«J’engage le gouvernement à tout mettre en œuvre pour l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme conformément aux Objectifs du développement durable (ODD), à l’Agenda 2063 de l’Union africaine et au Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD)».
Le président de la Transition, Bah N’Daw, a renouvelé ainsi son engagement pour le respect des droits de la femme dans notre pays à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, hier, à Koulouba.
C’était en présence du vice-président de la Transition, Assimi Goïta, du Premier ministre, Moctar Ouane, des membres du gouvernement, dont la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Bouaré Bintou Founé Samaké, des représentants du corps diplomatique et des Partenaires techniques et financiers.
Cette journée est non seulement l’occasion de célébrer la femme, de faire le bilan des progrès réalisés en termes d’égalité des sexes mais aussi d’assurer le plaidoyer auprès des décideurs et des partenaires sur les préoccupations essentielles de la gent féminine.
Elle offre aussi l’opportunité de sensibiliser l’opinion sur les conditions de vie et de travail des femmes et de se projeter dans l’avenir.
Le chef de l’État partage la pertinence du thème : «Leadership féminin, pour plus d’égalité au Mali dans le contexte de la Covid-19».
Ce thème, selon lui, renvoie à une relance économique plus égalitaire suite à la pandémie. Il a réitéré sa confiance au leadership affiché des femmes dans les domaines de développement.
Pour le président de la Transition, la journée symbolise le courage et l’engagement des femmes pour l’acquisition des droits.
Elle se veut aussi un cadre privilégié d’échanges et de dialogue entre les femmes elles-mêmes et aussi entre elles et les gouvernants sur les préoccupations qui affectent leur vie.
Le chef de l’État a aussi rappelé que les femmes constituent plus de la moitié de la population.
«La Malienne est présente dans tous les domaines économiques, car sa participation à la vie économique est un élément important pour son rôle dans la société», a-t-il témoigné, avant de donner l’assurance de l’engagement du gouvernement à respecter tous les instruments juridiques régionaux et internationaux auxquels il a souscrits.
Mme Doumbia Mama Koité, porte-parole de la société civile, a rappelé le contexte difficile pour les femmes.
Beaucoup de programmes d’autonomisation, de formation et de financement de projets collectifs ayant un impact sur la vie des femmes ont été fermés ou abandonnés par les partenaires du fait de l’insécurité dans nos régions et communes, a-t-elle indiqué.
Pour Mme Doumbia Mama Koité, le gouvernement doit faire preuve d’un plus grand engagement en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles en instaurant un environnement propice à la participation des organisations de femmes à la planification et à l’examen de la mise en œuvre des engagements internationaux, tels que l’ODD5 et les réponses à la Covid-19.
«Il faut une approche intégrée fondée sur la cohérence des politiques, l’approche fondée sur les droits de l’Homme et l’égalité des sexes pour lutter contre le fondamentalisme, la violence à l’égard des femmes et des filles ainsi que l’élimination des obstacles systémiques qui freinent l’émancipation des femmes», a plaidé Mama Koité.
PAYER UN LOURD TRIBUT- La représentante spéciale adjointe du secrétaire général des Nations unies, coordinatrice résidente et coordinatrice humanitaire, expliquera que le thème international de cette année reste au cœur des priorités des Nations unies.
Mme M’Baranga Gasarabwe a aussi rassuré sur sa constante disponibilité à accompagner les efforts de promotion et d’autonomisation des femmes et leur participation aux processus politique, de consolidation de la paix, de la gouvernance et du développement socio-économique et culturel du pays.
La diplomate a également saisi l’occasion pour délivrer le message de circonstance du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.
«La Covid-19 a anéanti des dizaines d’années de progrès, en matière d’égalité des sexes. Pertes d’emploi massives, fardeau toujours plus lourd des soins non énumérés, scolarités perturbées, explosion de la violence domestique et de l’exploitation : les femmes voient leur existence bouleversée et leurs droits s’éroder».
«Travailleuses essentielles, elles sauvent des vies et portent à bout de bras les économies, les collectivités et les familles.
Au pouvoir, elles comptent parmi les responsables qui ont su maintenir les taux de prévalence les plus bas et dont les pays sont en voie de se relever».
Le plaidoyer en faveur de la femme recommande que les mesures de soutien et les plans de relance ciblent spécifiquement les femmes et les filles mais aussi la nécessité d’investir dans des entreprises appartenant à des femmes.
La ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille expliquera que les femmes paient un lourd tribut à la crise sanitaire. Pour Bintou Founé Samaké, les femmes déjà en situation vulnérabilité et de précarité sont frappées de plein fouet par la pandémie.
Et l’une des conséquences les plus préoccupantes reste l’augmentation de la violence à l’égard des femmes et des filles due aux restrictions de mouvements et à l’arrêt de la plupart des activités.
La ministre a étayé ses propos par des statistiques. Les chiffres démontrent que 83% de femmes contre 73% d’hommes ont subi une diminution et une perte de leurs revenus.
6% de femmes contre 4% d’hommes déclarent avoir perdu complètement leurs revenus.
Les dernières statistiques attestent que le taux de violence conjugale a augmenté de 11% passant ainsi de 43% avant Covid-19 à 54%.
Selon la ministre en charge de la Promotion de la Femme, pour atténuer les impacts de cette pandémie, il faut tenir compte des besoins spécifiques des femmes.
Il s’agit, entre autres, d’impliquer les femmes et les filles dans la riposte contre la Covid-19, de leur fournir davantage de kits de protection contre le coronavirus, d’assurer leur protection sociale en soutenant les ménages vulnérables.
Il faut aussi faciliter l’accès au financement tels que les fonds de roulement pour soutenir le fonctionnement des activités économiques et prendre une loi spécifique pour protéger les femmes, les filles et toutes les couches vulnérables de la société contre les viols, les privations de liberté et autres sévices.
Fatoumata NAPHO
Source: Lessormali