Selon l’UNICEF, si tous les bébés étaient nourris exclusivement au sein dès la naissance, 1,5 million de vies pourraient être sauvées chaque année
Le Mali à l’instar des autres pays de la communauté internationale célèbre aujourd’hui lundi 1ier août 2016 la journée mondiale de l’allaitement maternel. Selon l’UNICEF, si tous les bébés étaient nourris exclusivement au sein dès la naissance, 1,5 million de vies pourraient être sauvées chaque année. Non seulement ces enfants survivraient, mais leur santé s’en trouverait améliorée, car le lait maternel est un aliment parfait, auquel aucun produit manufacturé ne peut être comparé, pour nourrir le bébé pendant les six premiers mois de sa vie. Au Mali, conformément aux recommandations de l’OMS, il existe des directives sur la nutrition et particulièrement sur l’allaitement du nourrisson. A Infosept, profitant de cette célébration, nous vous proposons dans les lignes qui suivent un rappel sur les avantages de l’allaitement maternel.
Pour rappel, la situation de l’allaitement maternel au Mali ne résulte pas d’une politique spécifiquement élaborée et adoptée en tant que telle par le Gouvernement. Il existe au niveau de la santé des directives nationales pour la nutrition de façon générale et particulièrement sur l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. Ces directives ont été élaborées par la Direction Nationale de la Santé à travers sa Division Nutrition en collaboration avec les services techniques de tous les départements concernés et les partenaires. Il existe aussi un plan stratégique national multisectoriel conformément aux directives de la stratégie mondiale de l’alimentation. L’alimentation du nourrisson et du jeune enfant est prise en compte dans la plupart des programmes de santé en rapport avec le nourrisson et le jeune enfant. Le taux de malnutrition ainsi que les facteurs favorisants restent encore très élevés au sein des groupes cibles malgré les efforts consentis par le département de la santé à travers les différents programmes s’occupant de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. Le Pourcentage de nourrisson avec un poids de 2500 g serait de 3,1% ; les enfants de moins de 5 mois victime d’une insuffisance de poids modéré ou sévère de 33%; le pourcentage des enfants de moins de 5 ans victime d’émaciation est de 11%. Les taux de diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans est de 28,7%. En outre, 99% des enfants sont allaités au sein ce qui est une pratique à encourager et seulement 4,15% des enfants sont alimentés au biberon. La durée moyenne de l’allaitement est de 23 mois.
Malgré cela, il est à noter que seulement 32% des enfants allaités sont mis au sein dans l’heure qui suit l’accouchement, 18% sont allaités quelques jours plus tard, 25,7% seulement des enfants moins de six mois sont exclusivement allaités au sein ; 13% des enfants de moins de six mois reçoivent des aliments liquides ou solides autres que le lait maternel et/ou de l’eau, 60% reçoivent une combinaison de lait maternel et d’eau, 1% est complètement sevré.
Avantages de l’allaitement maternel
Pratiquement tous les enfants tirent des avantages de l’allaitement maternel, quel que soit leur lieu de naissance. Selon les spécialistes, le lait maternel contient tous les nutriments nécessaires pour que le bébé soit en bonne santé et progresse bien. Il le protège contre la diarrhée et les infections aiguës des voies respiratoires, deux des causes principales de mortalité infantile. Il stimule son système immunitaire et la réaction immunitaire à la vaccination. Il contient des centaines d’anticorps et d’enzymes qui améliorent la santé. Il est utilisable immédiatement, sans mélange ni stérilisation, et aucun équipement n’est nécessaire. En outre, il est toujours à la bonne température. Les enfants nourris au sein affichent des taux moins élevés de cancers, en particulier de leucémie et de lymphosarcome. Ils sont moins exposés aux maladies telles que la pneumonie, l’asthme, les allergies, le diabète, les infections gastro-intestinales et les affections susceptibles de provoquer des déficiences auditives. Il ressort également des études que l’allaitement maternel favorise le développement neurologique et offre encore d’autres avantages incommensurables. Il est connu que le contact intime entre la mère et l’enfant établi pendant plusieurs heures par jour permet à la mère de communiquer tout naturellement son amour à son enfant dès les premières heures de sa vie, jetant ainsi les bases d’une relation d’amour et de confiance.
Aux termes de la Convention relative aux droits de l’enfant, dont le Mali fait partie, tous les groupes de la société doivent recevoir une information sur la santé et la nutrition de l’enfant, notamment sur les avantages de l’allaitement au sein (article 24). En outre, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes stipule que les États parties doivent fournir « aux femmes pendant la grossesse, pendant l’accouchement et après l’accouchement, des services appropriés ainsi qu’une nutrition adéquate pendant la grossesse et l’allaitement » (article 12).
L’allaitement permet d’économiser des ressources et aide les familles à espacer les naissances
Selon une récente publication de l’UNICEF, l’allaitement maternel permet de conserver des ressources précieuses, telles que l’eau salubre, le combustible et le temps. Pour nourrir un bébé artificiellement, il faut 3 litres d’eau par jour, en raison d’un litre à mélanger au lait en poudre et 2 litres pour stériliser les biberons et les tétines. Pour faire bouillir l’eau une fois par jour sur un feu de bois, il faut 73 kilos de bois par an.
L’allaitement exclusivement au sein, que reconnaissent toutes les religions, évite des grossesses et, dans certains contextes, est le principal moyen utilisé pour espacer les naissances. En repoussant la réapparition de l’ovulation après l’accouchement, des tétées fréquentes et vigoureuses offrent une protection supérieure à 98 % contre la grossesse pendant les six premiers mois d’allaitement maternel. Cette méthode a permis de sauver de nombreuses vies, car les enfants qui naissent peu après un accouchement courent davantage de risques de mourir avant l’âge de 5 ans. Et, il est connu de tous que les substituts du lait maternel sont chers, de qualité inférieure au lait maternel et souvent dangereux. Reconnaissant qu’il convenait de réglementer ces procédés, en 1981, l’Assemblée mondiale de la santé a adopté le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel. Ce code détermine les responsabilités qui incombent aux entreprises, aux agents sanitaires, aux gouvernements et aux organisations concernées en matière de commercialisation des substituts du lait maternel, des biberons ou des tétines. Le Code proscrit totalement toute forme de promotion des substituts du lait maternel, des biberons et des tétines auprès du grand public. Il stipule que les établissements et professionnels de la santé ne doivent jouer aucun rôle dans la promotion des substituts du lait maternel et qu’il ne faut pas distribuer d’échantillons gratuits de ces produits aux femmes enceintes, aux jeunes mères ou à leur famille. Le Code, ainsi que les résolutions de l’Assemblée mondiale de la santé, adoptées par la suite, sont considérés comme une norme minimale, et il doit être appliqué dans le cadre de la législation, des réglementations ou des autres mesures appropriées adoptées au niveau national.
VIH et alimentation du nourrisson
Selon les estimations des chercheurs, près de 4 millions d’enfants de moins de 15 ans vivant en grande majorité en Afrique subsaharienne, seraient séropositifs. Près de 90 % d’entre eux contracteront le virus pendant la grossesse, la naissance ou l’allaitement maternel. Il ressort des études qu’entre 25 et 30 % des enfants dont les mères sont séropositives seront infectés par le virus. La majorité d’entre eux seront infectés à la fin de la grossesse ou pendant l’accouchement, mais 1 nourrisson sur 7 contracterait le virus par le lait maternel.
Toutefois, le risque d’infection doit être comparé aux dangers encore plus grands que représente l’allaitement artificiel.
Vue l’importance de la pratique de l’allaitement maternel, il est demandé aux décideurs d’établir des comités nationaux pour l’allaitement maternel, de promouvoir l’initiative Hôpitaux amis des bébés et d’appliquer et faire appliquer le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel. Les décideurs sont aussi appelé à protéger la maternité, d’assurer la formation du personnel médical et des agents de santé, de favoriser l’allaitement exclusivement au sein pendant une longue période dans l’ensemble de la communauté et de fournir des ressources aux associations de soutien à l’allaitement maternel. La promotion de campagnes, l’intégration des messages relatifs à l’allaitement maternel aux activités concernant la santé infantile et l’amélioration du statut économique et social des femmes sont aussi des points à améliorer pour les Etats.
En somme, la protection de la croissance physique, mentale et émotionnelle de tous les enfants et l’investissement dans leur développement sont les bases d’un avenir meilleur. L’allaitement maternel, qui est à la portée de pratiquement tous les enfants, est la clé de cet avenir. Il faut promouvoir cette pratique en adoptant des politiques appropriées pour que les mères puissent donner à leurs nourrissons tout ce dont ils ont besoin pour grandir en bonne santé.
Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com