CLASH ENTRE IBK ET MARA : Un remaniement ministériel en début de semaine

Depuis les événements de Kidal, le Premier ministre Moussa Mara est dans le collimateur des cadres du Rpm, le parti du président IBK, qui réclament urbi et orbi le poste de Premier ministre.

En effet, d’aucuns considèrent que Soumeylou Boubèye Maïga a été un agneau de sacrifice dans l’affaire de Kidal, le Président IBK ayant choisi donc de se défaire de son ministre de la Défense et des anciens combattants d’alors, pour protéger Moussa Mara, accusé d’avoir provoqué la guerre sans l’avis du chef de l’Etat, chef suprême des armées.

C’est parce qu’en ce temps-là, les relations entre le président de la République et le chef de son gouvernement affichaient un semblant de proximité. On parlait même de complicité entre les deux hommes. Mais ce fut pour un temps. Une situation absurde s’est ensuite emparée du Mali, avec un Premier ministre qui échappe totalement au contrôle du chef de l’Etat qui l’a nommé.

En effet, le Premier ministre est devenu subitement gênant pour le pouvoir, à cause de nombre de ses initiatives surprenantes et déroutantes,sans s’en référer au président de la République très souvent mis devant le fait accompli. Comme lorsque Moussa Mara fait le tour des mosquées de Bamako pour y prier et diffuser des messages de changement. Quel changement ? Sans compter une certaine liberté de ton et d’action qui ont fini par irriter tant au sein du gouvernement qu’à Koulouba.

C’est dans ce cadre que certaines démarches du Premier ministre ont été dénoncées par le camp présidentiel qui y voyait des manœuvres de positionnement du Premier ministre, à la limite accusé de vouloir utiliser sa posture privilégiée pour battre campagne à son seul profit. Il lui a été reproché de trop se rapprocher des milieux d’agitation islamiques et de courtiser à l’extrême l’estime de la jeunesse malienne, dans le seul but de renforcer son image de présidentiable, disons d’alternative à IBK.

Mais IBK a fait semblant de rester sourd aux appels des sirènes, certainement pour ne pas donner l’impression d’une seconde crise en si peu de temps, après la démission de Oumar Tatam Ly intervenue six mois seulement après son investiture. Oumar Tatam Ly a préféré partir, laissant la place libre à Soumeylou Boubèye Maïga et Mme Bouaré Fily Sissoko dont il réclamait le départ du gouvernement. En effet, il avait mis à nu les tractations financières scandaleuses qui ont accompagné les affaires qui secouent actuellement le Mali, à savoir l’opération de prétendu achat d’un avion de commandement et le marché d’équipements militaires qui a révélé une surfacturation de plus de 29 milliards FCFA.

IBK avait préféré protéger ces deux ministres au risque de perdre son Premier ministre d’alors. Mais celui qui l’a remplacé, Moussa Mara, est en train lui aussi de marcher sur les pas de son prédécesseur, en cherchant à faire jaillir la lumière sur ces deux affaires trop embarrassantes pour IBK. En effet, des voix s’élèvent de plus en plus au sein de la majorité présidentielle pour dénoncer l’attitude du Premier ministre : il n’a pas affiché une solidarité gouvernementale. Bien au contraire, soutiennent ses détracteurs, il chercherait à prouver au peuple malien, au détour des rapports de la section des comptes et du Bureau du vérificateur général, qu’il n’est trempé dans ces deux affaires ni de près ni de loin. Il n’aurait pas tort, de toute façon.

Il nous revient d’ailleurs que la présidence de la République souhaitait que ces deux rapports ne fissent pas l’objet d’une si grande vulgarisation. Raison pour laquelle, des instructions avaient été données, pour que la cérémonie officielle de remise de chacun desdits rapports au chef de l’Etat, ne soit diffusée sur les ondes de la télévision nationale. Il se dit que c’est suite aux instructions du Premier ministre que la remise du rapport de la Cour suprême a été balancée dans le journal télévisé. Contre l’avis du ministre de l’Economie numérique, de l’information et de la Communication, Mahamadou Camara, qui a tenté de jouer au censeur conformément aux directives de Koulouba.

Dans le même élan, Koulouba souhaitait que la conférence de presse des avocats de Guo-star soit retransmise sur les ondes de la télévision nationale. Parce que certains points défendus par ces avocats viennent au secours d’IBK en ce qui concerne le marché scandaleux de gré à gré donné à la société Guo-star représentée par Sidi Kagnassy à hauteur de plus de 69 milliards FCFA. La télévision nationale n’a pas assuré la couverture de cette conférence et Moussa Mara  a été encore désigné du doigt comme celui qui a donné à la télévision nationale des instructions contraires au vœu de Koulouba.

C’est pour dire que dans cette situation d’accusation mutuelle et de suspicion, le clash entre le Premier ministre et le président de la République était inévitable. Ce qui est arrivé mardi dernier lors d’un entretien houleux entre les deux hommes.

Selon nos sources, IBK a déjà informé Moussa Mara de son désir de le faire remplacer, mais l’actuel Premier ministre, qui disait bien « né ta yoro chi » (je ne démissionnerai pas) devant les députés de l’Assemblée nationale à l’occasion d’un vote d’une motion de censure déposée par l’opposition contre lui, reste de marbre. Pendant ce temps, le nom de son remplaçant circule déjà dans des salons feutrés de Bamako. Il s’agirait de l’ex-Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré, Modibo Kéïta, à qui IBK avait délégué depuis quelques mois la lourde charge de piloter le processus de réconciliation nationale. Il était même le représentant du Président IBK aux négociations d’Alger.

Un remaniement ministériel est donc annoncé. Un nettoyage à grande eau qui emportera beaucoup de ministres.

Moussa Mara a montré qu’il n’est pas à la hauteur.  Mais le fait de le remplacer est-il la solution ?  Le véritable  problème, c’est IBK lui-même.

A.D

REMANIEMENT MINISTERIEL EN VUE

Une quinzaine de ministres devront partir

Parmi les noms qui reviennent très souvent : le Général SadaSamaké (ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile), Mme BoiréFily Sissoko (ministre de l’Economie et des finances), Moustapha ben Barka (ministre de l’Industrie et de la promotion des investissements), Moussa Bocar Diarra (ministre du Travail, de la Fonction publique et des Relations avec les Institutions). On parle aussi de l’arrivée probable du Procureur général Daniel Tessogué à la place de Me Mohamed Ali Bathily à la tête du ministère de la Justice. Pour ne citer que ceux-là…

De toute façon, selon des sources concordantes, une quinzaine de ministres devront partir. Reste maintenant à savoir si leurs remplaçants seront à la hauteur des grands défis qui les attendent, surtout après le saccage des ressources financières du pays et pour lesquelles Fily, Soumeylou, Ben Barka, Mahamadou Camara et compagnie devront répondre pour que le pays sache le niveau d’implication et de responsabilité de chacun d’eux dans les différents scandales financiers révélés en un an seulement du pouvoir IBK.

Source: journallesphynxmali 2014-11-08 23:37:56