Une mission du Fonds monétaire international dirigée par Christian Josz a séjourné à Bamako du 11 au 25 septembre pour mener des entretiens dans la perspective des premières et deuxièmes revues du Programme économique des autorités appuyé par la facilité élargie de crédit du FMI. Au terme d’une investigation poussée, la mission a découvert des problèmes relatifs aux dépenses extrabudgétaires liées à l’avion présidentiel et au contrat militaires. Les deux contrats avaient d’ailleurs retardé la première revue initialement programmée pour juin.
Ainsi, les audits ont fait toute la lumière sur l’achat du nouvel avion chiffré à 18,5 milliards de F CFA au budget de l’Etat et le contrat du code de programmation militaire de 69 milliards. L’enquête préliminaire de la mission a établi une surfacturation de plus de 30 milliards de F CFA sur les marchés de l’avion présidentiel et le contrat militaire. « Il est prévu de faire l’audit sur toutes les procédures. Et le gouvernement s’est engagé à deux rapports indépendants sur ces transactions, communication relative au processus de sanctions, correction de la surfacturation des contrats militaires, application de contrôles rigoureux aux futurs marchés militaires et incorporation de toutes les dépenses extrabudgétaires au budget de l’Etat », a fait remarquer le chef de la mission, Christian Josz.
Et de préciser que « si le gouvernement honore ses engagements, les conclusions seront soumises à l’approbation du conseil d’administration du FMI en décembre 2014 pour la reprise des relations avec le Mali ». Quant à la sanction des personnes responsables ou coupables de ces surfacturations, M Josz a indiqué qu’il revient à la justice malienne d’engager des poursuites ou non.
Quant au ministre de l’Economie et des Finance, Mme Bouaré Fily Sissoko, elle a reconnu l’impact négatif de la suspension de l’aide sur le fonctionnement de l’Etat. « Le gouvernement va très bientôt soumettre une nouvelle loi de finances rectificative à l’Assemblée nationale pour régulariser les défenses extrabudgétaires pour un montant de 30 milliards. Cet ajout portera le déficit budgétaire global à 5,8 pour le PIB, à comparer à 5,2% dans la loi de fiances rectificative approuvée en août », a-t-elle expliqué.
Selon nos confrères du 22 Septembre, des sources proches du ministère de la Défense et des Anciens Combattants, le titulaire du portefeuille, Ba N’Daou, a annulé, sur instruction du Premier ministre, tous les marchés d’armement conclus par son prédécesseur, Soumeylou Boubèye Maïga.
La décision a été rendue publique dans la matinée de mercredi 24 septembre. Elle a créé l’émoi au sein du monde des affaires, en l’occurrence au niveau des bénéficiaires des «marchés douteux, soutenus par des surfacturations».
Un des opérateurs économiques concernés, qui a joint au téléphone toujours nos confrères du 22 Septembre, a prévenu : «tu vois ce pays là. On annule abusivement nos contrats, sans aucune explication. Nous cherchons à rencontrer les autorités concernées. En vain. Nous n’allons pas nous laisser faire parce que le FMI dicte à l’Etat ce qu’il faut faire. Si jamais on nous notifie officiellement cette décision bancale du ministre de la Défense, nous assignerons l’Etat en justice. Nos contrats ont été signés en bonne et due forme. Et nous n’accepterons aucune remise en cause inconvenante». Donc, une bataille judiciaire à perspective et des soucis pour les intermédiaires qui ont pris des pots de vin.
Bréhima Sogoba
Source: L’ Indicateur Du Renouveau 2014-09-26 11:43:31