Comite d’Experts pour la révision constitutionnelle Makan Moussa Sissoko promet de gagner la bataille de l’inclusivité

Il est incontestable que de nos jours, s’il y a un problème qui trouble
sérieusement le sommeil aux habitants de Bamako et banlieues, c’est bien la
recrudescence de l’insécurité dans leurs localités. En effet, on s’accorde à
reconnaitre qu’il ne se passe pratiquement pas de semaine sans que soient
révélées, surtout sur les réseaux sociaux, des nouvelles de crimes crapuleux
ou d’autres actions de violence inouïe. Bien sûr que dans de telles
circonstances, les regards et les espoirs des citoyens ne peuvent se tourner
que vers le gouvernement qui a la charge régalienne de protéger les citoyens
et leurs biens.
Le Pouvoir Exécutif National est parfaitement conscient de ce rôle de sécurisation et
de protection des populations qui lui incombe et a décidé en conséquence de mener
des actions d’envergure, en vue de « nettoyer l’écurie », comme le dirait l’autre.
C’est le plus légitimement du monde et pour une pleine réussite desdites opérations
anti criminalités, que le ministre de la Sécurité et de la Protection civile avait sollicité
une franche collaboration entre les populations locales et les forces de défenses et
de sécurité déployées sur le terrain pour les besoins de cette opération de nettoyage
que d’aucuns appellent « opération coup de poing ». Si l’appel lancé par le ministre
de la Sécurité et de la Protection civile à l’endroit des populations locales pour
solliciter une franche collaboration entre ‘’protégés’’ et ‘’protecteurs’’, a été favorablement accueilli par les citoyens avant le début effectif des opérations, il faut
dire qu’avec ce qui a été donné de constater sur le terrain, quant aux méthodes
employées par les agents commis à cette tâche de sécurisation, il ne se fait pas de
doute que la sollicitation du ministre aura très peu de chance d’acquérir l’assentiment
des populations qui dénoncent des méthodes barbares et avilissantes de la part des
forces de l’ordre au cours de leurs opérations de rafle. En effet, il a été constaté que
lorsqu’elles ‘’investissent’’ un lieu public, nos forces de sécurité procèdent à une rafle
systématique, sans discernement aucun, quitte à bafouer la dignité d’honnêtes
citoyens et à fouler au pied les droits de l’homme. C’est tout simplement dire que nos
forces de sécurité et de protection usent de méthodes dignes de la gestapo
hitlérienne, dans la mesure où les rafles systématiques auxquelles elles s’adonnent,
non seulement font fi de tout droit humain du citoyen, mais aussi bafouent son
honneur. Si la principale motivation de ces opérations est de parvenir à débusquer
des malfrats, il n’est pas dit que toutes les personnes qui se trouveraient dans le
champ de rafle sont forcément des malfrats. Et il arrive souvent d’ailleurs, que
certains des interpellés soient des personnes de notoriété respectable et qui, au
moment précis de leurs interpellations, vaquaient tout simplement à leurs activités
quotidiennes.
En tout cas, le cas qui nous été donné de voir le mardi 5 février 2019, à Djicoroni – Para à la gare ‘’La Guinée Place’’ est assez édifiant. Au cours de cette rafle, les
agents de sécurité qui sont arrivés en nombre suffisant, ont investi les lieux à la
grande surprise des personnes qui s’y trouvaient et ont immédiatement commencé à
rafler sans discernement. Dans la pratique, les agents ont procédé à l’interpellation
des personnes sans demander à celles-ci de présenter des pièces d’identité. Encore
plus humiliant pour les personnes raflées, elles étaient regroupées et contraintes de
se coucher à plat-ventre à même le sol. Parmi les raflés, il y a certains qui ont été
contraints, et ils sont nombreux, de quitter leurs commerces ou leurs ateliers ouverts
et sans qu’on ne leur donne la possibilité de fermer leurs entreprises, le temps de
leurs interpellations. Si dans ces conditions-là, un sinistre survenait en l’absence du
propriétaire des lieux, qui en sera alors responsable ? En tout cas, la méthode
utilisée par nos ‘’protecteurs’’ à Djicoroni-Para, ce mardi 5 février courant, n’était
vraiment pas de nature à redorer le blason déjà terni de nos forces de sécurité
auprès des populations civiles. Le plus aberrant dans ces opérations coup de poing,
est que curieusement, des images desdites opérations anti criminalité circulent sur
les réseaux sociaux. On serait peut-être porté de se demander quels sont en réalité
les auteurs de telles publications ? Le citoyen ‘’lambda’’, pour sa part, tend un doigt
accusateur vers les agents de sécurité eux-mêmes qui voudraient peut-être se
targuer de ces vidéos-là pour signifier leur engagement à lutter contre l’insécurité.
Mais malheureusement, ces méthodes policières sont décriées, à la limite de la
condamnation, par les populations civiles. C’est à juste raison que le général Salif
Traoré, ministre de la Sécurité et de la Protection Civile a tenu à prévenir que « Si un
de nos agents filme une scène d’interpellation et montre le visage des interpellés, il
encourt une sanction administrative directe… ».
Samba Sidibé