Investi par la Cour suprême président de la Transition le 7 juin 2021, le Colonel Assimi Goïta a porté son choix sur le président du Comité stratégique du Mouvement du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), comme Premier ministre et Chef du gouvernement.
La mission assignée à Dr Choguel Kokalla est la formation d’un gouvernement inclusif pour mettre en œuvre la Feuille de route de la Transition et surtout amorcer l’indispensable rectification du processus en cours.
Et cent jours après, force est de reconnaître que les lignes sont en train de bouger, timidement, mais sûrement.
Cent jours après, l’équation sécuritaire mérite qu’on y prête une attention spéciale de même que la montée du thermomètre politique eu égard aux agendas et ambitions particuliers et personnels des différents acteurs.
Nous nous sommes intéressés au bilan sur le plan des efforts consentis pour l’apaisement du climat sociopolitique et sur le vaste chantier de la paix et de la sécurité.
La rectification de la transition est bien amorcée par Dr Choguel Kokalla Maïga, n’en déplaisent à ses détracteurs.
Pour ces proches, ceux-ci (détracteurs) cherchent la petite bête.
Et cela d’autant plus que, souligne un conseiller, «les sujets qui font polémiques sont instrumentalisés à des fins politiques pour contrecarrer la mise en œuvre du Programme d’action du Gouvernement (PAG), plébiscité le 2 août 2021 par le Conseil national de Transition (CNT)».
Ainsi, démontre-t-il, «la prolongation du délai de la Transition s’invite dans un débat fort polarisé où faute d’arguments à opposer, la personnalisation prend les allures de plaidoyer pro domo.
Et L’affaire dite Wagner intervient dans le contexte comme le pain béni pour les uns, le calice pour les autres».
En cent jours, qu’est ce qui n’a pas été fait ? Qu’est ce qui reste à refaire ? Voilà des questions pertinentes et objectives que les Maliens soucieux de l’avenir de leur pays se posent.
Le Mali nouveau, le Mali Kura est à bâtir, à refonder sur la vertu prônée par le président Assimi Goïta à partir de la rectification du 24 mai 2021.
Et si le Mali Kura est à refonder après la tenue des Assises nationales de la refondation (ANR), un rendez-vous devant engager la Nation malienne pour son présent et son avenir, des actes concrets ont été déjà posés dans le sens de la farouche volonté de changement des autorités de la transition.
Au niveau de l’apaisement du climat social et politique par exemple, le gouvernement de Dr Choguel Kokalla Maïga a multiplié les initiatives et engagé des actions avec les organisations syndicales pour ramener la quiétude sur le front social ; avec les acteurs politiques et les Mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (APR) dans un souci d’inclusivité et de recherche de consensus, le plus large possible, sur les grands sujets de la vie de la nation.
On se rappelle que la rectification de la trajectoire de la transition est intervenue le 24 mai 2021 dans un contexte de très grande tension sociale.
L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), la principale centrale syndicale, s’apprêtait en effet à déclencher une grève illimitée après une série de cessations concertées de travail entre les mois de mars et avril.
Le Premier ministre a, dès sa nomination, érigé le dialogue social au rang des priorités afin de créer les conditions de sérénité nécessaire à une transition apaisée en vue de l’adoption d’un pacte de stabilité sociale.
Les protocoles d’accord signés avec les trois grandes centrales syndicales UNTM, CDTM (Centrale Démocratique des Travailleurs du Mali) et CSTM (Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali) entre les mois de juin et août 2021 ainsi qu’avec les syndicats sectoriels, s’inscrivent dans cette perspective.
D’ores et déjà, l’harmonisation de la grille indiciaire des travailleurs régie par le Statut général de la Fonction publique constitue également une avancée significative afin de mettre un terme aux grèves incessantes.
Aujourd’hui, le gouvernement s’attèle à l’organisation de la conférence sociale destinée à prendre en charge toutes les préoccupations du monde du travail et à refonder le pacte social.
A noter aussi, à l’actif du gouvernement pendant ces cent premiers jours, le paiement de six mois d’arriérés de salaires des travailleurs de chemin de fer du Mali ; le règlement des droits des partants volontaires à la retraite et les compressés dont le dossier était en souffrance depuis près de 30 ans.
Des efforts perceptibles sur le chantier de la paix et de la sécurité
Pour Dr Choguel Kokalla Maïga, «le renforcement de la sécurité constitue la trame de fond du Plan d’action du Gouvernement».
Ce qui ne surprend pas car ce chantier est l’un des déterminants de la Transition et la condition sine qua non pour la tenue du scrutin référendaire et des élections générales de 2022.
La stratégie du gouvernement pour réaliser les activités contenues dans le Plan d’action du Gouvernement vise à renforcer les effectifs des Forces armées et de sécurité pour un meilleur maillage du territoire, à travers le recrutement de personnels dans tous les corps de l’Armée.
Elle est également axée sur le renforcement des capacités, des vecteurs aériens et la poursuite de la construction des «Bulles de sécurité» pour mieux faire face à la guerre asymétrique dans le cadre de la très efficace «Opération Maliko».
Il est incontestable que la situation sécuritaire demeure fragile voire préoccupante au Mali et au Sahel.
Toutefois, les efforts déployés ces derniers mois ont permis une amélioration notable de la sécurité en maints endroits du territoire national et la baisse du niveau de violence.
Cette situation résulte de la multiplication des patrouilles de courte, moyenne et longue portées qui visent à rechercher et à détruire les Groupes armés terroristes (GAT).
L’accélération du processus de désarmement, démobilisation, réinsertion et intégration des ex combattants (DDR) connaît aussi des avancées, sans préjudice des détails techniques en cours de discussion entre le gouvernement et les Mouvements signataires de l’Accord sur les quotas des ex combattants à intégrer et à insérer dans les corps de l’État et dans la vie socioéconomique.
Quant à la dissolution des groupes d’autodéfense, l’accent est en train d’être mis sur l’approche communautaire en cohérence avec les initiatives de stabilisation du centre.
Aujourd’hui, le gouvernement de Transition et les mouvements signataires de l’APR poursuivent sa mise en œuvre dans un esprit de confiance et de responsabilité au sein du nouveau «cadre Inter malien pour la mise en œuvre de l’Accord».
Les Mouvements signataires de l’Accord sont représentés dans le gouvernement de transition et au sein du Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif intérimaire.
«Tous les mécanismes de mise en œuvre et de suivi de l’Accord sont pleinement fonctionnels, notamment le Comité de suivi de l’Accord (CSA) dont la dernière réunion s’est tenue le 27 juillet 2021 à Bamako», assure la Primature.
D’ailleurs, la 43e session du CSA du 29 juin 2021 a été présidée par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga afin de marquer l’engagement du Gouvernement et renforcer son leadership sur le processus.
Quid des réformes politiques et institutionnelles !
Les évènements du 18 août 2020 ont révélé la profonde aspiration des Maliens au changement.
La rectification de la trajectoire de la Transition, amorcée le 24 mai 2021 est aussi révélatrice de «la nécessité vitale de réaliser les trois besoins essentiels à la survie de notre nation».
Il s’agit des besoins de sécurité, de justice et de réforme (refondation).
C’est ainsi que l’axe II du Programme d’action du Gouvernement vise expressément cette dernière dimension, à savoir les réformes politiques et institutionnelles.
Avant même l’avènement de la Transition, la question des réformes politiques et institutionnelles était une demande unanime de la classe politique et de la société civile maliennes, toutes tendances confondues.
Plus largement, le besoin de réforme tire sa justification et sa légitimité des résolutions du Dialogue National Inclusif (DNI), tenu en décembre 2019 ; mais aussi et surtout des aspirations légitimes qui ont mobilisé des mois durant les populations maliennes sous la conduite du M5-RFP et qui ont abouti au changement de régime le 18 août 2020.
Selon la Cellule de communication de la Primature, les réformes envisagées par le gouvernement de transition vont au-delà des aspects cosmétiques et ne se limitent pas au seul besoin de relecture des textes fondamentaux de la République.
Elles concernent tous les fondements de notre société et tous les secteurs : armée, école, santé, foncier, gouvernance, lutte contre la corruption et l’impunité…
«Leur finalité est de repositionner le Mali sur une dynamique vertueuse à travers des institutions fortes et légitimes à même d’assurer sa stabilité durable», indique la cellule.
De juin à septembre 2021, le Chef du Gouvernement a organisé des rencontres d’échanges autour des grandes questions avec l’ensemble de la classe politique, de la société civile et de toutes les forces vives de la nation, y compris les minorités religieuses, les confréries traditionnelles, les chefferies traditionnelles, les personnes handicapées, les chambres des métiers et les chambres consulaires, les organisations des femmes et des jeunes, les syndicats, bref l’ensemble des segments de la société malienne.
Et cela afin d’impulser une dynamique consensuelle à la refondation.
Hachi Cissé