Il s’agit des fétichistes des concertations nationales. Ils sont de retour les fétichistes, ces politiques pour lesquels la libération des régions occupées, la tenue d’élections transparentes et crédibles, bref les missions prioritaires confiées aux autorités de la transition, passent par ces concertations nationales. Mais, la plupart de ces organisations qui n’hésitent pas à céder au dérapage au nom de ces concertations (comme ce fut le cas le 21 mai 2012 où les manifestations ont donné lieu à des troubles à l’ordre public) accordent-elles peu d’importance aux conditions à réunir pour la réussite d’une telle rencontre d’envergure.
Copam1, Copam2, MP22, Mali IBK 2012, pour ne citer que ceux-ci, ces organisations qui tiennent tant à la tenue des concertations nationales, comme tous les regroupements politiques d’ailleurs, n’ont pas levé le petit doigt lorsque le Premier ministre sortant, au vu et au su de tout le monde, a mis en place un comité technique d’élaboration des termes de référence, que tout le monde savait partial et partisan. Idem quand des termes de référence à l’image de ce comité technique s’est découvert, ainsi qu’à la mise en place de la commission d’organisation des concertations nationales, visiblement instrumentalisée et aux ordres.
Quand le FDR et l’ADPS ont décliné l’offre de participer à une telle mascarade, et que la CSM en toute responsabilité a demandé le report de ces concertations jusqu’à ce que les conditions soient réunies pour la participation de tout le monde, les fétichistes des concertations, sans se soucier d’une démarche consensuelle, les revendiquaient ici et maintenant. Il a fallu que la société civile sous la houlette de Bréhima Allaye Touré prenne ses responsabilités pour dire halte à la déviation. Les concertations ont été reportées sine die. Aujourd’hui les conditions sont elles réunies pour leur tenue ? Rien n’est moins sûr.
Hier à la maison de la presse, avant la signature du document de plateforme, par les différentes organisations, le professeur Younouss Hamèye Dicko a, dans la déclaration liminaire, indiqué que les concertations nationales ont constitué une demande des forces vives du pays acquises à un changement qualitatif depuis le 22 mars 2012. En témoigne, a-t-il dit, le protocole d’accord de 22 regroupements du 6 juillet dernier, suivi le même 22 juillet de la réunion chez les familles fondatrices de Bamako de toutes les forces politiques et sociales qui ont réclamé à l’unanimité la tenue urgente des concertations nationales. «Après huit reports successifs de la tenue des concertations, à ce jour 8 janvier 2013, les concertations ne sont ni tenues, ni programmées», a-t-il dit.
Il a déploré le fait que les forces patriotiques, politiques et sociales, acquises au changement constatent le refus du président par intérim de tenir les assises nationales attendues par la communauté internationale et le peuple malien. Ces concertations, a-t-il dit, constituent un passage obligé pour la réalisation des objectifs cardinaux et sacrés de la transition : la libération du Nord et l’organisation des élections crédibles. Il a réclamé avec insistance « la tenue sans délai des concertations nationales souveraines. Les forces vives de changement se disent convaincues de trois choses pour la résolution de cette crise. Le premier point souligne que les concertations nationales souveraines doivent se tenir sans condition du 10 au 15 janvier 2013.
« Nous sommes déterminés à nous opposer par tous les moyens légaux, à toute tentative de faire adopter tout projet de loi par une assemblée nationale ne détenant plus le suffrage du peuple », a fait avoir le professeur. Le second point indique que les concertations nationales souveraines mettront en place un conseil national de transition pour le changement et les autres organes reconnues pertinents. «Les changements profonds sont à consacrer par l’adoption d’un acte fondamental».
En troisième point, ils soutiennent l’armée malienne et réaffirment leur engagement pour la réalisation de sa mission régalienne de libération du Nord. Au même moment, dans une autre salle de la Maison de la presse, Me Mountaga Tall, président du CNID et coordinateur de la
Coalition pour sauver le Mali (CSM), demandait aux Maliens, présentant ses vœux 2013, une union sacrée autour du Président de la République par intérim. Dans son discours de vœux, le Président Dioncounda a indiqué qu’après les consultations, le Premier ministre présentera la feuille de route à l’Assemblée nationale pour adoption. Qui a intérêt à faire remonter de la tension au Mali ? Est-on sûr de pouvoir canaliser les débordements quand on sait que certains acteurs politiques font l’objet de condamnation avec sursis ?
Hadama B. Fofana
B. Daou
Le Républicain Mali 2013-01-09