Le président Ibrahim Boubacar Kéita a reçu en audience, le jeudi 07 mars 2019, les «premières femmes ramasseuses d’ordures» de la capitale voire du pays réunies au sein de la Coopérative des femmes pour l’éducation, la santé familiale et l’assainissement (COFESFA). Au cours de l’audience, la délégation de femmes engagées a rendu compte au président de la République des actions déjà menées ou en cours par leur structure. Et le chef de l’Etat leur a assuré du soutien du gouvernement qui doit aussi plaider en leur faveur auprès des partenaires techniques et financiers (PTF).
Face à la crise de l’emploi, animées de la ferme volonté de prendre leur destin en main tout en contribuant à l’assainissement de leur environnement ainsi qu’à la propreté de la capitale, elles ont arrangé leurs diplômes dans les tiroirs pour chevaucher des ânes tirant des charrettes. Malgré de brillantes études à leurs actifs, ces Nyeleninw (Mmes Alwata Ichata Sahi, Konate Ami Diarra, Coulibaly Safiatou Doumbia, Cissé Hindou Maïga, Diallo Kama Sakiliba, Sow Mariam Siby, Diarra Assétou Sidibé, Diarra Kadiatou Sanogo, Bathily Fatoumata Dao et Traoré Hawa Fofana) se sont investies dans le ramassage d’ordures comme pour confirmer qu’il n’y a pas de sot métier pour s’affirmer.
En reconnaissance à leur engagement citoyen et politique, une délégation de ces braves Nyeleninw a été reçue le jeudi 7 mars 2019 par le président Ibrahim Kéita à la Résidence des hôtes du Mali (ex-Base B). C’était en présence du ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille.
La délégation de la COFESFA était conduite par Mme Konaté Aminata Diarra (l’actuelle présidente de la coopérative) et composée de Mme Alwata Ishata Sahi (chargée des relations extérieures et ancienne ministre), Mme Safiatou Doumbia (Chargée de l’administration) et de Mme Cissé Hindou Maïga (membre fondateur).
«La Cofesfa, est un modèle, un vrai modèle en tous les sens, dans toute l’affection de ce mot là. Et c’est pour cela que j’ai le plaisir aujourd’hui de recevoir les membres ici présentes, parmi lesquelles les fondatrices que je retrouve avec plaisir», a déclaré le président Ibrahim Boubacar Kéita en recevant ces femmes émancipées par leur audace, leur courage et leur abnégation. Le chef de l’Etat n’a pas manqué d’apprécier la volonté de servir leur pays de ces amazones de l’investissement citoyen dans la propreté de leur cadre de vie.
Un bataillon féminin pour l’assainissement et pout la démocratie
Il a naturellement souhaité que «l’ensemble du pays prenne l’exemple sur elles, surtout que les jeunes comprennent que les réunions autour des tasses de thé ne sont pas une bonne chose, les grins ne sont pas une bonne chose pendant que prospèrent des sites tel le Kilimandjaro. C’est une honte pour nous. Ce n’est pas normal et les efforts seront faits».
«Ce que ces Maliennes ont prouvé, ont donné comme exemple devait servir aujourd’hui et devait inspirer, notamment leurs enfants et leurs petits enfants, que le pays vaut la peine qu’on le serve à hauteur de souhait et à tous les niveaux et dans tous les domaines. C’est la belle leçon que la Cofesfa nous donne aujourd’hui», a souligné IBK.
Après avoir félicité toutes celles et aussi tous ceux qui ont concouru à la création de cette coopérative pionnière de l’engagement citoyen pour la salubrité de notre cadre de vie, le président de la République a déclaré, «j’engagerai le gouvernement à continuer d’appuyer la Cofesfa et également aussi à informer des partenaires, chaque fois qu’il trouverait l’occasion, qu’il y a dans ce pays du Mali, une organisation non gouvernementale féminine qui a vocation à contribuer à la santé publique de la population malienne par l’assainissement de l’environnement en ces temps de changement climatique. Voilà encore une des raisons qui font que la Cofesfa doit être estimée, respectée et remerciée».
«Nous avons profité de cette audience pour faire au président de la République le point sur l’état de notre structure et prendre ses sages et utiles conseils», a assuré Mme Konaté Aminata Diarra, qui dirige actuellement la coopérative. Et d’ajouter, «le président nous a assurées qu’il en prend une bonne note. Nous le rassurons de notre disponibilité à l’accompagner fermement durant ce deuxième mandat et pourquoi pas après, dans son combat pour le bien-être de la population malienne».
Cette année, la Coopérative des femmes pour l’éducation, la santé familiale et l’assainissement (COFESFA), célèbre ses 30 ans en marge de la Journée internationale des droits des femmes célébrée le vendredi 8 mars 2019.
Créée en 1989, la COFESFA est l’initiative de 16 jeunes femmes diplômées sans emploi, qui sans complexe avaient fait leur premier pas dans l’amélioration de leur cadre de vie (assainissement de la ville de Bamako dans les années quatre vingt, par la pré- collecte des ordures ménagères).
Ce manque de complexe est devenu un culte chez elles malgré qu’elles soient aujourd’hui devenues «Mamies» (grand-mères) et malgré les prestigieuses responsabilités assumées dans ce pays (OPF, ministres…). En plus des activités citoyennes et génératrices de revenues, les fondatrices de la coopération ont constitué le premier bataillon des amazones de la démocratie qu’on voyait toujours au premier rang du mouvement démocratique qui a balayé le régime dictatorial le 26 mars 1991.
A noter que la Cofesfa a comme activités la collecte des ordures ou le ramassage des ordures, la confection et la vente de poubelles. Elle est également engagée dans les activités de sensibilisation, la formation, la Santé maternelle et infantile/planification familiale.
Moussa Bolly