Pour plusieurs Bamakois, la manifestation du vendredi 5 juin se comprend, car « ca ne va pas dans le pays ». Mais, estiment-ils, il n’ y a pas lieu d’exiger la démission du président de la République pour plonger le pays dans une nouvelle crise.
Amadou Diango, enseignant à Sirakoro Dounfing: « Le régime, doit ,agir ,intérêt , peuple, mais non à la démission du président élu »
Je pense que la population avait droit à cette marche, vu la situation politico-économique et sociale. Tout le monde sait que ça ne va pas actuellement au Mali. L’éducation, la santé et surtout la sécurité sont voués à l’échec. Si la population juge nécessaire de se lever pour réclamer, je peux dire qu’elle a droit à ça parce que c’est la démocratie, le pouvoir du peuple pour le peuple et par le peuple. Le régime doit agir dans l’intérêt du peuple et non pour l’intérêt de quelques uns.
S’agissant de la démission du président de la République, je ne les suis dans ce jeu. Les manifestants devraient demander le changement de stratégie et non la démission du président parce que ça peut nous ramener en arrière…. »
Cheiknè Niakaté, tailleur à Bolibana: « IBK doit écouter son peuple… »
« Je pense que les manifestants ont raison, parce que le pays est mal dirigé. Rien ne bouge comme prévu, les enfants ne vont pas à l’école, nos droits sont bafoués, l’Assemblée ne se bat plus pour les lois votées. C’est une minorité qui est entrain de tout manigancer. Ce n’est pas une question de Mahamoud Dicko, ni d’IBK, seulement les gens en ont marre de la manière de gouverner. Demander la démission du président n’est pas une solution, vu la situation difficile du pays. Mais il doit écouter les gens d’autant plus que lui-même a indiqué que si nous le voyons dans l’erreur, sans l’arrêter qu’il ne va jamais nous pardonner. Mais si on essaye de l’avertir, tu verras des gens dire autre chose. Il faut que le président sache qu’on n’a pas été acheté ni contraint de voter. Nous avons voté parce qu’on croyait qu’il avait la solution. Qu’il rassemble les Maliens pour mettre les hommes qu’il faut. Il y a beaucoup d’hommes capables dans ce pays qui sont écartés, c’est le moment de les rassembler pour relever les défis…
Niang Mamadou Samba, transitaire à Bamako:« ça ne va pas du tout dans le pays »
Il faut mettre l’intérêt supérieur de la nation au dessus de tout. Je pense que c’est la grogne sociale qui nous a amené à ça aujourd’hui. Le peuple est sorti, ils ont manifesté leur mécontentement et démocratiquement, c’est normal parce que ça ne va pas du tout dans le pays. J’aimerai bien interpeller l’autorité par rapport à cette marche. Elle a été l’occasion pour le pouvoir de bien réfléchir sur sa façon de gouvernance. Il faut toujours regarder dans le rétroviseur pour pouvoir se ressaisir. Je demande aussi au gouvernement d’écouter les manifestants, de les amener à la négociation pour la bonne marche du pays. Je remercie les manifestants en les demandant de manifester à chaque fois si ça ne va pas au Mali. Demander le départ du président est, selon moi, démocratique surtout si c’est fait pacifiquement comme l’ont fait les manifestants du vendredi 5 juin.
Mme Cissé Awa Coulibaly, ménagère:« Qu’IBK quitte le pouvoir… »
Je veux que le président IBK quitte le pouvoir pour que quelqu’un d’autre puisse venir sauver le pays. Depuis qu’il est venu au pouvoir, rien ne marche. Nos enfants ne vont plus à l’école, le Nord est toujours dans la main de rebelles et maintenant c’est le centre qui est menacé. Il faut que les manifestants marchent pour qu’il nous donne notre pouvoir si non je suis sûr que le Sud va nous échapper un jour.
Alou Badra Diarra, commerçant:« IBK n’a rien comme solution »
Je pense que la marche du 5 juin 2020 a été la bienvenue dans notre pays. Je remercie l’imam Mahmoud Dicko et ses associés pour l’initiative parce que le pays va très mal. C’est IBK qui a amené le coronavirus au Mali en acceptant l’atterrissage de l’avion qui contenait les malades venus de la France. Il a dit qu’il est la solution, alors qu’il n’a rien comme solution. Nous devons toujours marcher pour montrer notre mécontentement afin qu’il nous laisse le pouvoir.
Nana Soukho, vendeuse de fruits « IBk a promis des emplois, mais rien »
Je suis contente de la marche organisée par Dicko, parce que depuis qu’IBK est venu au pouvoir, rien ne marche du tout. Tout est cher et les gens s’appauvrissent de jour en jour. Nous souffrons avec nos enfants à la maison. Il nous a promis de l’emploi, mais nos enfants sont toujours au chômage, pas d’école, pas de santé, pas de sécurité. Je veux que le président cède la place à celui qui se soucie de l’avenir de nos enfants.
Boubacar Sidibé, gérant de quincaillerie:« la marche là ne va servir à rien »
Je suis pour la marche du 5 juin, mais je suis sûr que ça ne va servir à rien parce qu’au Mali rien n’aboutit. Personne ne veut aller jusqu’au bout. Si les manifestants s’arrêtent au bout du chemin sans apporter le changement, nous dirons qu’elle n’a servi à rien.
Veuve Nantènè Keita, vendeuse de fruits :« IBK n’en peut plus »
J’ai aimé la marche organisée par l’Iman Dicko, parce qu’IBK n’en peut plus, il a montré ses limites au moment où il bafouillé l’école de nos enfants. Il a pris l’engagement qu’il va résoudre le problème du Nord mais jusqu’à présent nos enfants meurent pour rien dans cette guerre. Tout est cher dans ce pays et il ne fait rien pour apaiser la situation. Le président de la République doit rendre sa démission s’il aime encore ce pays.
Fatoumata Diakité, élève: « Le président doit changer sa stratégie »
Je suis pour les manifestants, parce que c’était pour que le président change sa stratégie. Il n’y a plus d’école depuis 6 mois et le président fait comme s’il n’est pas au courant, cela énerve nous les élèves du Mali. Si c’était son fils qui ne partait pas à l’école, il n’allait pas rester les bras croisés. Je veux qu’il gère le problème de l’article 39 de nos enseignants pour qu’on puisse rejoindre le chemin de l’école. Trop c’est trop, s’il sait qu’il ne peut pas résoudre le problème de l’école malienne qu’il démissionne pour qu’on puisse avoir un peu la paix dans ce pays.
Rassemblés par Abréhima GNISSAMA