Ce ne sera, sans doute, pas l’étrange pléthore de 2002 mais c’est un scrutin d’alternance et les postulants seront nombreux même s’ils savent qu’il ne peut y avoir qu’un élu. Tous les candidats susceptibles d’être élus semblent, cependant, se distancer de la formule de candidat indépendant, préférant confier leur sort à un parti politique. C’en est ainsi de Soumana Sacko et de Cheick Modibo Diarra, Moussa Mara et Madani Tall pour ne citer qu’eux. Histoire, sans doute, de signifier qu’ils ont compris que n’est pas ATT qui veut. Mais de la même manière, les acteurs ont compris qu’un parti seul ne peut garantir Koulouba. Les Pur, rassemblement d’une vingtaine de partis, en est l’illustration.
Plus sérieusement encore, le projet d’alliance qui se discute entre l’Adema, l’Urd, le Rpm et le Parena et qui s’il aboutit a l’arithmétique de son côté. Reste le singleton Modibo Sidibé qui n’a encore dit à personne que Koulouba est pour lui un objectif. Mais, il n’a pas, non plus, désarmé le dispositif qui s’est mis en place pour lui récemment. Pour l’opinion, c’est déjà un « délit » de candidature. La seule peut-être qui, le cas échéant, emprunte à ATT sa stratégie de conquête du pouvoir lancée à partir d’une galaxie de mouvements de soutien avant, qui sait, le ralliement par étapes des formations politiques. A la seule différence qu’en 2002, ATT était une légende vivante qui avait, pour beaucoup de nos compatriotes, beaucoup à perdre en redescendant dans une arène qui lui devait une fière chandelle, Modibo Sidibé serait fortuné de ressembler à celui qui, pour les uns reste son mentor caché et son bourreau imprévu pour les autres.
Plus que les mots, c’est le fait pour le général de police de quitter ses fonctions dans les délais prévus par la loi sur les incompatibilités qui informerait sur les stratégies de la « boîte noire » de la 3è République. Il est vrai qu’avant la convocation du collège électoral, des questions essentielles méritent d’être réglées. Celle devenue brûlante, passionnelle mais tangente de quel fichier électoral supporteront les joutes de 2012. S’il est paradoxal que le Ravec bien que promis ne puisse servir, il faut tout de même reconnaître qu’aucun fichier électoral ne protège de la fraude. La fraude généralisée relève de la volonté et de la décision politiques et elle requiert la complicité de l’administration. En un mot, quand le pouvoir ne veut pas de mauvaises élections, il a les moyens de les limiter.
Les fraudeurs, ne l’oublions pas, sont les militants des candidats et plus ceux-ci sont intègres, moins ils se laissent aller. Cependant, un fichier fidèle peut enrayer les risques structurels de la fraude électorale. Mais parmi les défis les plus importants, n’oublions pas celui d’une Cour constitutionnelle indépendante, rigoureuse et juste. Le débat mérite l’attention collective dès maintenant. Pour conjurer tous les Yao Ndré, nous devons alors méditer notre parcours récent et celui des voisins, l’histoire étant à la fois repère et enseignement. L’essentiel, étant après tout que le pays reste au dessus de tout et de tous.
Adam Thiam
Le Républicain 03/06/2011