Dans cette chronique, nous avons régulièrement parlé des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), ces « majors » américains qui dominent outrageusement la nouvelle économie au point de ne laisser que des miettes à la concurrence. Mais plus pour longtemps, selon le quotidien français Les Echos ! En effet, Pierrick Fay signe un article dans la livraison du 12 octobre dernier selon lequel « les BAT chinois menacent l’hégémonie des Gafa ». Belles empoignades en perspective quand on connaît la boulimie de l’ogre chinois adossé à un marché de plus d’un milliard de consommateurs. Trois géants se partagent ce marché fort prometteur : Baidu, Alibaba et Tencent. Notre confrère écrit qu’ils pèsent de plus en plus lourd en Bourse et multiplient les innovations technologiques. S’il est vrai que ces nouveaux géants chinois ne pèsent que 600 milliards de dollars quand Google, Amazon et Facebook accusent plus du double sur la balance, mais cet écart est appelé à se réduire au vu des promesses de développement de l’économie numérique, précise notre confrère. Le meilleur atout de la Chine est son marché qui compte à ce jour 721 millions d’internautes, selon Les Echos. Quand on sait qu’une bonne partie de la population chinoise n’a pas encore accès au réseau, cela vous donne un aperçu du potentiel. Mais qui cracherait sur un marché d’1,8 milliard d’utilisateurs que fédèrent ensemble Baidu, Alibaba et Tencent ! Et cette petite phrase du fondateur d’Alibaba, Jack Ma, rapportée par Les Echos, en dit long sur la boulimie chinoise à propos d’Internet et l’e-commerce : « plus qu’une mode, c’est un mode de vie ». Tout est dit et même très clairement dit ! Selon Michel Audeban (Gemway Assets), « l’e-commerce représente en effet déjà 13 % du commerce chinois, et il devrait croître de 30 % par an d’ici à 2019 ». Et de conclure : « C’est un des pourcentages les plus élevés au monde, loin devant la France ou les Etats-Unis ». Et lorsque l’écart de certains standards comme le taux de monétisation moyen va se resserrer entre la Chine (12,50 dollars par internaute) et les Etats Unis (111 dollars), les compteurs vont littéralement s’affoler. Selon un spécialiste dont les propos sont rapportés par notre confrère, « la Chine est désormais le berceau d’une révolution de l’innovation qui pourrait transformer le paysage industriel international. C’est le résultat du travail accompli par les géants de l’Internet chinois, ultracompétitifs et qui ont su pleinement profiter de l’interdiction de réseaux comme Twitter et Facebook ». C’est de bonne guerre et les spécialistes du secteur, comme Michel Audeban, sont tout admiratifs devant la prouesse chinoise qui est passée « d’une stratégie de copie à une stratégie d’innovation en matière de revenus ». Et les géants chinois jouent à fond sur leurs avantages comparatifs : « Tencent est très en avance par rapport à Facebook. Le groupe a sept sources de revenus, ce qui a limité la part de la publicité, à la différence d’un Facebook. Il a créé une plateforme qui encercle le client avec son application WeChat qui permet aussi de faire des courses, regarder des vidéos, payer sa facture d’électricité, tester le niveau de pollution ou payer les taxes locales. C’est idéal pour faire de la vente croisée ». Il est loisible de constater que les géants chinois ont su tirer le meilleur parti du modèle économique occidental, c’est-à-dire en multipliant les acquisitions pour maintenir leur hégémonie. En outre, selon ces mêmes spécialistes, les géants chinois de la nouvelle économie « … se battent pour conquérir le portefeuille du consommateur de la classe moyenne ». Rien qu’en 2015, les BAT ont réalisé plus de 40 % des acquisitions du secteur de l’Internet en Chine, selon Pictet AM. En définitive, la marge de progression de ces leaders chinois de la nouvelle économie est si phénoménale qu’ils donnent le tournis à la concurrence. Enfin, l’attractivité qu’ils exercent sur les gros investisseurs est indéniable et, dans les années à venir, ces gros investisseurs qui détiennent le capital des GAFA vont littéralement fondre sur la Chine pour se tailler des croupières. Conséquence, de la guéguerre économique actuelle naîtra un partenariat gagnant-gagnant dont le corollaire sera le partage du marché mondial. Quid des autres ?
Serge de MERIDIO