Situé en plein cœur de Bamako, dans le quartier de Quinzambougou, le Centre national de transfusion sanguine communément appelé ‘’Banque de sang’’ a pour vocation de stocker et de fournir du sang selon les besoins exprimés par le personnel médical pour la prise en charge des malades est en passe, aujourd’hui, de devenir un centre de business.
La transfusion sanguine étant un maillon essentiel de la chaine dans la prise en charge correcte des patients, le Centre national de transfusion sanguine est devenu au fil des années une source d’espoir pour les malades. Aujourd’hui, le nom de ce centre rime avec désordre.
En effet, au centre national de transfusion sanguine, les tests ne font plus l’objet d’un contrôle strict, les laborantins manquent de concentration car certaines poches de sang n’atteignent pas la quantité demandée, les erreurs se font sur certains résultats et du sang et remis aux patients avec un rhésus non demandé. C’est ce cas qui m’est arrivé le vendredi 22 juillet passé. Ce jour là, j’ai déposé les dossiers nécessaires pour deux poches de sang de groupe B et de rhésus positif (B+). Comme exigé, je me suis fait accompagner par deux personnes qui ont fait des dons de sang pour remplacer les deux poches qui seront récupérées. Et comme convenu, on repasse, dans la même journée, à 14h pour prendre les deux poches de sang dont nous avons fait la requête le matin. Malheureusement, l’on n’a pu entrer en possession que d’une seule poche et rendez-vous fut pris pour le lundi afin d’avoir la seconde alors que nous étions dans une situation d’urgence. Désespéré, je m’en remets à Dieu et envoie l’unique poche à l’hôpital.
Je n’étais pas au bout de mes surprises. Une fois à l’hôpital, on remit la poche de sang au médecin traitant qui, en bon professionnel, a prit le temps de le revérifier. Et il se rendit compte que la quantité était de 250ml au lieu de 450ml et pire le sang n’était pas B+ mais O+. Qu’allait-il arrivé au malade si on l’avait administré ce sang sans vérification ? Heureusement, plus de peur que de mal car l’hôpital a pu trouver une solution pour les deux poches de sang nécessaires pour l’intervention. Une fois de retour de l’hôpital, je racontais cette mésaventure à un donneur volontaire de sang qui tout en prenant le soin de me présenter sa carte de donneur m’a raconté comment il fut appelé un jour par le centre pour l’informer que son sang est infecté et qu’il est atteint d’hépatite B. On l’invita à se rendre au centre pour une vérification. Plus tard on l’a informé qu’il s’agissait d’une erreur, le centre s’était donc trompé.
Ledit donneur arrêta de donner son sang car pour lui, il pourrait mourir de crise cardiaque si jamais pareille situation venait à se reproduire.
A tous ces problèmes qui relèvent de l’ordre de la négligence, vient s’ajouter le business de sang. En effet, ce même vendredi matin lorsque je patientais à la Banque de sang, je me suis fais accoster par un monsieur qui m’a proposé une accélération de la procédure pour pouvoir accéder rapidement aux deux poches de sang en échange de 15.000 FCFA la poche. Ce business serait entretenu par certains médecins. Ces médecins vendeurs de sang humain ont laissé leurs contacts à certaines personnes qui devaient les appeler au cas où les parents disent être pressés pour l’obtention du sang. Comme dans tous les services au Mali, nous constatons au centre de transfusion sanguine un manque de sérieux, un groupe d’incompétents, des gens corrompus, assoiffés d’argent. Avec ces actes d’incivisme, ces individus ne se soucient point de la vie des autres. Mais hélas plusieurs personnes meurent par la faute de personnes mal intentionnées voulant profiter de tout oubliant que le sang est sacré et n’est pas un produit à commercialiser. L’appel est lancé à ceux qui nous avaient promis de combattre la corruption en boutant hors du Mali le désordre qui règne dans nos services.
Bakary Koné, Journaliste Reporter d’Images