Malgré les apparences, les relations entre Soumaïla Cissé et l’actuel ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, sont loin d’être bonnes. C’est une guerre feutrée que les deux hommes se livrent dont le dernier avatar est certainement la volonté de l’opérateur économique, Diaby Gassama, de poursuivre le ministère de la Santé pour des « irrégularités dans l’attribution du marché des 500 000 moustiquaires imprégnées d’insecticide ». Une manière d’enfoncer le ministre Touré qui fait déjà face à l’affaire de détournement de sommes importantes du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme.
Mis au-devant de la scène depuis plusieurs semaines à cause du scandale de détournement de plusieurs millions au Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme, le ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, n’a jusqu’ici bénéficier d’aucun soutien de son parti, l’Union pour la République et la démocratie. Bien au contraire, certains de ses camaradesnotamment, ceux proches de Soumaïla Cissé avec qui il est en froid depuis trois ans malgré les multiples médiations, veulent lui faire la fête.
L’opérateur économique Diaby Gassama, PDG de Bèe Sago, et non moins grand soutien de l’ancien ministre des Finances d’Alpha Oumar Konaré, veut bien sûr donner un coup de main à son ami. Selon nos confrères de « l’Indépendant », il s’apprêterait à porter plainte contre le ministère de la Santé pour « magouille et corruption » dans l’attribution des marchés de moustiquaires imprégnées d’insecticide.
Selon le journal, l’opérateur économique dit disposer de documents pouvant confondre le « ministère de la Santé et ses complices » dans, ce qu’il appelle, « les magouilles » autour de la part du Budget national destinée à l’achat de MII. De passage, il se dit prêt à aller jusqu’à Genève, s’il faut, afin de dénoncer la cupidité avec laquelle certains hauts cadres et agents du département de la Santé s’attèlent au détournement des fonds mis à la disposition de notre pays dans sa lutte contre le paludisme. Il aurait aussi dénoncé que les moustiquaires imprégnées mises à disposition de notre pays par les partenaires sont en vente, dans les marchés et souvent à des étrangers venus de pays voisins.
Cette nouvelle affaire dans l’affaire dite du Fonds mondial a des relents de règlements de compte à l’URD dont une partie, notamment celle proche du président de la Commission de l’UEMOA voit au ministre de la Santé une menace pour les ambitions de leur champion. « Il est vrai que les partisans de Soumaïla Cissé seront les premiers à se féliciter à un futur limogeage d’Oumar », nous a confié hier un député élu au Nord qui faisait partie d’un groupe d’élus de l’URD qui ont déjà intervenu entre l’opérateur économique et le ministre. Ils devraient reprendre les négociations quand le premier a réengagé les hostilités sous l’œil amusé des adversaires du second.
Abdoul Karim Maïga
L’ Indicateur Renouveau