Le campus universitaire de la Faculté des sciences et techniques (Fast) a été, le 3 juin 2011, le théâtre d’un affrontement sanglant entre deux groupes rivaux de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (Aeem). Au centre du conflit se trouve la gestion des internats de l’Université que certains étudiants veulent conserver au détriment du Centre national des œuvres universitaires (Cnou). L’altercation a donné lieu à l’usage de machettes, de haches et d’armes à feu, faisant de nombreux blessés transportés au centre de santé de référence de la Comme V et à l’hôpital Gabriel Touré.
L’incident qui a opposé deux groupes de leaders de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (Aeem) n’a pas commencé ce vendredi 3 juin, mais bien avant. En effet, il y a 20 jours (les 16 et 17 mai), le conflit éclatait au Campus universitaire sis à la Fast, quand des étudiants très remontés contre le Secrétaire général, Hamadoun Traoré, ont saccagé sa chambre provoquant des représailles des amis de celui-ci. Conséquences : plusieurs chambres étaient incendiées au campus, le lendemain17 mai.
Selon nos informations, de sources universitaires et policières, le pire a été évité ce 3 juin, car la violence des affrontements pouvait donner lieu à des pertes en vies humaines. Il y a eu huit blessés graves dont quatre ont été admis à l’hôpital Gabriel Touré, « en observation », dit-on.
L’affrontement a opposé un groupe de leaders de l’Aeem d’une part, et le secrétaire général du bureau de coordination du mouvement estudiantin, Hamadoun Traoré et ses défenseurs d’autre part. Au centre de leur divergence se trouverait un accord signé par l’Aeem pour confier la gestion des internats au Centre national des œuvres universitaires (Cnou). La renonciation par l’Aeem à certains avantages tirés de la gestion du Campus, au profit du Cnou, n’a pas été du goût de certains de ses camarades qui se sont rebellés contre lui.
N’étant pas parvenus à le faire revenir sur cet engagement, ils ont choisi de passer à la vitesse supérieure, en utilisant des moyens plus forts. De nombreux étudiants ont constitué une fronde armée pour attaquer le Secrétaire général et ses collègues. C’est aux environs de 15 heures que les assaillants se sont introduits dans l’espace universitaire pour s’adonner à des actes de vandalisme. Selon nos sources, les meneurs du groupe seraient Ali Cissé et Mamadou Diouara de la Flash, Abdoul Razac Traoré dit Zabar de la Fseg, Zoumana Sangaré et Seydou Salah Sidibé de la Fast. Nos efforts n’ont pas permis de joindre un quelconque d’entre eux. Mais selon des étudiants au campus, c’est ce groupe qui a pris pour cible des étudiants pro-Hamadoun Traoré à travers des jets de pierre. Ces derniers ont répliqué. Et le campus universitaire s’est transformé en un champ de bataille pendant une heure.
Violence à l’école
Selon Hamadoun Traoré, les échauffourées ont commencé lorsqu’il n’était pas physiquement sur les lieux. Informé par ses camarades, il a à son tour alerté le commissariat du IVème arrondissement qui s’est rendu sur les lieux. «La police n’est pas arrivée à temps», a indiqué un responsable de l’Aeem.
Effectivement avant l’arrivée de la police, les deux groupes se sont battus à l’aide de cailloux, de machettes, de couteaux et d’armes à feu, selon des étudiants que nous avons interrogés sur place. Ces mêmes étudiants assurent que plusieurs pistolets ont été saisis par les policiers à l’issue de l’affrontement. Interrogé, le commissaire adjoint du quatrième arrondissement, Jean Pierre Coulibaly, nous a indiqué qu’il n’est pas en mesure de donner une information avant de faire le rapport à sa hiérarchie. La police nous a également empêchés de faire les images des armes saisies sur les assaillants. Nous avons constaté que le Commissariat du IVè arrondissement était en effervescence : Inspecteurs et Commissaires de police étaient sur pieds dans la soirée du 3 juin, pour réunir les informations réelles sur les circonstances de l’incident. De nombreux étudiants étaient présents dans les bureaux et la cour du Commissariat dont des leaders de l’Aeem, avec à leur tête le Secrétaire général Hamadoun Traoré.
Les bureaux du commissaire et de la brigade de recherche étaient pris d’assaut, car la police procédait à des auditions. Mais pendant toute la journée du vendredi et celle du samedi, le commissariat est resté muet sur toute information au sujet de cet incident.
Vendredi, quatre blessés ont été traités au centre de santé de référence (Csref) de la commune V et les quatre autres ont été transportés à l’hôpital Gabriel Touré. Le secrétaire général lui-même a été blessé à la tête et à l’épaule et a été traité au Csref de la Commune V. Selon le médecin traitant de ce centre, sis au Quartier Mali, Dr. Yacouba Diarra, parmi les quatre blessés admis dans son service deux d’entre eux portent des légions qui ont nécessité une radio au niveau du thorax et de l’avant-bras. «Nous avons suturé les blessures pour faciliter leur cicatrisation et réduire le taux d’infection», a expliqué Dr. Yacouba Diarra.
A l’hôpital Gabriel Touré, parmi les quatre blessés admis, deux sont restés en état d’observation jusqu’au moment où nous mettons sous presse cet article.
Seydou Coulibaly
Hadama B. Fofana
Boukary Daou
Le Républicain 06/06/2011