Soucieux, comme tout le peuple malien, de la tournure des évènements dans presque tous les domaines (sécuritaire, politique, institutionnel, social…), le parti Convergence pour le développement du Mali (CODEM) vient de faire des propositions de sortie de crise. Des pistes balisées suite à de profondes réflexions. Elles ont été rendues publiques sous forme d’une déclaration publiée le 14 mars 2019 et signée du président de la Codem, M. Housseini Amion Guindo.
«Décanter une situation de plus en plus explosive» ! C’est l’ambition que la Convergence pour le Développement du Mali (CODEM) s’est fixée en menant des réflexions sur la crise multidimensionnelle qui secoue notre pays depuis près d’une décennie. Et dans un document rendu public le 14 mars 2019, cette formation politique fait des propositions pour vite tourner la page et s’éloigner du précipice institutionnel et sécuritaire.
Des solutions sur le court, le moyen et le long terme dans un document qui se veut «précis, concis et pragmatique au regard de l’urgence». Ces propositions sont basées sur trois axes prioritaires que sont «un message d’urgence du Chef de l’Etat à la Nation» ; «la tenue des législatives dans les délais avant toutes autres élections» et «l’organisation d’un dialogue national inclusif qui conduira aux réformes sans aucune précipitation».
Pour la Codem, il appartient au président de la République d’apporter «des réponses adaptées» aux contestations, aux revendications, aux interrogations et aux difficultés du moment. En tant que garant de la constitution et de la cohésion sociale, rappelle le parti de la Quenouille, «il est naturellement du ressort du chef de l’Etat d’éclairer la lanterne du peuple sur les grandes orientations qu’il entend donner à la République pour répondre à leurs aspirations légitimes».
«Aujourd’hui, le constat est véritablement inquiétant et le peuple malien dans toutes ses composantes est préoccupé par la recherche de solutions aux crises multiples qu’il connaît», insiste la Codem dans le document signé par le président Housseini Amion Guindo.
C’est pourquoi cette chapelle est profondément convaincue que, en pareil circonstance, il appartient au président IBK de «rassurer les Maliens et de leur redonner confiance non seulement par les annonces mais aussi par les actes par lesquels il compte prendre les choses en mains comme il l’a déjà déclaré».
Reforme ou révision constitutionnelle ?
Cela est indispensable à «une adhésion populaire» aux mesures de décrispation par lui entamées à travers les rencontres avec les différentes composantes de la classe politique. Une adresse à la nation, selon la Convergence, sera de nature à associer l’opinion publique nationale à cette «démarche salutaire à travers une vision claire et des objectifs qui seraient connus d’avance».
Pour ce qui est de la constitution, la Codem souhaite que le chef de l’Etat se prononce sur les raisons, les parties concernées et l’objectif recherché à travers ce changement en vue. «Cette clarification permettra de dissiper l’amalgame qu’on observe à certains niveaux entre la reforme et la révision constitutionnelle».
A leur avis, cette adresse est d’autant «plus impérieuse» au regard non seulement de la crise sécuritaire qui a tendance à se généraliser à travers le pays avec des niveaux particulièrement élevés dans le centre, mais aussi pour la décrispation politique et le dénouement de la crise sociale qui s’amplifie de jour en jour dans les secteurs d’activités extrêmement sensibles du Mali.
La Codem fait des législatives une condition sine qua non de la décrispation politique. Et cela d’autant plus qu’elle juge nécessaire de retourner à l’ordre constitutionnel «largement mis à mal par la prorogation du mandat des députés». Pour ce parti, l’un des mieux implantés dans le pays, «seule une telle démarche peut désamorcer le malaise que le mandat bonus illégitime et illégal offert au député a créé au sein de la classe politique, toutes tendances confondues».
A la Codem, on ne cache donc pas sa conviction que le «traitement diligent du problème de l’Assemblée nationale» va contribuer non seulement à éviter d’en rajouter à la crise, mais également favoriser les réformes ou la révision constitutionnelle souhaitées par le président de la République dans «une atmosphère apaisée et sereine».
Le dialogue politique sera plus aisé avec les résultats des législatives
Au sein de la Convergence, on pense que le rétablissement de l’ordre constitutionnel est la meilleure façon de trouver des solutions «aux épineuses questions comme l’accord d’Alger, la Cour des comptes hors de contestations historiques».
Selon la réflexion de la Codem, le Dialogue politique national doit être la suite logique de la tenue des législatives. «Nous proposons le dialogue national qui pourra décider, conformément aux orientations énoncées par le chef de l’Etat dans son adresse d’urgence à la nation, du chemin consensuel à suivre pour une sortie définitive de la crise», souhaitent les responsables de la Codem.
A leur avis, ce forum qui pourra regrouper l’ensemble de la classe politique, la société civile et les groupes armés afin de «dégager des pistes et des solutions secteur par secteur à la crise multidimensionnelle que connait notre pays». Ainsi, le projet de constitution ainsi que les pistes de solutions issues de ce dialogue national inclusif seront soumis à la nouvelle Assemblée nationale «investie de la légitimité et de la légalité indispensables pour de telles reformes rendues nécessaires au regard de la situation».
Comme on le constate, la Codem ne s’est pas contentée de dénoncer et de condamner (notamment la prorogation du mandat des députés). Mais, elle a aussi mené des réflexions profondes pour permettre au pays de rapidement tourner la page de la crise multidimensionnelle qui le menace dans ses fondements républicains. Aux autres acteurs (gouvernement, classe politique, société civile, groupes armés, médiation internationale…) de se prononcer sur les remèdes chocs du parti de la Quenouille qui a joué sa partition !
Hamady Tamba
Le Matin