Dans les griefs recevables de l’époque, il y avait incontestablement une sous représentation de la communauté nomade dans les sphères de l’Etat, notamment l’armée. Il était également vrai que le Nord accusait plus les effets des cycles de sécheresse et d’une administration d’occupation. Les besoins d’accès des zones nomades à l’école et à la santé étaient, de même, plus criards. C’est la reconnaissance de tout cela qui a permis le Pacte national. Que celui-ci n’ait pas été entièrement mis en œuvre est un autre problème dont la solution était plus dans le réglage que dans la rupture dont le Mnla était porteur en 2012. Or même lorsqu’en octobre 2012, on sait que ce mouvement n’avait été que le véhicule de forces qui l’ont balayé lui-même en quelques heures, le Mnla n’a pas cru devoir observer l’humilité qui sied à l’arroseur arrosé. Sa plateforme sera probablement mise à la poubelle par les Chefs d’Etat de la Cedeao car en vérité, elle n’est pas une renonciation formelle à l’indépendance mais simplement un ajournement de ce projet sur fond d’erreurs de prémisses et d’analyses ainsi que d’un repli communautariste qui dégage le même relent d’exclusion pourtant dénoncé par les auteurs de ladite plateforme. Le Mali, si l’on reste dans le champ lexical et la vision d’un Mnla dont on vante les vertus retrouvées pour le dialogue, sera un voisin, autant dire un pays limitrophe de l’Azawad dont les Touareg ne sont pas la plus forte composante. Encore que la majorité des Touareg, par la faute de fauteurs de troubles minoritaires, sont devenus de simples numéros matricules dans des camps de réfugiés sur des territoires frères peut-être mais faisant face à leurs propres problèmes eux aussi. Les erreurs, fautes et crimes de l’Etat vis-à-vis de nomades, sur la base de l’ethnie ne sont pas acceptables et pour nous, il y a un devoir de mémoire et de réparation à observer vis-à-vis des victimes innocentes des rébellions passées ainsi que de la chasse au turban qu’elles ont pu occasionner de la part de l’Etat. Mais il ne faut pas confondre l’Etat et les citoyens. Or il y a bel et bien des graves torts portés aux communautés du Nord, Sonrais, Peulh, Arabes et autres qui ont subi le joug du Mnla. Pardonner pour la paix et la survie du Mali est nécessaire. Mais le mouvement Touareg est dans la surenchère, le mépris et la fuite en avant. Il rend difficile les retrouvailles et c’est dramatiquement triste.
Adam Thiam
Le Republicain 12/10/2012