Ils étaient venus très nombreux les responsables politiques et des représentants de la société civile pour écouter l’Ambassadeur de France au Mali. Le jeu en valait la chandelle puisqu’il s’agissait d’un sujet d’actualité : «la politique française au sahel : le cas du Mali». Dans son propos introductif, le Secrétaire général de l’amicale des anciens de l’UNEEM, Oumar Arboncana Maïga, a déploré «la cacophonie au sommet de l’Etat» et invité le Président de la République par Intérim et le Premier ministre à «parler le même langage». Tout comme depuis quelques temps, le Secrétaire général de l’AMS-UNEEM a dénoncé les agissements de la médiation burkinabé, qui selon lui, «embrouillent la recherche de la solution à la crise».
En abordant le thème de la politique française au sahel, le cas malien, l’Ambassadeur Christian Rouyer a rappelé les deux aspects essentiels de la coopération entre Paris et Bamako. Il s’agit selon lui, du maillage de la coopération décentralisée et de la forte diaspora malienne de la France. Il s’est aussi appesanti sur les efforts déployés par Paris, notamment au plan humanitaire après les évènements du 22 mars, pour venir en aide à notre pays. «La France n’a, en aucun moment, décidé d’abandonner le Mali dans l’adversité. Notre souci est que toutes les régions du Mali puissent s’épanouir dans une démocratie laïque. Ce qui arrive au Mali nous concerne. La France et le Mali ont le destin lié» a-t-il déclaré. Sur la reconquête des régions Nord par les armes, le diplomate français est catégorique. «Rien ne sert à précipiter les choses. Il est démagogique de penser tout de suite à une intervention militaire étrangère. De toute façon, les troupes de la CEDEAO ne sont pas prêtes, l’armée malienne n’est, non plus, prête», révèle Christian Rouyer. C’est dire donc que dans cette reconquête, le bout du tunnel ne se semble pas être pour demain. Réagissant sur les négociations en cours dans la capitale burkinabé entre les autorités de transition du Mali et certains groupes armés, l’Ambassadeur de France explique qu’en nouant le dialogue, les autorités maliennes ne trahissent personne. Elles appliquent la décision du Conseil de sécurité.
Pour le diplomate français, «le fait que le Mali négocie ne doit, en aucune manière, freiner le calendrier de l’opération militaire». Sur d’éventuelle complicité de la France avec les indépendantistes du MNLA et les crimes de guerre qu’on leur reproche, notamment à Adiel Hoc où plusieurs dizaines de soldats maliens ont été sauvagement tués, Christian Rouyer précise que «à l’absence de toute poursuite judiciaire du Mali, les autorités françaises ne peuvent pas refuser l’accès de leur pays à ces responsables. Il n y a aucun mandat d’arrêt international contre eux. Tant qu’il y en a pas, la France ne peut rien. Sauf si nous avons des griefs contre eux». A propos du récent voyage des dirigeants du MNLA sur l’Hexagone, l’Ambassadeur, explique qu’avant de délivrer les visas pour le récent voyage de certains responsables de ce mouvement, la France avait demandé l’avis des autorités maliennes. Mais, a le croire, «personne n’a réagi».
Il faut noter que, sur les banderoles apposées au cours de cette conférence, on pouvait, entre autres, lire : «La solution reste militaire. Tribunal pénal pour le Mali pour plus de justice, pas d’amnistie pour les criminels. Non au racisme noir de l’Algérie et de la Mauritanie». Parmi les personnalités qui ont effectué le déplacement pour cette rencontre, figure, en bonne place, le Dr Soumana Sako, Pr Ali Nouhoum Diallo, Tiébilé Dramé et le doyen Seydou Badian Kouyaté.
Pour la circonstance, Seydou Badian Kouyaté a déclaré que «ceux qui tuent et égorgent les Maliens en ce moment sont venus avec le MNLA».
Yaya Samaké
Le 22 Septembre 10/12/2012