Comme aux premières heures de la crise malienne, la communauté internationale s’est une fois de plus mobilisée autour du Mali, lors de la cérémonie de signature de l’Accord et de réconciliation. Dix chefs d’Etat africains étaient venus témoigner de leur amitié et de leur solidarité.
Il s’agit du Président en exercice de l’Union africaine et du Zimbabwe, Robert Mugabe, très nostalgique du 1er Président du Mali indépendant, du Président ghanéen John Dramani Mahama, Président en exercice de la CEDEAO, du Président du Niger Mahamadou Issoufou, de ceux de la Mauritanie, Mohamed Ould Abelaziz, du Nigéria, Goodluck Jonathan, du Togo, Faure Niassingbé Eyadema, de la Guinée Conakry, Alpha Condé, du Rwanda, Paul Kagamé et du Président de la transition burkinabé, Michel Kafando.
L’Algérie était représentée par le Président du Conseil de la Nation algérienne, Ben Salah et le ministre des Affaires Etrangères, Ramtane Lamamra. On notait également la présence de la Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophie, Michaelle Jean, du représentant de l’Union Européenne, Michel Reveyrand de Menthon et de celui du Secrétaire Général de l’ONU, Hervé Ladsous, à qui le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a asséné ses quatre vérités, avec la fermeté qu’on lui connaît.
IBK appelle l’ONU à faire preuve de justice et d’équité
En effet, en réponse au Sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix des Nations-Unies, le Président de la République a rappelé que le dialogue a toujours été la marque du peuple malien. «Au Mali, nous ne savons pas faire autrement. Nous dialoguons entre frères et sœurs. Le cessez-le-feu, bien sûr, nous y sommes acquis. Avons-nous jamais violé un cessez-le-feu? Avons-nous jamais violé la cessation des hostilités, quand elle a été décrétée? Jamais.
Pour autant, Monsieur Ladsous, je l’ai dit au Secrétaire général des Nations-Unies, il serait convenable, il serait séant, que les Nations-Unies fassent preuve de justice et d’équité à cet égard. Chaque fois qu’il y a eu violation du cessez-le-feu, nous avons acté. Nous avons signalé. Rarement nous avons été entendus. On a toujours dit, oui les parties.
Un peu de respect pour notre peuple. Le peuple du Mali est un peuple de dignité avérée au long des siècles. Un peuple qui n’a jamais manqué à ses engagements internationaux. Et il continue de le faire aujourd’hui, pourvu qu’en retour il soit l’objet d’un minimum de respect», a martelé IBK.
Le Président IBK a également adhéré à l’idée que l’accord reste ouvert à la signature de ceux qui n’en ont pas encore compris l’intérêt. «Bien sûr, nous y sommes favorables, pourvu qu’il ne soit pas une prise en otage du Mali et de la paix au Mali. Je suis très clair là-dessus», a-t-il déclaré.
IBK smashe Hervé Ladsous
Autant la signature de cet accord par le gouvernement, la communauté internationale et les mouvements armés de la plate forme suscite de l’espoir pour le Mali, autant l’absence des mouvements armés de la CMA provoque l’incompréhension. Car, après le paraphe de ce document, la veille à Alger, par la CMA, le monde entier était en droit de s’attendre que les mouvements armés kidalois signent l’accord de paix et de réconciliation avec le Gouvernement malien. Mais c’était connaître mal ces gens, qui ne connaissent manifestement que le langage de la guerre.
C’est pourquoi le représentant du Secrétaire général de l’ONU a voulu prendre les devants en disant qu’il n’était pas question que l’on profite de l’accord pour attaquer ceux qui ne l’ont pas signé. Il n’en fallait plus pour provoquer la colère d’IBK, qui, sans porter de gants, a smashé Hervé Ladsous.
«Nous ne sommes pas des gueux. Monsieur Ladsous, nous sommes des gens de bonne compagnie. Nous sommes un peuple de vieille civilisation. Jamais, depuis qu’elle a été cantonnée, l’armée malienne n’a manqué à ses engagements. Cantonnée dans la ville de Kidal. Il a fallu que je le dise à la CEDEAO pour que nos frères comprennent quelle était la situation surréaliste que notre armée vivait en Kidal.
Le Mali a accepté beaucoup. Le peuple malien est à saluer. Mais que nul ne se trompe sur la qualité de sa dignité, de son sens de la dignité. Nous avons donc dit à Monsieur le Secrétaire général des Nations-Unies que nous restons évidemment ouverts à nos frères, qu’ils comprennent l’urgence à signer l’accord de paix. Nous avons eu mal à notre être malien quand la rentrée scolaire survenue.
Dans tout le Mali, les jeunes maliens sont allés à l’école, sauf ceux de Kidal. J’ai pleuré dans mon cœur. Parce que ce n’est pas une histoire de cas malien pour moi. C’est une histoire de vie malienne pour moi. Je vis cela dans ma chair, dans mon être. Je ne joue pas avec cela. Ce n’est pas un cas académique. C’est un vécu humain très fort. Je dis donc qu’il est temps que le Mali renaisse».
Avant d’ajouter: «que ceux qui ont charge et mission à nous aider fassent en sorte que le jeu soit transparent, qu’il soit d’égal partage et que nul ne se méprenne et puisse prendre telle souplesse dans l’engagement, telle ouverture, pour une faiblesse ou un encouragement à perpétuer dans l’erreur. Ce ne serait pas rendre service à la paix mondiale».
Pour finir, IBK a tendu une main ultime, espérons-le, à la CMA, pour que ses membres puissent signer cet accord. «Le temps est venu de se faire confiance. Mon cher Bilal, aies confiance en moi. Ayons le courage d’aller vers la paix. Le monde entier s’est soucié de nous. Ayons souci de nous-mêmes», a-t-il conclu. Il faut espérer que cet appel soit entendu pour que le Mali puisse retrouver le bonheur du vivre ensemble perdu à la faveur de cette crise.
Youssouf Diallo
Source: Le 22 Septembre 17/05/2015