Tous les jours, ils vous en saluent. Ceci n’empêche pourtant pas certains parmi eux de s’indigner et de vous interpeller devant la destruction systématiques des valeurs et devant le sacre d’individus, qui ailleurs, sont simplement des prisonniers de droit commun. Or, ici au d’être en train de purger leur peine, ils s’érigent censeurs ou autorités morales. En piétinant la République, en écrasant les pauvres, avec les forces de l’ordre à leurs rescousses, la justice à leur dévotion sonnante et trébuchante. C’est de cela, monsieur le président, que je voudrais vous parler, en attirant votre attention sur une partie infime des injustices dont les pauvres sont les victimes, parce qu’ils n’ont pas de parents fonctionnaires haut placés, d’officiers dans leur lignée pour les protéger contre la pègre. Il n’y a pas d’autre mot.
En plus, cette pègre ne s’en prend qu’aux pauvres. Elle ne leur pardonne pas d’être pauvres et en même temps héritiers de terres. Il faut donc par la collusion des fonctionnaires et des opérateurs économiques les dépouiller. Peu importe leur colère et s’ils sont les premiers occupants des terres pour lesquelles ils ne possèdent pas généralement de papiers. Mais justement, la mafia foncière, en tout cas, celle dont je vous parle ici, n’a pas, non plus de titres valides ou les acquiert le plus souvent de manière véreuse et anti-républicaine.
Deux cas, Monsieur le président, dans mon quartier. La première affaire concerne l’imam Traoré qui va vers ses quatre vingt ans. Il a hérité mais sans papier, de terres bien situées au bord du fleuve où il fit pousser des légumes et des manguiers. Jusqu’au jour où une voiture pleine de Ninjas -nous en savons l’immatriculation – vient le chasser des lieux au profit de deux grands pontes de la République : un industriel courtisé et un homme d’affaires généreux, tous deux adossés à un officier supérieur impliqué dans toutes les histoires et tous les scandales de terre du district. Bien sûr, on ne peut omettre le rôle des autorités communales et de la justice surtout que ces nouveaux acquéreurs, eux non plus, n’ont pas de papiers. Mais ils ont de l’argent, de la force et l’Etat. La deuxième affaire dans la même zone est quasi-similaire.
Elle implique une société immobilière, d’autres spoliateurs dont un député. Tous ceux-ci contre le sexagénaire Sangaré. La police les intimide, la justice les désavoue, le quartier subit, indigné. Voilà, Monsieur le président le calvaire de deux de nos compatriotes. Il y en a de milliers d’autres. A l’ouverture des Etat généraux du foncier, vous avez eu les mots qui font froid dans le dos concernant la gestion du foncier. Mais ce sont des mots justes.
Nous espérons simplement qu’ils ne sont pas prémonitoires. Que la bombe foncière ne fera pas sauter le pays et que, pendant que vous présidez encore aux destinées de cette nation qui vous a beaucoup donné, Monsieur le président, vous réagirez et sévirez. Contre les hordes sans foi ni loi qui utilisent votre nom, votre mandat et votre légitimité pour léguer à leurs enfants ce qu’ils ont volé à d’autres enfants. Respectueusement, Monsieur le Président et à la semaine prochaine.
Adam Thiam
Le Républicain 13/07/2011