En pleine réformes politiques et institutionnelles, les autorités de la Transition, selon le chronogramme établi, doivent organiser les élections générales courant 2023 et celle présidentielle en 2024. Déjà, des manœuvres sont en cours pour encourager la candidature du président de la transition, Col. Assimi Goïta. Au-delà des dispositions de la Charte de la transition à respecter, le cas échéant chef de l’Etat, s’il veut réellement se présenter à l’élection présidentielle de 2024, il y a forcément un préalable.
Jusqu’ici les inquiétudes se situaient autour du respect du chronogramme électoral, mais désormais un autre scénario est tout aussi redouté. Il s’agit bien de la possible candidature du président de la transition, le Col. Assimi Goïta, à l’élection présidentielle de 2024, même si l’on sait que la Charte de la transition n’est pas totalement contre cette éventualité. Depuis quelques semaines, des organisations dont les configurations restent encore à déterminer, continuent de s’investir pour pousser le chef de l’Etat à se porter candidat à la prochaine élection présidentielle prévue dans une année.
Ainsi, redoutée dès les premières heures de la transition par les plus avisés, la candidature du colonel Assimi Goïta n’est plus un débat de l’ombre. Depuis un certain temps, l’on assiste de plus en plus à la naissance de mouvements et associations qui tentent de mettre en lumière les actions du colonel Goïta. Il s’agit, entre autres, du Collectif 5 ans ou plus ; An Bi Ko ; A Mon Mali ; Fusi-Mali ; Forsat Civile et d’Asfia de Fatoumata M’Barka Minthe Hamoudy. Ces organisations travaillent actuellement à faire connaître les réalisations du chef de l’Etat, dont le but est d’amener le maximum de Maliens à réclamer et à soutenir sa candidature à la magistrature suprême.
Lors d’un point de presse, animé le 05 janvier 2023, le Collectif 5 ans ou plus avait ouvertement demandé au colonel Goïta de songer à se porter candidat à l’élection présidentielle de 2024. Mieux, la semaine dernière, des individus répondant au nom de ”sages de Ségou” se sont rendus chez le Chérif de Nioro du Sahel. Cette visite des Ségoviens intervenait deux semaines après celle du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, qui lui avait remis une distinction honorifique faisant de ce dernier un trésor humain vivant. Simple coïncidence ou fait prémédité ? L’on ne saurait répondre.
De toutes les manières, Bouyé Haïdara reste jusqu’ici la plaque tournante de l’instance décisionnelle du Mali depuis l’ère d’Ibrahim Boubacar Keïta. Certes, ce dernier n’a pas donné une position claire sur la candidature du Col. Assimi, mais il a témoigné de tout son admiration à l’endroit des cinq Colonels.
Quid du respect des dispositions électorales ?
La même campagne est portée par certains membres du Conseil national de Transition (CNT) ou des actions bien réelles sont en train d’être menées pour donner une sorte de légitimité à cette candidature. « S’il le veut, il se présente, s’il ne le veut pas, il ne se présente pas. En se référant à la Charte de la transition, il est dit clairement que le président et le Premier ministre ne peuvent pas se présenter. Mais, il n’est pas dit que s’ils démissionnent, ils ne peuvent pas se présenter. Mais, tout sera décidé dans la nouvelle Constitution. La Charte de la transition sera mise de côté. En tout, nous sommes favorables à sa candidature », clame Aboubacar Sidiki Fomba, membre du CNT.
Au-delà du CNT, il faut comprendre que conformément à la Charte de la transition, pour être candidat, Assimi devrait démissionner six mois avant le scrutin concerné. Mieux, la nouvelle loi électorale est encore plus flexible qui prévoit la démission du chef de l’Etat quatre mois avant la date du scrutin.
En toute vérité, la candidature de Assimi Goïta peut être certainement motivée au sein de l’opinion, par le fait qu’il a réussi à instaurer une nouvelle politique sécuritaire. Quel que soit ce que l’on aurait reproché à cette transition, il sera difficile de ne pas reconnaître les efforts consentis au plan sécuritaire, cela sous le leadership du Chef de l’Etat. Certes tout n’est pas rose, surtout sur le terrain, mais des résultats sont réellement visibles. Mieux, Assimi, comme tout autre citoyen malien, est libre de se porter candidat à toute élection de son choix, si seulement il répond aux exigences des dispositions électorales en République du Mali.
Ce qui est sûr, conformément à la Charte de la transition et à la loi électorale, le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, malgré tout ce qui se dit aujourd’hui dans les salons vitrés, peut bel et bien se présenter à l’élection présentielle de 2024, s’il le souhaite. Donc, le dernier mot lui revient toujours. Et pour cela, il se doit d’agir à temps. Aussi, il faudrait bien préparer le terrain et respecter les dispositions légales en lien avec les élections pour éviter que cette candidature ne soit une autre source de tension ou de crise.
Amadou Kodio
Source : Ziré