Mais il l’est également au niveau de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest, où il plaide pour que les réformes mises en œuvre aux niveaux local et national aillent de pair avec des réformes au niveau régional. Diplômé en agroéconomie et développement agricole, docteur en développement économique et social, Ousmane Sy est chargé de programme du Pnud au Mali de 1987 à 1993. De 1993 à 2000, il pilote la « Mission de décentralisation et des réformes institutionnelles », chargée de conduire ce processus voulu par le nouveau pouvoir démocratique. En 2000, il entre au gouvernement en qualité de ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, ce qui lui permet de convertir le travail technique en travail politique.
Il est également chargé d’organiser l’élection présidentielle de 2002. Consultant, coordonnateur de l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique, président du conseil d’administration de l’Institut africain de la gouvernance (IAG), il est le secrétaire politique national de l’Adéma/PASJ et élu municipal à Bandiagara depuis 2009. Comme on peut le constater, le palmarès électoral ne plaide pas beaucoup à l’avantage de cet autre membre fondateur du parti de l’Abeille. Sa seule prouesse électorale jusque-là a été de se faire élire conseiller municipal dans son cercle natal de Bandiagara. Ce qui paraît étonnant pour un homme de sa trempe et amenuise ses chances face à des habitués aux suffrages.
L’homme n’a jamais caché sa réserve sur la manière dont était conduite la politique de son pays du temps d’ATT et il a très certainement souffert de voir la décentralisation, telle qu’il l’avait prônée, en panne ces dix dernières années. D’ailleurs, il l’a souligné récemment dans une sortie médiatique. Sur cette tribune, Ousmane Sy indiquait que depuis 2002, il n’a jamais été d’accord avec la décision de son parti d’accompagner le régime du général Amadou Toumani Touré. « Ma responsabilité en tant qu’individu est, et restera, de me battre patiemment, de façon déterminée et avec conviction dans le groupe où je suis pour que ma vérité devienne un jour la sienne. Les convictions politiques que je porte ont été forgées dans l’engagement pour mes idées et le respect de la discipline du groupe. Tous ceux qui me connaissent au Mali et ailleurs savent que personnellement, depuis 2002, je n’ai jamais été d’accord avec le choix que mon parti a fait d’accompagner le régime d’ATT. Je n’ai aussi jamais fait mystère de mon rejet du système ATT depuis 2002. Je l’ai dit et écrit à de nombreuses occasions et de plusieurs façons.
Je ne suis du genre de ceux qui tapent sur les cadavres parce qu’ils n’ont pas la possibilité de se défendre. Dans mon désaccord avec la ligne majoritaire de mon parti, j’avais deux possibilités d’action. Claquer la porte pour d’autres horizons, comme certains l’ont fait, où rester et continuer à me battre avec conviction et engagement pour le triomphe de mes idées. J’ai choisi la 2e posture vaille que vaille parce que d’une part, pour moi, le parti Adéma/PASJ, quelles que soient les difficultés et les vicissitudes du moment, est un héritage (patrimoine) politique que je me dois d’assumer dans l’honneur et la dignité, d’autre part, je suis de ceux qui ne vivent pas de politique, donc capable à chaque occasion de préserver sa marge de liberté de pensée et de parole. Donc pour finir sur ce chapitre, quels que soient les hauts et les bas de mon parti, j’y resterais et je continuerais à me battre tant que j’ai la santé à l’intérieur (à différentes positions) pour mes convictions. Dans mon éducation de Torodo, on ne jette pas un héritage, on se bat pour l’améliorer et le préserver et jusqu’au bout », déclarait-il. Ce n’est pas tout, car, depuis 2006, il menait, en compagnie d’autres camarades de l’ADJ, un combat d’opposition au régime du président ATT dont son parti était pourtant le soutien principal.
Dans un Manifeste pour la démocratie de l’ADJ en 2006, Ousmane Sy et ses camarades se plaignaient en ces termes du régime ATT : « Une menace plane sur ce pays, celle de la dépolitisation intégrale de la gestion de notre nation et comme corollaire logique à cet état de fait, l’émergence et la promotion d’une culture de l’informel. A ce rythme, l’on n’aura bientôt de République que de nom, tant les institutions se vident de leur substance jour après jour pour ne laisser que des coquilles sans contenu dont le citoyen, bien entendu n’a que faire ». L’homme a certes des qualités, un grand technocrate dont le mérite est reconnu au-delà de nos frontières, mais traine le handicap de ne pas avoir une carrure électorale suffisante pour être la perle qui puisse faire gagner la Ruche en juillet prochain. Peu connu des urnes, l’homme malgré son aura n’a jamais été député, conseiller national ou maire. Ce qui compte pourtant beaucoup. L’autre hic, c’est qu’en tant que secrétaire général de la présidence avec rang de ministre, il est parmi les membres du gouvernement frappés de nullité à la prochaine présidentielle. Alors, va-t-il démissionner dès à présent ?
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Du Renouveau 2013-03-27 13:04:41