(Togo First) – Alors que le Togo s’attèle à mobiliser sa diaspora pour la réussite de son nouveau plan de développement, la Banque mondiale vient de publier une mise à jour des envois de fonds des Togolais vivant à l’étranger. Comme dans un récent rapport de la même institution sur la question, rendu public fin 2018, la diaspora togolaise continue d’être l’une des plus dynamiques du continent. Le pays d’Afrique de l’Ouest ferme un top 10 dominé de loin par le Nigeria. Concrètement, les Togolais de l’extérieur ont envoyé plus de 500 millions $ à la maison en 2018, selon la mise à jour parue ce mois d’avril.
Ce montant représenterait, selon la Banque, 8,5% du PIB, faisant également du Togo, l’un des pays ayant le plus fort ratio en Afrique subsaharienne, devant des pays comme le Nigeria ou le Ghana.
Les envois de fonds plus importants que l’APD et les IDE
Au Togo, les transferts de fonds de la diaspora, désormais plus importants que l’Aide publique au développement (APD) et les Investissements directs étrangers (IDE), sont devenus la principale source extérieure de financement, selon des statistiques officielles de 2017. S’ils sont encore « en réalité » sous-estimés, en raison des flux informels, ils constituent une précieuse manne financière sans contrepartie, coup de pouce à une économie dominée surtout par la consommation. Et leur orientation, en est un exemple palpable.
Dans une cartographie de 2017, et publiée mi-2018 par Lomé appuyé par le PNUD, le constat ne se dément pas : 53 % des transferts globaux, sont orientés vers l’assistance des familles restées au pays. L’importance des transferts concentrés sur les secteurs « alimentaires », de la santé et de l’éducation est révélatrice de leur contribution au développement humain du pays. Mais, toujours au regard des études de l’institution de Washington, ils pourraient mieux contribuer à la croissance inclusive. Injecter une partie de ces fonds dans des projets communautaires ou porteurs, pourrait ainsi créer un cercle vertueux, générant des milliers d’emplois.
Une feuille de route pour la diaspora
A l’heure où le Plan national de développement (PND) fait appel à la diaspora, Lomé saisit la balle au rebond. Une feuille de route pour les Togolais de l’extérieur vient d’être officiellement dévoilée par le ministère de tutelle. Elle vise, « à assurer une meilleure organisation de la diaspora togolaise en vue de sa plus adéquate implication dans le efforts de développement du pays », a expliqué Robert Dussey.
Sa mise en œuvre devrait permettre « de mobiliser les investissements, les compétences et le savoir-faire des Togolais de l’extérieur, de mettre en œuvre un programme de coréalisation des projets de développement local dans les régions d’origine des migrants, tout en développant, parallèlement, un projet de volontariat solidaire pour le développement ». Une réponse à l’une des problématiques des transferts de fonds. Mais l’autre principal défi reste entier : le coût parfois prohibitif de certains corridors, surtout africains, est encore un goulot d’étranglement. Sans doute, entre défis et opportunités pour la Fintech en Afrique au regard des perspectives.
Le Nigeria, le géant, pas que de l’Est
Pour rappel, en Afrique subsaharienne, les fonds envoyés par la diaspora en direction de la sous-région ont atteint 46 milliards de dollars en 2018, un record et une hausse de 9,6% par rapport à 2017 où le montant des transferts a été de 42 milliards de dollars.
Le Nigeria à lui seul, reçoit plus de la moitié de cette manne financière, soit 24,3 milliards $. Ses dauphins Ghanéens et kenyans, respectivement 3,8 milliards et 2,7 milliards, sont encore « bien très » loin de rivaliser. Dans l’Uemoa, Sénégalais, Maliens et Togolais partagent le podium.
Fiacre E. Kakpo