L’Énergie du Mali (EDM) est la seule compagnie chargée de la production, du transport et de la distribution d’électricité dans notre pays. Elle est l’une des sociétés indispensables pour la relance économique et pour le développement social. Mais aujourd’hui, cette société, qui faisait jadis la fierté, est confrontée à une mauvaise gestion criarde, menaçant son existence. Au 21ème siècle, l’électricité doit-il être encore un luxe ? A quoi est due cette situation ?
L’une des tares congénitales de notre démocratie est la mauvaise gouvernance avec son corollaire de corruption, de népotisme, de clientélisme et de laisser- aller. Les sociétés et entreprises d’Etat dans leur grande majorité sont allées en faillite les unes après les autres. L’HUICOMA, la SOTELMA, la Régie des chemins de fer, ont toutes été privatisées à cause de la gestion catastrophique. L’Energie du Mali qui était censée échapper à la débâcle est en train de tirer le diable par la queue à cause de la mauvaise gestion. Cette situation fort regrettable ne serait pourtant pas due à un manque de ressources humaines compétentes, mais à l’accaparement d’une petite élite à la gestion mafieuse.
L’EDM est aujourd’hui dans une situation financière chaotique consécutive à la gestion peu orthodoxe. Selon nos sources, elle serait endettée à hauteur de 300 milliards de francs CFA. A cela, il faudrait ajouter la vétusté des machines et le manque d’entretien. A ce jour, toutes les réformes ont été vaines, car elles ont buté à l’opposition de l’oligarchie qui a la main basse sur la structure. Sinon, comment comprendre qu’une structure comme l’EDM en pleine récession, avec une véritable crise de trésorerie, des machines âgées de 35 ans, que l’on puisse recruter, entre 2017 et 2018, plus de 700 agents dont le profil ne correspond pas, pour la plupart, aux postes requis ?
Pour rappel, Dramane Coulibaly alors Directeur général de l’EDM, avait entrepris une série d’opérations tendant à recouvrer les créances de la société qui étaient estimées à plus de 40 milliards de francs de CFA. Il avait essayé d’aller à la chasse aux mauvais payeurs pour renflouer les caisses de l’EDM. Beaucoup de structures, dont des institutions, ont été privées d’électricité pour non paiement de facture. Parmi celles-ci, on pouvait citer, l’Assemblée Nationale, l’ORTM, la MINUSMA, la SOMAGEP, entre autres. Ces opérations, à l’époque saluée par bon nombre de maliens, ont permis d’éviter le délestage, avant de valoir pour le jeune Directeur une véritable inimitié au plus haut sommet de l’Etat. Ses actions ont été qualifiées de coup d’éclats par certains et de populistes par d’autres, mais ont provoqué l’ire de certains caciques du régime. La suite est connue. Une campagne de dénigrements, de diffamation et de sabotage a été menée contre M. Coulibaly. Ils ont fini par avoir sa peau, il est parti, mais l’EDM ne se porte pas mieux. Elle est même menacée aujourd’hui plus qu’hier. Les délestages ont déjà commencé et la menace d’une crise générale est réelle.
En somme, pour un pays en voie de développement comme le Mali, l’énergie a une très grande place pour booster l’industrie afin d’amorcer une véritable croissance.
Youssouf Sissoko