Capitaine Amadou Haya Sanogo« Le PM Cheick Modibo Diarra n’avait aucun égard pour le peuple…..

Pour le Capitaine, Cheick Modibo Diarra a été nommé Premier ministre à la faveur des concessions consenties par le Cnrdre au lendemain du 22 mars 2012 (date du renversement du Président ATT) pour le retour à l’ordre constitutionnel. La conjugaison recherchée à travers cette nomination n’a pas atteint les objectifs escomptés car « le premier ministre au lieu d’être un chef d’équipe pour conduire, était presque devenu le point de blocage pour diverses raisons », a relaté le Capitaine à la télévision nationale, le mardi 11 décembre 2012, après le journal de 20h.

Le premier ministre n’a eu « aucun égard envers le peuple » allant jusqu’à déclarer qu’il ne savait pas à qui il remettrait sa démission en cas de besoin. « Il ne reconnait pas l’autorité du Président de la République, au moment où nous qui avons posé l’acte avons concédé sur beaucoup de choses, reconnaissons l’autorité du Président de la République Dioncounda Traoré ». Par-dessus tout, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra avait pris goût à ne plus s’adresser à personne, à ne plus rendre compte à personne, selon le Capitaine Sanogo. Conséquence : « le blocage au niveau de l’équipe gouvernementale provoqué par des ambitions personnelles du chef du gouvernement ».

Le Premier ministre, qui au moment du choix porté sur lui, n’a affiché aucune ambition politique pour les élections à venir, a fini par freiner les activités du pays pour ses ambitions personnelles démesurées. Il fallait, selon le Capitaine Sanogo, réagir au plus vite pour éviter au pays de sombrer davantage. « Je dois avouer que depuis des semaines je reçois des délégations ici qui viennent témoigner  leur ras le bol pour diverses raisons ». Aussi, alors que les assises nationales devaient se tenir le lendemain (mardi) Cheick Modibo Diarra était en partance pour Paris. Alors que ces assises  constituent un point déterminant  de la vie de la nation, a déploré le Capitaine Sanogo. « Je pense qu’il devait plutôt s’atteler à associer tout le peuple à ce forum pour chercher à prendre les bonnes décisions », explique -t-il.

« Lui-même nous avait dit qu’il nous remettrait sa démission… »

« Nous n’avons pas contraint le Premier ministre à démissionner mais nous avons facilité. Il y a quelques semaines lui-même nous avait notifié, en nous disant que si nous voulions son départ, il nous remettrait sa démission. Il ne voulait le donner ni au Président de la République ni à personne d’autre. Ainsi nous avons cru qu’il était nécessaire de lui demander de remettre sa démission. D’où sa présence à Kati où il nous l’a remise ».

Certains ont pu croire qu’entre le Premier ministre et les militaires, il y avait un problème en rapport avec une intervention des forces internationales au Nord qui est prônée par lui et que nous aurions refusée, a poursuivi le président du Comité militaire. Il a démenti cela en affirmant que les militaires maliens ne s’y opposent pas. « Nous en  avons besoin, tant que ça peut sauver des vies », a-t-il dit. Il a affirmé que Cheick Modibo Diarra allait très bien. « Il a remis cette démission sous aucune pression, sous aucune forme de violence … Cheick Modibo Diarra n’est ni arrêté ni en résidence surveillée. Le temps que le nouveau premier ministre soit nommé par son Excellence le Président de la République par intérim et il passe les consignes. Et il sera libre de tous ses mouvements comme tout autre ancien premier ministre ou ministres du gouvernement ATT. Quels sont les raisons qui nous pousseront à lui rendre difficile ou à lui faire un traitement particulier ? », s’est interrogé le Capitaine Sanogo.

Le président du Comité militaire a tenu à rassurer les partenaires du Mali : « Le premier ministre pouvait démissionner de lui-même naturellement. Et il pouvait aussi être changé par son Excellence le président de la république par intérim. L’administration est une continuité. Je pense que tout va bien. Tout est acquis. Le premier ministre entrera en fonction quand le président de la république le décidera. Il va faire son équipe qui d’ailleurs va être en majeure partie formé par l’ancienne équipe parce qu’il faudrait qu’il y ait une continuité rapide pour qu’il parle des assises que le peuple malien et l’opinion internationale attendent et ensuite faire une feuille de route pour que le pays puisse démarrer et pour que nous puissions rapidement faire face à notre mission ».

Il a souligné ce qui lui a paru être un danger en ces termes ; « quand un Premier ministre va jusqu’à payer les paisibles citoyens pour sortir afin de défendre sa cause, et puis quand un Premier ministre arrive jusqu’à payer  des officiers, des sous-officiers  et militaires des forces armées pour se lever et l’appuyer au cas où il serait limogé ; je pense que là c’est dangereux », a-t-il affirmé. On a déjà un acquis. Il y a la stabilité. Le Mali a déjà connu une avancée sur le plan national et international. Il suffit juste de combler par les deux actes : les assises et une bonne feuille de route. En un mot, il devenait réellement  un danger pour ce pays. L’ossature  existante reste, maintenant le nouveau premier ministre va reconduire l’équipe et le Mali marchera, a-t-il poursuivi.

Mon rôle pour le reste de la transition ?

« C’est par décret que je suis président du comité militaire de suivi des reformes des forces armées et de défense. J’ai été nommé par décret du président de la république actuel. Je m’occupe pleinement de mes fonctions. Nous sommes en pleine action. Depuis la nomination du premier ministre, de mars à maintenant, il n’a posé aucun acte. Tout ce que  le ministre de la défense a demandé pour l’équipement et pour assister les forces de sécurité n’a pas eu de suite, le Premier ministre n’a pas fait mouche.

 

En ces moments, il se trouvait peut être dans des hôtels de luxe en Europe ou ailleurs. Je pense que c’est une insulte vis-à-vis du peuple. Personnellement, je m’occupe bien de ma fonction. Ça me va très bien. Si au-delà du cas de Cheick Modibo, si d’aventure quelqu’un  devrait essayer, pour des ambitions personnelles démesurées, d’alourdir le système ou y mettre un terme, je n’hésiterai pas une seule seconde à aider et assister le Président de la République pour que celui-là ne soit pas un goulot d’étranglement pour le Mali. On n’en a plus besoin ».

S’agissant de libération des régions du Nord, pour le Capitaine, il est urgent de reformer  et rééquiper cette armée pour deux raisons. Pas pour le Nord seulement, mais parce que l’armée en a pas besoin. Là aussi, le point de blocage c’était le Premier ministre qui n’a pas donné les moyens demandés. « Et tout ce qu’on a pu mettre en place actuellement, c’est vérifiable, c’est  par les petits moyens qu’on a eu par ci par là pour essayer de remettre  l’existant à niveau. Il n’a été d’aucune utilité dans ce domaine aussi. Même s’il a toujours dit que c’était sa priorité, malheureusement dans la pratique, on n’a rien vu. Jusque-là monsieur Cheick Modibo Diarra, le premier ministre démissionnaire n’a pas donné un seul équipement à l’armée malienne », s’est indigné le Capitaine.

La stratégie militaire m’oblige à garder sous silence, mais je le dis encore, l’armée malienne ne se prépare pas simplement pour la guerre actuelle. C’est vrai on doit le faire tant que besoin y est. On doit le faire quand la décision politique émane. Mais au-delà de ça, l’armée malienne a besoin d’être reformée et rééquipée pour que le citoyen malien à tous les niveaux (à l’intérieur et à l’extérieur du pays) dorme tranquillement sachant bien qu’il y a des forces armées capables d’assurer la sécurité et la quiétude des populations pour que ce qu’on vit aujourd’hui n’arrive plus, a assené le Capitaine Sanogo.

B. Daou
Le Républicain Mali 13/12/2012