Elles se sentent plus femmes, plus désirées et retrouvent une seconde jeunesse. Elles l’avouent non sans une certaine gêne, cette délicieuse impression de voir cet homme devenir plus homme à leur contact et de constater qu’elles ont contribué à son éclosion, qu’elles l’ont pour ainsi dire « révélé à lui-même » grâce à leurs différences.
Dans leurs bras, elles retrouvent, semble-t-il, candeur et fraîcheur et s’offrent une seconde jeunesse. Pourtant, dans la « vraie vie », les choses sont moins évidentes et il ne fait pas bon, lorsqu’on est une femme d’un certain âge, s’amouracher d’un jeune premier. Incomprises, jugées, parfois même condamnées par l’entourage, ces histoires d’amour se heurtent à bien des difficultés. Face à une telle situation, certaines abandonnent, incapables d’affronter le regard et le jugement extérieurs. D’autres, en revanche, décident de se battre, au nom de sentiments qu’elles jugent forts et authentiques. Et la différence d’âge, ça peut aussi, parfois, renforcer la passion. Mais une telle situation porte nécessairement le germe de la discorde et de nombreux obstacles se dressent invariablement devant ces amoureux « pas comme les autres». Une relation de couple est déjà, en dehors de toute spécificité, difficile à gérer au quotidien. Quand, de surcroît, elle est peu ou pas acceptée par l’entourage, qu’elle suscite des réactions inhabituelles chez l’un et l’autre des partenaires, l’harmonie est encore plus difficile à atteindre.
L’homme idéal et le prince charmant : Le bourreau des femmes solitaires
Ironie du sort, ces mariages sont toujours soldés par un fiasco. Elles sont nombreuses et qui n’ont pas encore trouvé l’âme sœur et celles qui croyaient l’avoir trouvée se sont aperçues qu’elles se sont trompées. Ces dernières sont les divorcées, les vielles filles, les blessées de guerre, etc. Il y a aussi le cas de celles qui attendent le retour de leurs fiancés à l’extérieur et qui sont là à attendre leur hypothétique retour pour le mariage. Et tous les moyens sont mis en œuvre même si cela prend une dimension mystique. Contrairement aux jeunes filles qui consultent les marabouts pour trouver le mari fidèle, les femmes mariées y vont pour se protéger et éloigner leur mari d’éventuelles aventures amoureuses. Quant aux femmes dont les maris sont polygames, elles y vont le plus souvent pour, disent-elles, éloigner leurs maris de leurs coépouses ou rendre la vie difficile à ces dernières. Jeunes comme adultes, elles sont toutes des clientes de ces hommes aux pouvoirs mystiques communément appelés marabouts.
Le phénomène est assez répandu dans tout Bamako. Les cas d’espèce, c’est surtout quand elles veulent en savoir un peu plus sur leur vie de couple. Elles y vont pour chercher un mari, mais aussi pour garder le Don Juan qu’elles ont déjà trouvé. Des fois, elles parviennent à leurs fins, mais la plupart du temps, elles échouent. Ce qui ne les empêche pas de continuer à les consulter et à suivre à la lettre leurs recommandations, parfois au détriment de leur bonheur. Elles sont des centaines de milliers de maliennes qui ont la trentaine révolue et ont tout pour plaire mais n’ont pas toujours trouvé « les chaussures à leurs pieds ». Toutes, sans exception, veulent épouser un bon mari, l’homme idéal, le prince charmant, le bourreau des cœurs solitaires, peu importe le prix et le risque que cela doit comporter. Mais elles ignorent que le mariage n’est pas fait pour tout le monde. En fait, les jeunes filles, de part leur nature, cherchent toujours une solution plus facile et rapide pour trouver le prince charmant.
Le Républicain 16/11/2010