus), mais on a fini par déchanter.

Mesdames et Messieurs les Journalistes de la presse malienne et internationale,

Chers Invités,

Cette façon de faire a causé trop de torts à notre Pays, et à nos Populations laissées pour compte et dont les préoccupations si situent ailleurs que dans une révision constitutionnelle, des autorités intérimaires, des MOC, et que sais-je encore.

Les Citoyens de Gao eux, comme d’autres, avaient vu venir et avaient prévenu en tombant sous les balles scélérates de la République qu’ils ont, naguère et aujourd’hui encore, défendue à mains nues, quand beaucoup fuyaient à bride abattue.

Finalement, tous ceux qui ont cautionné la signature, mais surtout la mise en œuvre bancale et illogique de l’Accord issu du processus d’Alger, se retrouvent face à au dilemme de la révision constitutionnelle à laquelle ils ne s’attendaient certainement pas.

Et, nous ne sommes pas au bout de nos surprises, puisque le préalable d’une compréhension commune n’ayant été fait, son contenu et les conséquences les plus inattendues qui en découleront, seront découvertes au fur et à mesure, morceau par morceau.

Opérer une révision constitutionnelle dans ce contexte, au mépris de l’article 118 de la Constitution, créera à coup sûr les conditions d’une partition rampante du territoire national, une division des communautés composant l’ensemble national, etc.

Nous préfigurons d’ailleurs que la composition du tiers (1/3) des membres du controversé Sénat annoncé dans le projet de révision se fera essentiellement sur une base déséquilibrée, au détriment des populations sédentaires des Régions du Nord du Mali, à l’image de la composition de la panoplie d’organes de mise en œuvre de l’Accord (CSA, CS-RSS, CN-DDR, Comité de rédaction de la Charte de la paix et la Cartographie des terroirs, etc.).

Car, tout ce que l’Accord prétend faire comme faveur pour les Populations des Régions dites du Nord du Mali, ne concerne, à ne point s’y tromper, qu’une minorité. D’ailleurs, les braves Populations majoritaires n’ont rien demandé, n’ont rien quémandé, n’ont exigé aucun privilège que celui de vivre en paix, en sécurité, et dans un environnement républicain et décent : c’est leur droit et un devoir pour l’Etat, qui loin de s’en occuper, leur réserve tous les jours des surprises désagréables.

Et au demeurant, le sang coule chaque jour au Mali, la pauvreté s’intensifie et les conditions de vie des citoyens se détériorent et presque le minimum de tous les services sociaux de base leur manque.

…. La paix, elle, s’éloigne tous les jours…. Et tout cela éloigne encore plus les Citoyens de l’idée d’appartenance de la République, et les pousse vers autre chose, comme c’est cela qui est recherché et attendu !

Que Dieu Sauve le Mali !

Nous vous remercions de votre attention !

La Conférence

Cordialement