Tous les regards sont tournés vers la présidence de la République du Mali, en attendant la tenue des concertations nationales pour sortir le pays du long marasme politico-sécuritaire qui le paralyse depuis plus de trois ans. La veille du 56è anniversaire de l’indépendance aura ainsi été marquée par le ballet incessant d’hommes politiques au palais présidentiel. Mais IBK lui-même a expliqué que les concertations nationales ne sont pas liées à ses rencontres avec les forces vives de la nation dont il a rencontré des représentants tour à tour.
C’est toutes les forces vives qui clamaient en chœur l’organisation des concertations nationales inclusives, un appel auquel le président de la République a fait échos lors de son déplacement aux Nations Unies à la fin de la semaine dernière. Ces rencontres programmées pour décembre prochain sont censées apporter des solutions aux différents problèmes que le Mali rencontre, notamment dans l’application de l’accord d’Alger.
Réunir les Maliens autour de la question sécuritaire permettra aux forces vives de proposer dans un cadre officiel leur point de vue sur la mise en application de cet accord de paix. Les rares tentatives d’application de l’accord se sont déjà soldées par un échec total, particulièrement l’opposition d’une partie de la classe politique et de la société civile à la mise en place des autorités intérimaires dans le nord du pays.
En 2015, l’opposition, la société civile et les groupes armées avaient tenté en vain de pousser le pouvoir sur la voie des concertations nationales. A l’initiative du PARENA, les forces vives s’étaient même réunies au Centre international des conférences de Bamako(CICB) le 12 décembre 2015. Pour la première fois les groupes armés signataires de l’accord avaient eu l’occasion de se plaindre publiquement de la lenteur du processus de mise en œuvre de l’accord.
Mais les forces vives attendent aujourd’hui le pouvoir de pied ferme, car il ne s’agit pas que de travailler ensemble pour la stabilité au nord du pays. Il est aussi question de mettre fin à l’impunité et à la mauvaise gouvernance, selon des opposants. Ces derniers attendent une réorientation de la gouvernance, en mettant en place des principes et règles de conduite qui conviennent à tous les acteurs de la vie publique.
Pour les opposants, il est clair que la question des ministres proches de la famille présidentielle entre dans le débat sur les principes à observer. Même en dehors de l’opposition, les principes de gouvernance importent beaucoup. Mais selon l’entourage du pouvoir, la crainte d’un bouleversement de la composition du gouvernement avait amené le président de la République à se méfier de l’opposition, à ne pas s’ouvrir à des concertations nationales à l’issue très incertaine sur le plan politique.
La question est de savoir ce qui a bien pu se passer pour que le président de la République retourne sa veste. Cependant, des signes prémonitoires de ce retournement se sont multipliés ces derniers temps dans l’entourage du président. D’abord, Soumeylou Boubèye Maiga avant sa nomination comme Secrétaire général de la présidence donnait le ton, en déclarant qu’il appartient à la mouvance présidentielle de se rapprocher des autres forces vives du pays.
Peu après, c’était le tour de l’imam Mahmoud Dicko, le président du Haut conseil islamique, qui affirmait que si les concertations pouvaient apporter la stabilité au Mali elles devraient être tenues.
Soumaila T. Diarra