Le monde sportif malien doit s’attendre à voir une équipe expérimentale, (entraineur et joueurs) qui va s’aligner samedi à partir de 17h face aux intrépides Zèbres du Botswana. En conférence de presse, le technicien français s’en est expliqué longuement devant les medias surpris par cette option un peu trop suicidaire, sans pourtant réussir à convaincre son auditoire. Si Carteron avait déclaré pouvoir tirer de bonnes choses de cet effectif lorsqu’il aurait tenu des discussions franches lors de la rencontre de prise de contact, il ne se doute point du degré d’exigence et du doute du public qui sont sérieusement montés depuis la publication de sa liste. Il n’y aura pas d’excuse pour Carteron et ses hommes, mais surtout pour la Fédération malienne de football (FMF) vraie comptable de ce bouleversement d’effectif.
Le nouveau sélectionneur est attendu au tournant et son équipe aura la lourde tâche d’afficher des progrès exceptionnels, après seulement quelques entraînements dans les jambes. Car une contre performance à domicile hypothèquerait sérieusement la chance de qualification de notre pays à cette CAN 2013, mais aussi l’avenir de Patrice Carteron et certains de ses hommes. L’opinion sportive nationale peut malgré tout nourrir quelques certitudes, les 23 mousquetaires choisis pour cette première bataille à couteaux, vont jouer crânement leurs partitions. Seydou Keita et ses partenaires sont conscients de l’enjeu de cette rencontre. Ils sont convaincus aussi que le ticket pour l’Afrique du Sud, en janvier prochain se joue sur les deux matches qu’ils doivent livrer face à ces ambitieux et infatigables joueurs de Gaborone. Le vainqueur du match figurera parmi les convives de la grande messe du football africain.
Le problème de l’équipe du Mali ne sera point l’envie, la volonté ou la détermination, mais le gros point d’interrogation se situera au niveau du choix du onze de départ et de l’option tactique pour l’animation du jeu. Les soucis de complicités et de complémentarité que connaissaient les Aigles auparavant seront sans doute remis au goût de la rencontre de demain. Redonner une âme conquérante dans la construction du jeu est le véritable chantier de Patrice Carteron. Là-dessus, dans un pays qui compte 10 millions de « sélectionneurs », les avis divergent, mais une tendance va se dégager au regard des joueurs choisis et des premières options qu’effectuera le sélectionneur pour négocier cette rencontre face aux imprévisibles Botswanais. A l’image de ce qui avait fait leur succès en éliminatoire de la CAN 2012, les Zèbres vont s’appuyer sur un dispositif sans meneur de jeu attitré, mais avec des joueurs très combatifs, solidaires et très généreux dans l’effort qui ne feront aucun complexe quelle que soit l’envergure de leurs adversaires.
Toute forme de complexe de supériorité des Aigles serait suicidaire face à ces Zèbres d’Afrique australe. Ils n’ont certes pas encore l’expérience de gestion des tournois de haut niveau, mais dans les éliminatoires, l’équipe du Botswana est capable de discuter d’égale à égale avec n’importe quel supposé grand d’Afrique. Et les Zèbres vont jouer leur va tout lors de cette première manche qui se dispute tout simplement sur 90 minutes. Ils aspirent réaliser l’exploit d’une victoire ou à défaut maximaliser leur chance de qualification dans la perspective de la manche retour prévue à Gaborone, en contraignant les Aigles à un score nul ou au prix d’une défaite utile. Quel que soit le choix du onze de départ, les Aigles seront à l’aise techniquement, mais il ne faudrait pas qu’ils se montrent stériles face à l’opiniâtreté et à la densité défensive que vont opposer les visiteurs.
Dotés de qualités très différentes, les Aigles feront la différence grâce à leur capacité à s’intégrer dans le projet de jeu de Patrice Carteron. Les Aigles feraient en tout cas mieux de se montrer au meilleur de leur forme très vite dans une équipe où semble déjà se dégager trop de doutes. La méconnaissance des joueurs va certainement conduire le sélectionneur Carteron à effectuer un tricotage tactique digne des années Jodar ou Keshi qui apporterait plus d’instabilité dans le groupe au niveau des vestiaires comme sur le terrain. Toute chose dont notre pays n’a pas besoin en ce moment. Souhaitons que les garçons puissent se mettre à la hauteur des attentes et de la confiance placée en eux par tout le peuple malien. Pas besoin de leur rappeler qu’ils jouent surtout pour leur patrie. C’est important de garder ça à l’esprit pendant les 90 minutes de la rencontre et de tout donner pour le drapeau national.
Samedi 8 septembre au stade du 26 Mars
17h : Mali-Botswana
Arbitrage du Tunisien Jedidi Slim assisté de son compatriote Hassani Béchir et de l’Egyptien Hassan Sherif.
Commissaire : Ardiouma Koné (Côte d’Ivoire).
ILS ONT DIT …
Seydou Keïta milieu de terrain des Aigles : « Nous avons déjà joué contre eux à la CAN 2012. Nous avons même gagné. Mais cette fois c’est différent. On va jouer à domicile pour la première fois depuis un certain temps. Ça fait longtemps qu’on n’a pas joué devant notre public. On a hâte de jouer ce match à domicile et de le gagner. Ça va se jouer sur deux matches. Il faut absolument gagner ce match. Après si on a la chance de faire la différence au niveau de buts, il ne faut pas s’en priver. Tant que le match n’a pas commencé, on ne peut pas savoir exactement comme ça va se jouer. On a envie de se qualifier pour la CAN. On est troisième d’Afrique, on a donc envie de gagner et de nous faire plaisir et de faire plaisir au public malien. Ce match est capital au niveau sportif et il faut tout faire pour gagner. Je pense que tout le pays est un impatient de voir son équipe évoluer à domicile après la coupe d’Afrique. Le groupe vit bien ; il n’a pas beaucoup changé même s’il y a des revenants. Mais c’est les mêmes joueurs qui ont déjà porté le maillot de l’équipe nationale même s’il y a quelques nouveaux aussi. Il y avait déjà une bonne base. Il n’y a aucun problème. Mais pour savoir le niveau de l’équipe, je pense qu’il faut attendre le match ».
Sigamary Diarra, milieu de terrain des Aigles : « Je suis content de revenir et de retrouver le terrain après les blessures. J’ai regardé la CAN 2012 il y avait une certaine satisfaction et une déception car j’étais blessé et je pouvais pas y participer. En tout cas je suis content et fier du parcours de mes coéquipiers à la dernière CAN. L’envie de jouer la CAN demeure toujours. Je vais profiter de mon retour pour donner le maximum pour pouvoir participer à la CAN 2013. Le groupe est bien et il est homogène. Il y a les anciens et les plus anciens, il y a également les jeunes. Il faut gagner absolument le match. Nous sommes à domicile, il faut tout donner pour marquer le maximum de buts pour aller au Botswana avec un large avantage ».
Patrice Cateron, sélectionneur national : « Depuis qu’on est arrivé à Kabala, les joueurs sont très professionnels avec une énorme motivation et un désir farouche de proposer un spectacle et de donner plaisir à tout le peuple malien samedi. On aura besoin du soutien des supporters. Ça fait longtemps que cette équipe n’a pas joué à domicile. On sait que la situation n’est pas simple. C’est un match forcement compliqué parce que c’est une élimination directe. Il faudra qu’on soit tous unis pour apporter une victoire qui me fera chaud au cœur. Je vois l’ambiance qui règne dans ce groupe depuis le début de la semaine. Les plus expérimentés ont su montrer la voie aux jeunes. Le comportement des uns et des autres, est excellent. Je ne peux que demander à tout le monde d’être derrière cette équipe car les joueurs le méritent. Ils ont envie de faire plaisir et d’apporter la victoire à tout un pays. Le Botswana est une équipe assez efficace en contre qui va être regroupé et qui va jouer très bas. On les a supervisé dernièrement. Ils ont fait un bon match contre l’Afrique du Sud (1-1). Ils vont nous attendre et chercher à nous contrer. C’est à nous d’être intelligents en alternant des périodes de jeu ».
Propos recueillis par
D. COULIBALY
L’ Essor vendredi 7 septembre 2012, par Modibo Naman Traoré
