Kati, la ville garnison et bastion de l’ex-junte militaire, a été le samedi 03 février 2018 le lieu de rendez-vous de Bocari Tréta et de ses partisans pour mettre sur les fonts baptismaux un club de soutien à son nom. Bien qu’il ait exprimé pendant cette cérémonie tout son soutien à IBK, bien que les t-shirts que portaient certains membres du club étaient à l’effigie d’IBK et de Tréta, la question est de savoir pourquoi un club de soutien au nom de Tréta en ce moment ?
A la veille des élections générales au Mali, les acteurs politiques sont dans leur calcul de positionnement pour ne pas être absent au moment du partage du « gâteau ». C’est pourquoi la plupart d’entre eux ont deux plans, A et B. La mise en place des clubs de soutien à Bocari Tréta, président du RPM, entrerait dans ce cadre. Sinon, comment comprendre, le parti ayant déjà un candidat naturel, Kankelintigui, que l’on crée des clubs de soutien pas au nom d’IBK mais à celui de Tréta. Bien que dans son intervention, ce dernier ait dit clairement qu’il a longtemps refusé qu’on installe des clubs en son nom, en acceptant aujourd’hui, il ouvre la voie à toute sorte d’interprétations, des plus fantaisistes aux plus crédibles. Surtout que cela se passe au moment où le RPM est miné par des guerres de clans et envahi par des supputations faisant état de la non-candidature d’IBK pour un second mandat. Pour ses rivaux au sein du RPM, Tréta serait dans une autre disposition, celle qui consisterait à être en embuscade politique : au cas où IBK ne serait pas partant, il se proposerait comme étant la bonne pièce de rechange en tant que premier responsable du parti et personne ne trouverait à redire avec ses multiples clubs de soutien. Surtout que dans son intervention, il a laissé entendre qu’il ferait en sorte qu’il puisse avoir des clubs un peu partout. Certains observateurs ajouteront même que ces clubs de soutien seront pour Tréta une manière de prouver à ses détracteurs que contrairement à ce qu’ils disent à propos de son impopularité et de son discrédit, qu’il demeure ce qu’il fut, à savoir cet homme à tout faire du parti et populaire. L’autre pan de son plan B pourrait consister à échanger son soutien et celui de ses fans contre des postes, avec celui qui serait sur le point de gagner, si IBK venait à échouer pour un second mandat.
En définitive, la mise en place des clubs de soutien à Bocari Tréta, non seulement, alimentera les débats au sein du RPM, mais aussi et surtout donnera l’occasion aux détracteurs du Président des Tisserands d’épiloguer sur sa sincérité, voire même en douter.
Youssouf Sissoko