Exemple : le conflit d’Ansongo entre Peuls et Touaregs en partie alimenté par l’administration locale en est une illustration. Le président, lui-même, dut monter au créneau pour l’accalmie du jour dont il faut espérer qu’elle n’est pas de la braise sous la cendre. Autre exemple, l’affaire des grenades offensives explosées dans les concessions sur fond d’activités ou de soupçons d’activités mafieuses dont le narcotrafic.
Une menace aujourd’hui réduite. Mais le président retrouvera une région de nouveau confrontée aux enlèvements de voitures et des violences physiques sans que l’on sache s’il s’agit de simple crapulerie ou d’accumulation de moyens de guerre. Gao étant le portail de notre vaste septentrion, celui subissant les menaces sécessionnistes d’un Mnla passé du stade du baroud électronique à celui de cerveau politique d’une dissidence adossée à la puissance d’une partie des régiments en débandade de la légion kadhafiste rejointe par les griefs locaux des irrédentistes de l’alliance du 23 mai ou d’intégrés déserteurs de l’armée de la République. Le président, nul doute, réitérera de la capitale des Askia, son appel de 2006 après la rébellion déclenchée par Ag Bahanga. Il y avait délimité le périmètre de la révolte et appelé à éviter la stigmatisation de la communauté nomade.
La cible de cette communication ? Sans doute, le Sud qui situerait volontiers Kidal sur la planète Mars, mais aussi la communauté sédentaire du Nord dont une partie cache mal son agacement devant le traitement de la question nomade par l’Etat. Ce qui était valable en 2006 le redevient cruellement en 2011. Ce, à quelques jours du troisième anniversaire de l’attaque de Nampala, seulement quatre mois après la mort d’Ag Bahanga, son auteur, et un peu plus d’un an après le séjour présidentiel à Kidal. A Gao, le chef de l’Etat reconduira sa doctrine. Il redira que les fauteurs de trouble sont une poignée. Il n’aura pas tort, car, un des tout premiers peuples du territoire national dans ses limites actuelles, la communauté Touareg, dans son écrasante majorité est soudée à la nation malienne.
De même que la communauté Arabe qui vient de se réunir à Gossi sans agiter de drapeaux aux couleurs de l’Azawad. Donc Att s’en va plus dans le Nord d’une majorité attachée à la République que dans celui d’un groupuscule de pyromanes. Machiavel l’avait dit, on le sait, qu’il ne prend qu’une personne pour fonder ou perdre une République. Par conséquent, les périls du Nord ne sauraient être sous-estimés.
A l’entame des élections, dans la vigilance généralement baissée des interrègnes et au cœur du nouveau maelstrom sahélo-saharien dont la solution réside, sous la supervision de la communauté internationale, dans un retour à l’envoyeur libyen d’une soldatesque qui ajoute aux cauchemars de la zone grise. Nul doute cependant qu’une bonne approche -dialogue dans la fermeté et dans le respect des engagements- priverait le projet de sécession de ses avocats et de ses soldats.
C’est ainsi du Nord-Mali. Mais c est ainsi de tous les foyers de tension, en cours ou à venir, en ce moment propices aux surenchères. Le président sera sans doute attentif à l’équation amhara dont l’empereur Selassié ne s’est souvenu que sur le tard : utiliser le pouvoir pour qu’il en reste un pouvoir mais se garder de l’utiliser jusqu’à ce qu’il n’en soit plus un. Tout l’art, en somme, de négocier l’Histoire par la grande porte ou d’en sortir par la gouttière.
Adam Thiam
Le Républicain 18/11/2011