En présence des présidents ou représentants des délégations régionales de Kayes, Koulikoro, Kidal, Ségou, Sikasso et du Trésorier, le président de la chambre des Mines du Mali Abdoulaye Pona et le Secrétaire général de l’organisation ont dressé le bilan d’un mandat qui tire à sa fin. C’était au cours d’un déjeuner de presse, le samedi 8 aout 2016 à l’hôtel Salam.
Le secteur minier, le compartiment le plus important de l’économie malienne, après l’Agriculture n’est pas loin de l’ébullition, s’il n’y est pas déjà. La production de l’or en 2015 au Mali a été de 70,254 tonnes dont 46, 7 tonnes produites par les grandes mines et le reste, soit environ 24 tonnes par les orpailleurs du Mali. La valeur de ces 70, 254 tonnes à l’exportation est de 1.304 milliards de FCFA (source : chambre des Mines). L’or représente 70 % des recettes d’exportation en 2015 et 30 % des recettes fiscales.
La chambre des Mines du Mali dont le tout premier bureau a été mis en place en 2011 tend vers la fin de son mandat, ce qui présage l’organisation prochaine du renouvellement de la chambre consulaire des opérateurs miniers.
Si la mise en place du premier bureau de la Chambre des Mines du Mali en 2011 s’est âprement jouée entre opérateurs maliens farouchement engagés pour présider aux destinées des ressources minières du Mali, les échéances à venir risquent de dévoiler des enjeux plus rudes, avec une possible entrée en scène des grandes sociétés industrielles minières qui opèrent chez nous, et détenues par des multinationales étrangères financièrement puissantes. Celles-là même qui sont accusées par de nombreux observateurs de piller les ressources aurifères du Mali, dont l’exploitation et l’exportation échappent totalement à l’Etat malien. Sans compter qu’en exportant son or brut, le Mali perd le bénéfice de nombreuses autres matières dérivées de l’or.
Un des défis du bureau dirigé par Abdoulaye Pona depuis son installation, à ce jour aura été d’avoir une feuille de route dont la colonne vertébrale est bâtie sur l’appropriation par les Maliens de l’or du Mali. Cela passe par le renforcement des sociétés minières maliennes, non pas seulement de droit malien, mais plus particulièrement, appartenant à des nationaux, en accordant des conditions d’exploitation plus avantageuses, sans tomber dans la xénophobie. Cela pourra difficilement être mis en œuvre sans une reforme à travers quelques retouches au code minier qui ne prévoit aucune différence entre les nationaux et les non nationaux, pourvu que la société soit de droit malien. Au-delà de la multiplication et du développement des sociétés minières maliennes, pour qu’une quantité importante de l’or du Mali soit exploitée par des Maliens, la feuille de route Pona prévoit de valoriser l’orpaillage. Elle prévoit 90 couloirs d’orpaillage dans les régions aurifères de Kayes, Sikasso, Koulikoro, en raison de 30 par région, dont un couloir peut contenir mille puits d’orpaillage.
Au-delà du renforcement des sociétés minières du Mali, le développement des petites mines et la valorisation de l’orpaillage, la feuille de route élaborée par le président de la chambre des Mines Abdoulaye Pona vise aussi à rendre opérationnelle la Raffinerie Kankou Moussa « qui permettrait au Mali d’être sur un piédestal », assure Pona. Son projet inclut la taille de pierre et l’atelier des bijoux qui permettront à notre pays de sortir de la dépense et réaliser la plus value avec des produits dérivés qui ont de la valeur en plus de l’or raffiné. Mais actuellement la raffinerie Kankou Moussa piétine, faute de moyens et de courage politique, même s’il n’y a pas de doute que la volonté politique existe d’aller de l’avant, en faisant l’or pour les Maliens. Jusque là l’or malien profite plus aux autres qu’au Mali. Il faut renverser la tendance. Abdoulaye Pona affiche son optimisme quant à l’atteinte des objectifs de la raffinerie, qui est de rendre plus réel, l’impact de l’or plus sur le développement national et en le rendant disponible sur le marché malien.
Après son installation en 2011, la benjamine des chambres consulaires a eu un démarrage difficile avec des coups de canons à la fois au nord – et des bruits de bottes- à Bamako. Le bureau passera deux ans avant d’amorcer un démarrage réel en mai 2014. C’est le tout premier bureau d’une chambre des Mines naissantes sur la base d’une loi qui date de huit années – loi n°04-006 du 14 Janv 2004 portant création de la Chambre des Mines du Mali- qui est à sa première mise en œuvre.
ACQUIS ET PERSPECTIVES
Malgré les contraintes de la CMM, notamment liées aux difficultés de mobilisation des ressources elles mêmes consécutives à la grande crise militaro- socio-politique que le Mali a connu, en 2012 et qui a coïncidé au démarrage de ses activités, elle a engrangé un certain nombre d’acquis présentés par son Secrétaire général, Sekou Yoro Dicko, magistrat de son état. On note entre autres: l’acquisition d’un siège permanent équipé sur fonds propres de la CMM (n’ayant pas jusqu’à la date d’aujourd’hui reçu de subvention d’installation de la part de l’Etat comme cela est de coutume pour les nouvelles structures) ; l’installation de ses délégations régionales dans toutes les régions du Mali (y compris KIDAL) ; la nomination des Secrétaires Administratifs et leur dotation en moyens de déplacement (motos Djakarta pour lesdits agents); l’élaboration d’un manuel de procédures administratives, financières et comptables, validé par la Primature(Contrôle Générale des Services Publics) et adopté par l’Assemblée Consulaire du 10 Janvier 2013 ; la réalisation d’une tournée de prise de contact auprès des sociétés minières en 2012; la réalisation d’une tournée de recueil des attentes et des difficultés auprès des sociétés minières en 2014; la réalisation d’une visite sur les sites d’opération (mines) des sociétés en production dans le sud (région de Sikasso) en 2014; la réalisation d’une visite sur les sites d’opération (mines) des sociétés en production dans l’ouest (région de Kayes) en 2015 ; la réalisation des missions de médiation entre les communautés des orpailleurs et les sociétés évoluant dans les zones de Foroko, Kobada en 2013, 2014 et 2015; la réalisation des missions de recueil des difficultés et attentes et de sensibilisation sur les sites d’orpaillage des zones de Misséni, de Fourou et de Kolondiéba en 2014 etc.
B. Daou