À la faveur de l’audience du vendredi 28 novembre 2014 de la Cour d’Assises de Bamako, le verdict du procès de l’ex-secrétaire général du Syndicat de la police nationale (SPN), Siméon Keita et 7 autres camarades, est tombé. Siméon Keita et ses camarades étaient de meurtre, viol qualifié, d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, coups et blessures volontaires, violences et voies de fait, associations de malfaiteurs, de forfaiture, de troubles graves à l’ordre public, de détention illégale d’armes de guerre et complicité.
Premier à la barre, Mahamadou Youba Diarra, accusé du meurtre du caporal Daouda Adiawiyakoye lors de l’opération de récupération des armes des membres du Syndicat national de la police au Groupement mobile de sécurité (GMS). Il s’agissait pour lui de convaincre les juges de son innocence. Selon sa version des faits, dans la nuit du vendredi 05 au samedi 06 avril 2013, aux environs de 5 heures du matin, sa femme l’a réveillé pour lui dire qu’il y avait des gens devant sa porte qui demandaient de leur ouvrir la porte. N’ayant pas décliné leur identité, «j’ai naturellement refusé d’ouvrir, mais face à l’insistance de ces gens, j’ai fait deux tirs de sommation en l’air par son pistolet. Dans le but uniquement de dissuader ces individus qui ont refusé de décliner leur identité», expliquera-t-il. M. Diarra a alors déclaré qu’il n’a ni blessé ni tué quelqu’un.
Ensuite, la parole a été donnée à Ousmane Baba Traoré de la CCR (Compagnie de circulation routière) de police de Bamako. Il était au moment des faits l’indicateur de la mission mixte. Devant les juges, Ousmane Baba Traoré a affirmé que lui et Adiawiyakoye ont été victimes d’une rafale venue de l’intérieur de la maison de Mamadou Youba, qui a traversé le portail jusqu’à feu Daouda Adiawiyakoye. Or, Mahamadou Youba Diarra, devant la Cour d’Assises, a nié ces faits. Arguant qu’il ne détenait pas une arme (PM) au moment des faits et n’avait fait que des tirs de sommation en l’air. Pour que triomphe la vérité, la Cour d’Assises a écouté respectivement l’épouse de Mamadou Youba Diarra, sa belle-sœur ainsi que sa propre sœur.
Quant à Siméon Keita, il est accusé d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, de troubles graves à l’ordre public, de détention illégale d’armes de guerre, d’association de malfaiteurs, violences et voies de faits, vol qualifié et complicité de meurtres. L’ex-secrétaire général du Syndicat de la police nationale, Siméon Keita, a tout simplement nié toutes ces accusations. Selon lui, tout est parti de leur soutien à l’ex-junte militaire de Kati avec Amadou Haya Sanogo et leurs nominations à titre exceptionnel par le président de la Transition Dioncounda Traoré. Il a expliqué que certains ont profité de son statut de secrétaire général du SPN pour poser des actes isolés qui tendaient à ternir leur image.
Siméon Keïta était aussi accusé d’avoir orchestré frauduleusement l’enlèvement des véhicules de quelques particuliers dans le district de Bamako, notamment au ministère de la Santé, mais aussi d’avoir dépossédé de 15 millions de francs CFA Jeamille Bittar dans un hôtel de la place. Sans compter l’attaque du domicile de Me Kassoum Tapo. Il a nié tous ces faits. Par la suite, le juge a également écouté plusieurs victimes. Les policiers Sékou Maïga, Drissa Samaké, Fodé Samba Diallo, Yaya Niambélé, Souleymane Cheick Fissourou et Hamidou Togola ont été entendus par la Cour d’Assisses sur le dossier d’accusations relatives aux coups et blessures sur Boubacar Lassane Coulibaly, Mohamed Keita et Idrissa Dotonou, tous membres du syndicat pour le renouveau de la Police.
Au terme d’un procès marathon, le verdict est tombé malgré la clémence demandée par la défense qui estime que les éléments ne sont pas suffisants pour motiver l’inculpation de leurs clients. Ainsi, Mahamadou Youba Diarra a été condamné à 5 ans d’emprisonnement dont 3 ans avec sursis. Siméon Keita a été condamné à 3 ans d’emprisonnement ferme. Tandis que Sékou Maïga, Souleymane Cheick Fissourou, Fodé Samba Diallo et Yaya Niambélé ont été condamnés à 18 mois d’emprisonnement avec sursis. Enfin, Drissa Samaké dit Roger et Hamidou Togola ont été purement et simplement blanchis par la Cour d’Assises. Mécontents du verdict de la Cour d’Assises, les avocats de la défense promettent de se pourvoir en cassation. Et Me Mariam Diawara de déclarer : «le droit n’a pas été dit. Nos clients ont été victimes d’un procès politique non un procès judicaire».
Alhousseini TOURE
Source: Le Reporter 2014-12-03 00:47:33