CAMPAGNE AGRICOLE, SECURITE, TRANSPORT… Un député de Bougouni assène ses vérités

Député élu à Bougouni, président de la commission des lois constitutionnelles de la législation, de la justice des droits de l’Homme et des institutions de la République, l’honorable Zoumana N’tji Doumbia nous parle de la campagne agricole et la situation sécuritaire du pays.

Indicateur du Renouveau : En tant qu’élu de Bougouni, quelle appréciation faites-vous de la campagne agricole ?
Zoumana N’tji Doumbia : Sur le plan pluviométrique, je pense que Dieu merci tout se passe bien. Même si nous avons enregistré des dégâts çà et là, je pense que dans l’ensemble la pluviométrie est à hauteur de souhait. En ce qui concerne le coton, il y a eu beaucoup d’efforts dans ce secteur surtout dans l’approvisionnement des intrants. Mais, faudrait-il noter que j’étais sur le terrain avec les agriculteurs et ils m’ont approché pour me dire qu’ils ont un problème d’engrais par rapport à la culture de maïs et autres. Ça voudrait dire qu’à part le coton, les autres cultures ont quelques difficultés en termes d’intrants.
L’Etat a eu à subventionner l’engrais, mais ce n’était pas en quantité suffisante. Donc, c’est ce petit bémol qui existe et je pense que les plus hautes autorités vont y penser rapidement pour que ça ne puisse pas jouer sur les récoltes. Hormis cela, tout se passe à hauteur de souhait.

IR : Est-ce qu’il est possible de voir une autre affaire d’engrais frelaté cette année ?
Z. N. D. : Je pense que le gouvernement a pris toutes les dispositions pour qu’il n’y ait plus cette affaire d’engrais hors norme, je préfère l’appeler comme ça parce que les techniciens m’ont toujours dit qu’il n’existe pas d’engrais frelaté, mais des engrais hors normes.
Quand vous avez des engrais hors normes, ça joue dangereusement sur la productivité. En tout cas, cette année nous n’avons pas reçu de plainte par rapport à la qualité de l’engrais. Cela m’amène à penser que le gouvernement a tiré les conséquences du passé et que cette année des dispositions ont été prises pour que les intrants puissent être de la qualité.

IR : Bougouni est un carrefour qui compte dans le désenclavement intérieur et extérieur du Mali. Où en est-on avec les chantiers prévus dans ce sens ?
Z. N. D. : En fait il y a des routes qui sont vraiment d’une grande vitalité pour le pays. Je citerais, entre autres la route Zantiébougou-Kolondiéba-Frontière ivoirienne et la route Bougouni-Manankoro-Frontière ivoirienne. On peut se réjouir aujourd’hui du fait que le financement est bouclé par rapport à la route Zantiébougou-Kolondiéba. Mais force est de reconnaitre que la route Bougouni-Manankoro est dégradée. Et si rien n’est fait dans peu de temps, on ne pourra même pas rallier les localités situées au bord de cette voie. Et il nous a été dit que le financement pour les études de faisabilité a été acquis et qui vont se faire de façon concomitante avec le bitumage de la route Zantiébougou-Kolondiéba. Nous fondons beaucoup d’espoir sur ces études qui vont permettre en tout cas de faire en sorte qu’il puisse avoir une voie à ce niveau. Parce que cette voie permettra au Mali d’économiser plus de 300 km.
Donc je pense que c’est d’une importance capitale et le gouvernement doit avoir de bonnes intentions sur cette route pour le bien-être de la population et pour le confort de l’économie malienne.

IR : Quelle est votre analyse sur les accords pour la paix, les autorités intérimaires, l’attaque de Nampala et l’affrontement entre le Gatia et la CMA à Kidal ?
Z. N. D : Le monde est devenu très instable et très violent. Malheureusement ce sont quelques poignées de personnes qui sèment la terreur. Nous allons prier pour ceux qui sont tombés à cause de la barbarie et de l’obscurantisme et à cause aussi de la défense de la patrie. Au demeurant, le Mali souffre de problème d’insécurité comme tout partout ailleurs. Nous pensons que ce qui se passe aujourd’hui à part les événements de Kidal, celui de Nampala n’a pas de relation directe avec l’accord pour la paix et la réconciliation signé.
Il y a moins d’accrochage entre les groupes armés réguliers au Mali. Mais ce qui s’est passé aussi à Nampala interpelle tous. Il doit permettre à la population de travailler en synergie avec l’armée et à l’armée d’être aussi sur le qui-vive et en état d’alerte maximum. Parce que le monde ne sera plus comme avant, nous sommes dans une zone de turbulence où chacun doit rester sur le qui-vive. Je crois qu’en première ligne, les forces de défense et de sécurité doivent rester constamment sur le qui-vive. Car ce sont elles les premières victimes de l’ennemi. Mais cela ne voudrait pas dire que je remets en cause la bravoure des hommes et des femmes qui, au prix de leur vie, sont en train de protéger notre Etat. Et je pense qu’ils doivent à présent être en alerte maximum. Et j’ose espérer que le gouvernement aussi, à travers la loi de programmation d’orientation militaire, va outiller ou mettre les moyens à la disposition de notre armée pour venir à bout de l’ennemi.
Par rapport aux autorités intérimaires, je pense que nous l’avons voté ici, mais dans un contexte bien précis. Parce que nous nous sommes dit que si les délégations spéciales étaient une solution pour venir en tout cas remplacer les structures non fonctionnelles ou qui seraient amené à être dissoudre, elles ont montré leur limite. C’est ce qui a amené à la mise en place d’autorités intérimaires. Et il faut reconnaitre que les autorités intérimaires ne sont autre chose que des structures qui sont là pour s’occuper des structures socio de base et permettre aux collectivités de pouvoir surtout administrer. Mais ces autorités intérimaires doivent être mises en place dans certaines conditions, notamment en cas de non fonctionnalité de la structure entre autres. Donc ça voudrait dire qu’à chaque fois que la structure est fonctionnelle, la structure des collectivités est fonctionnelle, il n’est pas question de la mise en place d’autorités intérimaires. Elles sont mises en place dans les zones où il y a un problème de fonctionnalité et c’est durement constaté par le représentant de l’Etat. Telle est la lecture de la chose.

IR : Il y a un malaise au sein de la majorité avec la suspension de la participation de certains partis de la CMP. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?
Z. N. D. : Je ne pense pas aujourd’hui qu’après 3 ans d’exercice des visions qui n’ont pas été soulevées puissent l’être aujourd’hui. Mais je respecte la ligne de conduite de tous les partis. Dire qu’il y a un malaise au sein de la majorité n’est pas juste, mais qu’à certain moment des partis ont pensé que leur vision et leur ligne de conduite n’étaient pas un peu en harmonie avec la majorité et ont décidé souverainement de suspendre leur participation. Et nous allons attendre et le jour où ces partis vont décider de quitter la majorité. C’est sur ce point que nous allons analyser leur argument et donner notre point de vue.
Propos recueillis par Adama Diabaté
Stagiaire