Le premier article est un effort méritoire d’investigation, de traduction et de conception. Il porte sur la honteuse histoire des fonds alloués par la communauté internationale pour prévenir et guérir les fléaux nationaux que sont le palu et la tuberculose. Le second article épingle, dans ce journal, cette fois-ci encore, comme ce fut le cas dans d’autres titres de la presse, une ministre de la République. La même fut plusieurs fois dénoncée par la presse dans un autre ministère.
Et elle est de nouveau prise à partie dans sa position actuelle de Ministre de la Santé, donc d’un secteur stratégique pour le développement du pays et hautement surveillé pour ses graves dérives depuis peu. Naturellement, on ne peut pas, et c’est gravissime pour l’avenir des médias dans ce pays, prendre pour argent comptant tout ce qui s’écrit dans les colonnes des journaux ou se dit dans les radios libres. Oui, c’est vrai, nous nous sommes banalisés pour en être pris plus que souvent à l’honneur des gens qui, pour être dans des positions plus enviables que nous, ne sont pas, pour autant des ennemis de la République. Au contraire, ils doivent en être les serviteurs sans heure de loisir ni vie privée.
La presse ne peut pas être le syndicat du chantage et du lynchage parce que ceux ou celles que nous attaquons sont pères, mères, fils ou filles. Mais, s’agissant d’abord de l’actuelle ministre de la santé accusée de népotisme aujourd’hui pour avoir facilité pour sa fille l’ouverture d’une officine de pharmacie en violation des normes établies, l’accusation est sérieuse. Elle ne peut pas rester sans réponse, sans réaction. Si le grief est fondé, la presse n’a fait que son travail et son travail c’est d’informer les citoyens. Ce travail est sacré et noble, il n’est pas méprisant.
Ce qui est méprisant, c’est d’essayer d’imposer le silence quand une minorité a le droit de traire une nation à genoux qui serait sur la civière sans l’aide de contribuables d’autres pays qui peuvent nous aider aujourd’hui parce qu’eux ont, entre autres, mieux géré leurs ressources. Pareillement, la sanction de la République ne peut pas ne pas s’abattre sur la chaîne effroyable de complicités qui ont permis l’établissement d’une véritable industrie des fausses factures dans l’affaire du Fonds mondial et dont un aperçu est donné dans l’édition de 22 septembre d’hier que nous saluons encore.
On ne peut pas limoger le PDG de l’Office du Niger pour, semble t-il, des malversations, limoger des Daf, en recruter de nouveaux qui « répondraient aux critères d’intégrité » et laisser faire les ministres. L’Exécutif n’est pas le supérieur hiérarchique de la nation. Il ne saurait l’être. Or, nous sommes en train d’assister à une criminalisation de l’Etat qui n’augure rien de bon. Qui conforte toutes les mafias. Notamment celle qui fera le lit des explosions futures : la mafia foncière qui brise et brime le petit peuple.
Comme présentement à Bako Djikoroni où des cadres et opérateurs économiques véreux arrachent tous les soirs des larmes à un imam de quatre vingt ans qu’ils cherchent à exproprier de ses terres en utilisant leur proximité avec le pouvoir. Non, ce n’est pas ça le Mali. Ce n’est pas ça la République.
Adam Thiam
Le républicain Mali 08/07/2011