Blaise Compaoré, d’ethnie Mossi (la plus nombreuse du pays), s’était imposé au fil des ans comme le médiateur utile de bon nombre de crises régionales. Certes, ces derniers temps, Paris et Ouagadougou n’étaient pas sur la même longueur d’onde au sujet du dossier du Nord du Mali, secoué par une énième montée indépendantiste touareg et miné par des groupes jihadistes. Mais au bout du compte, le Burkina avait ouvert ses frontières aux armées françaises et américaines engagées dans la lutte anti-terroriste au Sahel.
Togo, Mauritanie, Guinée, Côte d’Ivoire, Mauritanie, Darfour… Le «gentleman Blaise» avait multiplié les missions de bons offices sur le continent noir et accueillait des opposants sur son sol. «C’est quelqu’un sur qui ces puissances peuvent compter pour déléguer des médiations et c’est quelqu’un qui a très certainement été animé par une passion pour la diplomatie et qui a obtenu quelques résultats», expliquait, en 2013, Rinaldo Depagne, analyste de l’Afrique de l’Ouest pour le Centre de réflexion International Crisis Group (ICG).
Le voilà aujourd’hui, Blaise Compaoré, dans la tourmente. Ainsi que ses «protégés» du Mnla. «Le Burkina-Faso ne soutient pas les rebelles du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla). La preuve est que nous avons refusé de donner des passeports à certains de ces rebelles. D’ailleurs, il a été demandé à des représentants des groupes armés d’être désormais plus discrets sur le territoire du Burkina Faso», avait affirmé un proche de la Présidence Burkinabè.
On le sait, le président du Burkina-Faso, médiateur dans la crise malienne, était accusé d’avoir offert des cadeaux et logé gratuitement les chefs rebelles du Mnla dans les hôtels de haut standing à Ouagadougou, capitale Burkinabè. Aujourd’hui qu’il n’est plus au pouvoir, où vont alors aller ces bandits armés du Mnla ? Au Mali ou en Algérie ?
De toutes les façons, les autorités maliennes doivent saisir cette opportunité en nouant de solides relations de coopération avec les nouveaux dirigeants burkinabè. Cela aura pour avantage de barrer la route à ces rebelles sur le territoire des hommes intègres et de les contraindre à ne plus désormais parler de séparatisme ou de fédéralisme, mais d’un Mali Un et Indivisible.
Bruno E. LOMA
Source: Le Reporter 2014-11-04 23:52:29