Les opérations de secours vont se poursuivre toute la nuit au large de la Libye, où plus de 1.500 migrants ont été secourus dans la journée et où des centaines d’autres étaient encore en détresse.
Dans le même temps, les deux-tiers des quelque 6.400 migrants secourus ces derniers jours sont arrivés en Italie et les autres étaient encore en route, dans des conditions souvent difficiles.
En raison du sommet du G7, les débarquements sont interdits cette semaine en Sicile, ce qui fait passer de 24 à 48 heures le trajet des navires de secours et retarde d’autant leur retour sur zone.
« C’est une journée d’exode massif », a déclaré à l’AFP le général Ayoub Kacem, porte-parole de la marine libyenne.
Quelque 562 migrants récupérés par un pétrolier libyen, dont près d’une cinquantaine de femmes et d’enfants, ont été conduits vendredi soir à Tripoli, selon un responsable des gardes-côtes libyens. Un autre groupe, dont la taille n’a pas été précisée, a été conduit à Zawiya, à 50 km plus à l’ouest.
Les migrants ainsi interceptés sont en général conduits dans des camps pour y être rapatriés, mais nombre d’entre eux sont replongés dans un cycle d’extorsions, violences, viols, tortures et meurtres.
Parallèlement, les gardes-côtes italiens ont envoyé plusieurs vedettes et dérouté des navires commerciaux pour secourir 850 migrants qui prendront la route de l’Italie, tandis que les opérations sur trois embarcations encore en détresse devaient se poursuivre cette nuit, selon un porte-parole à Rome.
Ces opérations sont toujours délicates. Mercredi, au moins 35 personnes sont mortes quand des centaines de migrants sont tombés à l’eau. Et jeudi, deux cadavres ont été retrouvés au fond d’un canot et 7 autres après un naufrage où les secours redoutaient au moins une quinzaine de disparus.
Dans ces conditions, la marine italienne a annoncé avec joie la naissance à bord de l’un de ses navires de la petite Maria Luisa, dont la mère somalienne avait été secourue jeudi.
– Ni eau, ni vivres –
Dans le même temps, une demi-douzaine de ports du sud de l’Italie ont commencé vendredi à accueillir les premiers des plus de 6.400 migrants secourus entre mardi et jeudi.
La Croix-Rouge italienne a annoncé que 250 bénévoles étaient mobilisés depuis l’aube dans les ports concernés, en particulier pour aider au regroupement des familles dont les membres ont été séparés au moment de l’embarquement ou du secours.
Pour les migrants déjà secourus mais encore en mer, la situation était souvent difficile, les navires commerciaux déroutés pour les prendre à bord n’ayant ni eau, ni vivres, ni couvertures à leur fournir pour les deux jours de traversée.
Même le Prudence, affrété par Médecins sans frontières, a lancé un appel à l’aide vendredi: chargé par les autorités italiennes de rallier Naples, il n’y sera que dimanche, alors qu’il transporte actuellement plus de 1.400 personnes, le double de sa capacité.
Depuis le début de l’année, l’Italie a vu débarquer plus de 50.000 migrants sur ses côtes, sans compter ceux secourus ces derniers jours, tandis qu’au moins 1.442 autres sont morts ou disparus en mer selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Si les arrivées du début d’année ont marqué une hausse de 30% par rapport à 2016, l’actuel afflux n’a rien d’exceptionnel. Il y a exactement un an, plus de 13.000 personnes avaient été secourues en 5 jours fin mai 2016, tandis que plus d’un millier d’autres avaient trouvé la mort.
(©AFP / 26 mai 2017 21h50)