Pour une histoire de bœufs volés, éleveurs et agriculteurs se sont battus à mort le week-end dernier dans la localité de Dioura. L’absence prolongée de la justice a fini par transformer la commune rurale du Kareri dont Dioura est le chef lieu de commune en un immense espace de désolation. Le gouvernement doit parer au plus pressé pour éteindre ce nouveau foyer de tension où plusieurs militaires ont déjà perdu la vie.
Entre le vendredi 26 et le lundi 29 août, le sang a coulé deux fois dans la même commune rurale où l’insécurité a franchi un seuil inquiétant. D’abord, c’est un affrontement entre éleveurs et agriculteurs qui a fait 5 morts lors d’une escarmouche au sujet de bétails volés. Pourtant, voler du bétail n’est pas une pratique nouvelle dans la zone qui fait partie du delta central où un règlement vieux de plusieurs siècles régit tant bien que mal les pratiques économiques locales.
Même ces codes datant de la Dina, l’empire peul du Macina, ont montré leurs limites dans un environnement marqué par le dérèglement climatique. Il faut craindre que les conflits interminables réglés il y a quelques années devant les tribunaux ne dérapent pas guerre ouverte aujourd’hui, à cause de la monté de l’insécurité dont les populations sont les premières victimes.
A peine les morts de l’affrontement du vendredi étaient enterrés, un nouvel incident fut signalé le 29 août dans la même localité de Dioura. Mais plusieurs civils qui auraient pu être sauvés ont perdu la vie dans le Kareri où milices et groupes armés fondamentalistes se plaisent à instrumentaliser les conflits locaux autour des moyens de subsistance.
Et faute de protection, c’est toute la région de Mopti qui risque de prendre goût à la vendetta comme moyen de règlement des problèmes entre communautés, ce qui pourrait être un échec total pour les forces armées censées protéger les populations. Selon les responsables de l’association des amis de la culture peule Tabital Pulaaku, la présence des forces de sécurité dans le Kareri et toute la zone inondable du delta central reste en deçà des attentes.
La tension est vive entre les communautés depuis mais dernier. A cette époque plus d’une trentaine de civils avaient trouvé la mort dans des affrontements ente Bamabara et Peuls. Après le massacre de mai, le gouvernement avait entrepris de faire arrêter la violence intercommunautaire dans la zone.
Mais la commission créée pour mettre un terme au bain de sang n’aura été efficace que pour quelques deux mois. Les cadres de la zone, qui sont préoccupés par la situation, voudraient que le gouvernement malien prenne des mesures urgentes pour sécuriser les populations.
Les groupes terroristes sillonnant la localité tentent de récupérer ces affrontements intercommunautaires. L’Alliance pour la sauvegarde de l’identité peule pourrait jeter de l’huile sur le feu, car les milices Bambara, tout comme l’armée nationale, sont indexées par ce groupe armés qui a ouvertement choisi le camp des terroristes de la zone de Ténenkou où une des dernières attaques contre l’armée a coûté à la vie à cinq militaires maliens.
Soumaila T. Diarra