Situé à 347 km de Bamako dans la région de Ségou, Niono est un cercle connu et très réputé pour sa grande production de produits de première nécessité. Cependant, cette localité échappe au contrôle de l’Etat car elle est devenue un vrai nid des groupes armés terroristes qui s’attaquent aux populations, avec comme conséquence l’exode vers la ville de Ségou, voire Bamako.
La situation sécuritaire de Niono a atteint des proportions démesurées et on ne saurait établir un quelconque bilan de tout ce qui arrive. Dans la région de Ségou au centre du pays, Niono connu pour sa production de riz et ses diverses productions agricoles, ce cercle est devenu le théâtre d’un conflit incessant qui oppose les djihadistes de la Katiba Macina, liés à Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique), et les chasseurs traditionnels dozos qui forment une sorte de garde locale. Au début du mois de juillet, un accord avait été signé pour trouver un semblant de paix et permettre aux habitants des différents villages de vaquer à leur occupation mais cet accord est rompu et depuis quelques temps, les attaques meurtrières redoublent d’intensité.
Pour la défense de cette zone, les chasseurs traditionnels dozos, qui s’efforcent de tenir tête aux djihadistes, déplorent des victimes. Ils sont débordés par la horde de djihadiste. Mais eux aussi sont accusés de violence. Selon certains témoignages, ils pénètrent dans des villages pour exiger de l’argent et des jeunes hommes afin de combattre. Les têtes de bétail sont volées par centaines, les marchés désertés par les bergers qui se font attaquer en chemin et par les clients qui déplorent le manque de certains produits alimentaires.
Contacté par téléphone, un témoin dans la zone raconte la situation difficile dans laquelle ils vivent quotidiennement. Sous le couvert de l’anonymat, il dénonce l’absence des forces armées et de sécurité dans cette zone. « Nos militaires sont censés nous protéger contre ces bandits de grands chemin, hélas nous sommes livrés à nous-même et on est dans l’obligation de se conformer aux ordres de ces barbares qui nous font subir tout sortes de sévices. Nous ne pouvons plus exercer certaines activités génératrices de revenus comme l’agriculture, l’élevage et le commerce des bétails » raconte notre interlocuteur. Toujours selon lui, c’est le manque de sécurité qui est à l’origine de ces nombreuses personnes qui quittent les alentours pour sauver leur vie. D’autres sources proches à Niono confirment l’absence des forces armées maliennes pour secourir les populations en danger. « Les convois des militaires envoyés au secours de la population se replient à Ségou. Cela a alimenté une très grande peur et crainte chez bons nombres de personnes qui ont alors choisi de s’exiler vers les zones plus sures » et il poursuit en dénonçant certains comportements peu orthodoxes pratiqués par les chasseurs dozos. Selon lui, ils obligent la population à payer des taxes en nature ou en espèce et s’adonnent parfois aux rafles des paisibles citoyens.
Par ailleurs, les bandits armés, profitent de cette situation pour alimenter la peur et la crainte chez les populations. Certaines sources racontent que chaque dimanche, depuis maintenant plusieurs mois, il y a des bandits qui s’attaquent aux convois des forains qui tentent de rejoindre le marché de Niono. Ceux-ci sont dépouillés de tous leurs biens.
Les habitants lancent un cri de cœur aux autorités de la transition afin qu’elles interviennent dans la zone pour assurer leur sécurité et leur permettre ainsi de retourner au travail et retrouver leur vie d’avant. Le nombre de victime dans cette zone ne fait qu’accroître et pour mettre de l’huile sur le feu, l’armée régulière est constamment accusée de crime contre les populations qu’elle est censée protéger.
Ahmadou Kanta
Source : L’Observatoire