Il le savait d’autant plus qu’il a déclaré, avant «d’échanger» avec notre Dirpub, «vous, les journalistes, dès qu’on vous appelle, tout le monde monte sur ses grands chevaux», pour paraphraser le Directeur de la Sécurité Militaire. A juste titre, le plus souvent, il faut bien le dire! L’incongruité de cette entrevue n’est pas de notre fait et, s’il ne souhaite plus voir ses intentions à notre égard «incomprises», le Colonel-Major Kéita pourrait plus simplement, désormais, «échanger» avec les hommes et femmes de la presse par téléphone, ou même en convoquant une conférence à cet effet.
C’est d’ailleurs au téléphone que l’émissaire du Colonel-Major a déclaré à Chahana: «le Directeur de la Sécurité Militaire, le Colonel-Major Boubacar Kéita, a besoin de vous», avant de poursuivre, lorsqu’il fut interrogé sur le motif de la requête, qu’il s’agissait d’une histoire d’abonnement ou de contrat. D’abonnement ou de contrat, il n’en fut pas question pendant une heure et demie d’horloge, que le Colonel-Major dédiera plutôt à se présenter lui-même professionnellement et à dérouler ses points de vue sur un certain nombre de sujets, avant d’accompagner son «invité» vers la sortie, en lui remettant sa carte de visite et en se faisant présenter notre collègue Pierre Fo’o Medjo, présent au nom de la Rédaction pour les dispositions à prendre au cas où, car, comme on le dit, «chat échaudé craint l’eau froide…».
A 22 Septembre, nous n’avons rien contre la Sécurité d’Etat, la Sécurité Militaire ou tout autre service de sécurité. Ils font leur boulot et nous faisons le nôtre. En ce qui nous concerne, notre boulot, c’est d’informer le mieux possible nos lecteurs, de manière professionnelle, comme la Constitution de notre pays nous en donne le droit. C’est ce que font aussi Hamidou Wane, Birama Fall ou Saouti Haidara, notre ex Dirpub, ce qui ne les a pas empêché d’être eux aussi conviés, sous une forme ou une autre, à aller rencontrer certaines personnes «à l’insu de leur plein gré».
Mon Colonel-Major, ne vous offusquez pas si nous considérons, à la Rédaction de 22 Septembre, comme nos confrères maliens de Paris, que votre invitation, que vous avez qualifiée comme n’étant «ni une interpellation, ni une convocation», confine effectivement à la tentative d’intimidation. Ce ne serait ni la première ni la dernière fois que cela arriverait, à Bamako ou ailleurs. Si le contenu ou la ligne éditoriale de 22 Septembre ne vous conviennent pas, c’est tout à fait votre droit de ne pas apprécier notre prose, mais cela est, à notre avis, du domaine de votre vie privée, dès lors que nous ne contrevenons pas à l’éthique ou à la déontologie de notre métier. Dans le cas adverse, une loi spécifique sur la presse existe au Mali pour réprimer les délits que nous pourrions commettre et, comme citoyens, tous les autres textes peuvent nous être appliqués, au besoin.
Invitation, intimidation ou autre tentative de coercition, nous continuerons sur notre lancée, sur la base de notre propre ligne éditoriale, et, s’il advenait que l’on souhaite nous entendre dans un Service de Sécurité à l’avenir, nous préférerions que l’invitation soit formalisée sous la forme d’une convocation officielle. Ce sera plus clair pour tout le monde.
Ramata Diaouré pour la Rédaction de 22 Septembre 28/05/2012