Les incursions sur le territoire malien inquiètent et montrent à dessein le manque de volonté du gouvernement à assurer la défense de notre pays. Le Comité central du parti SADI s’est beaucoup inquiété de la question. Une interpellation du ministre de la défense et des anciens combattants a été formulée par l’honorable Oumar Mariko, secrétaire général de notre parti. Depuis plusieurs années, avec le problème du nord, la défense du territoire semble être une chasse gardée du Président de la République et du ministre de la défense.
L’Assemblée nationale n’est à aucun moment informée et c’est avec une grande surprise que nous apprenons l’incursion de la France et de la Mauritanie sur notre territoire. Avec ces incursions, nous sommes dans une totale insécurité. Il est inadmissible que des pays étrangers investissent notre territoire. A quoi sert notre armée ? L’occupation du territoire, ce n’est pas seulement la France et la Mauritanie. C’est aussi Aqmi et les narcotrafiquants. Au lieu de faire un débat sur les reformes, il urge de convoquer une session extraordinaire de l’Assemblée nationale sur ces questions importantes pour la stabilité de notre pays.
Que pensez-vous du débat actuel sur le choix d’un fichier électoral tiré du RACE ou du RAVEC ?
Le ficher électoral issu du Race a montré ses insuffisances. Il a été jugé impropre à être utilisé pour l’organisation d’élections crédibles et transparentes, par tous les acteurs majeurs : le directeur de l’intérieur, la cour constitutionnelle, la délégation générale aux élections et les partis politiques. Malgré toutes les insuffisances, le gouvernement n’a pas pris les dispositions à temps pour doter le pays d’un ficher digne de nom. Au parti SADI, nous refusons de trancher entre le RACE et le RAVEC, pour la simple raison que ces deux recensements ont tous leurs insuffisances. Les pouvoirs publics sont les seuls responsables de la situation. Ils doivent comprendre que les partis politiques ne vont pas accepter des élections faites sur la base d’un ficher peu fiable. Le Parti SADI interpelle le gouvernement malien pour qu’il s’investisse rapidement à doter le pays d’un ficher électoral fiable.
Quelle appréciation faites-vous des reformes constitutionnelle annoncées ? Nous estimons que la priorité au Mali, c’est l’organisation d’élections crédibles. L’initiative du Président de la République vise à occuper l’administration et à orienter l’argent du pays vers une activité qui n’est pas opportune. Cependant, après 20 ans de démocratie, tout le monde est d’avis que la constitution de 1992 est inappropriée pour notre pays qui aspire à une démocratie réellement représentative. En la matière, notre conviction était faite depuis 1992, mais la situation de l’époque, les rapports de force ont imposé cette constitution. Qu’à cela ne tienne, c’est le lieu de rappeler que le régime actuel avait toute la latitude de travailler à cela pendant les 9 dernières années. Ce n’est pas à dix mois des élections qu’on va venir nous imposer ces reformes qui ne constituent pas une priorité et ne participent pas au renforcement de la démocratie.
Quelle est votre lecture du contexte politique et social actuel du pays ?
Le remaniement et la déclaration de politique générale de Madame le Premier ministre devant l’Assemblée nationale ont montré que les grands problèmes du pays sont loin d’être pris en charge par le gouvernement. Sur le plan politique, la grande préoccupation du pays, c’est aujourd’hui la préparation des élections présidentielles et législatives. Il y a une volonté manifeste de ne pas réunir toutes les conditions démocratiques de tenue de ces élections.
La classe politique, dans son soutien inconditionnel au gouvernement, autorise une grande inquiétude pour l’avenir du pays. Aucun des grands partis politiques de notre pays ne travaille à clarifier les problèmes politiques, ne se bat contre les inégalités sociales, ne défend l’indépendance et la souveraineté du pays. Même si c’est un choix politique de soutien au libéralisme et à une politique d’alignement sur les décisions des partenaires techniques et financiers, ils ne peuvent pas tourner le dos à des questions liées à l’intégrité du territoire, au bradage des entreprises publiques viables, à la cession des secteurs stratégiques, à la violence quotidiennement exercée sur les paysans, sur les ouvriers et sur d’autres populations pour des questions de terre et sur la forte corruption qui mine dangereusement les finances publiques. C’est pour cela qu’on dit que la classe politique est sans âme. Sur le plan social, il y a une paupérisation de plus en plus grande des populations. L’école, de l’avis de tous, va à vau l’eau. C’est certainement la deuxième priorité après la préparation des élections.
Assane Koné
Le Républicain 01/07/2011